Venus de Salzbourg, les musiciens autrichiens du Trio "3:0" jouent ensemble depuis 2016. Férus de classique, ils sont également très proches de la scène contemporaine. Intitulé "En lumière", leur spectacle traverse les tendances et les époques. A découvrir vendredi 19 octobre à l'Acropolium de Carthage Quelle est la place de la musique concrète dans notre vécu musical? Quelle est la présence des grands musiciens contemporains dans notre programmation musicale? La réponse à ces deux questions est pratiquement la même et révèle un vide sidéral dans ce domaine précis. De Mozart aux Autrichiens contemporains En effet s'il existe en Tunisie de très nombreuses manifestations musicales, elles demeurent tournées vers le classique, le symphonique et la musique de chambre et n'investissent pas le monde des compositeurs contemporains. Car il existe, de Boulez à Milhaud en passant par de nombreux grands maîtres comme Sibelius ou Szymanowski une musique moderne ancrée dans le travail de fond accompli au vingtième siècle et poursuivi de nos jours par une nouvelle génération. C'est surtout pour le cinéma que les compositeur tunisiens ont produit ce type de musique avec l'apport spécifique de Mohamed Garfi, Hamadi Ben Othman ou Salah Mehdi qui a à son actif plusieurs compositions d'une modernité surprenante. Toutefois, c'est surtout en Europe que ce champ expérimental est largement ouvert et structuré en différents courants musicaux contemporains qui approchent chacun à sa manière les sons et leur agencement. Cette tendance est fort puissante en Europe, surtout dans les pays nordiques et ceux à haute tradition classique comme l'Autriche. Une fusion pour violon, piano et violoncelle Ce long préambule sous forme de digression a pour but d'introduire au public tunisien la formation "3:0" qui représentera l'Autriche lors de l'Octobre musical de Carthage. Atypique, ce trio interprète aussi bien des pièces classiques de facture historique que des auteurs contemporains. Fameux car ils sont installés à la confluence de ces deux répertoires, les musiciens de "3:0" excellent dans les deux registres. Le piano d'Alexandre Vavtar, le violoncelle de Detlef Mielke et le violon d'Eva Steinschaden se complètent à la perfection pour aborder les deux répertoires et les trois musiciens ne se privent pas du bonheur de le faire. A Carthage, ils joueront aussi bien Mozart et Schubert que Piazzolla et plusieurs contemporains autrichiens. Ainsi, le programme introduira le public aux créations récentes de Georg Friedrich Haas, Gerald Resch ou York Holler, avec des pièces composées entre 1994 et 2015. Le fait est tellement rare qu'il mérite d'être souligné et salué. En effet, l'OMC s'ouvre de la sorte sur le contemporain musical et devrait contribuer à faire découvrir cette tendance de fond que nous continuons à ignorer superbement. Ainsi le Trio "3:0" aura au programme "Sept poèmes sonores" de Holler, les fragments de l'allégorique "Tombeau" de Haas ainsi que la pièce "En lumière" du même Haas qui donne son titre à cette performance d'un soir, vendredi 19 octobre à 20h. Trois complices en musique jouent en trio Attachante, cette formation peut se targuer d'être pratiquement l'enfant d'un heureux hasard. En effet, les festivals de Salzbourg ont fini par réunir ces trois musiciens qui se côtoyaient depuis longtemps, se produisaient ponctuellement ensemble mais ne formaient pas un ensemble actif en permanence. Pour l'anniversaire de Mozart en 2006, le trio était réuni pour jouer une oeuvre du contemporain Ludwig Nussbichler. Le succès fut fulgurant mais chacun reprit son chemin sans que ne naissent des projets communs. Deux ans plus tard, toujours à Salzbourg, le même trio est recomposé avec le même succès pour une composition de Friedrich Cerha, l'un des musiciens les plus exigeants d'Autriche. Encore une fois, chacun poursuivra ensuite son parcours. Ce n'est qu'en 2011, après des prestations à Vienne et Wels, que le groupe des trois musiciens envisagea une collaboration durable. Depuis, le trio vole de succès en succès et se fait un label de renom en juxtaposant classiques et contemporains comme ils le feront vendredi à l'Acropolium. Sous le double signe des retrouvailles avec Mozart et Schubert et de la découverte des contemporains autrichiens, cette soirée s'annonce sous les meilleurs auspices et représente la participation de l'ambassade d'Autriche à l'Octobre musical 2018. C'est en tous cas avec une curiosité teintée d'engouement pour la tradition autrichienne que le public attend ce huitième récital d'une saison classique qui laisse le champ libre aux modernes.