e sont surtout des films européens qui composent le programme de la section "Cinémas du monde". Avec des films d'auteur, cette plongée dans le cinéma européen souligne la vitalité des cinémas du Vieux continent et propose aussi des incursions asiatiques et australiennes Nommer la section "Cinémas du monde" tout en y proposant essentiellement des films européens relève du clin d'oeil et de l'inversion des centres et des périphéries. En effet, peut-être que l'esprit de cette section résume-t-il à lui seul la nouvelle logique des JCC. Car notre festival institue le sud comme le centre des cinématographies mondiales et renvoie de la sorte l'Europe, l'Amérique et le cinéma de masses vers les périphéries. La dialectique des centres et des périphéries Comme une sorte de retour du pendule, cette démarche est porteuse de réflexion et incite à se pencher sérieusement sur la notion de cinéma dominé. De nos jours, avec l'ouverture sur le sud des plus grands festivals, il est patent que les cinémas dominés ne le sont plus vraiment. En tous cas, durant ces dernières décennies, ils auront imposé leur esthétique, l'art de leurs réalisateurs et investi des circuits de diffusion qui leur étaient auparavant fermés. L'essor du sud cinématographique a ainsi généré une nouvelle donne et porte en filigrane une question cruciale: quelle est la place réelle du film d'auteur en Europe? Comment peut-on continuer à produire des films d'auteurs, à la marge du système dominant? Car ces films actuellement présentés à Tunis et qui nous viennent de Pologne, de Roumanie, d'Allemagne ou des Pays-Bas trouvent de plus en plus difficilement leur place dans le paysage audiovisuel européen à la marge duquel ils se situent. Quasiment produits hors marché, ces films subissent les mêmes pesanteurs que certaines oeuvres arabes ou africaines et participent aussi de la même logique esthétique. En effet, le cinéma d'auteur n'a pas de frontières et se savoure indifféremment quelque soit son origine. C'est dans cette optique que cette section a constitué l'une des fenêtres sur le monde du festival, un monde qui nous est proche car l'économie dans laquelle évoluent ces films est similaire à la nôtre. Ces films du monde renseignent ainsi sur la nébuleuse des cinémas indépendants, de toutes les nuances de ce qui échappe au "main stream" et aussi de la vitalité du cinéma d'auteur. Les échos du cinéma indépendant européen Les films italiens comme "Lazzaro Felice" de Alice Rohrwacher ou "My home in Libya" de Martina Melili participent de cette tendance. D'ailleurs, il est aisé de constater que la plupart des films programmés dans cette section renvoyaient à ces échos du monde portés par les cinémas européens actuels. Ainsi, l'Italien Stefano Savona filme -t-il " Samouni Road" alors que le Néerlandais Jeroen van Velzen intitule son film "Tanzania Transit". Ces films du monde comprennent aussi des oeuvres françaises à l'image de "En Liberté" de Pierre Salvadori ou "En guerre" de Stéphane Brizé. Des films polonais, roumains et allemands complètent le volet européen de cette section qui comprend également des oeuvres de tous les continents. Une fois n'est pas coutume, l'Australie participe aux JCC avec le film "Jirga" de Benjamin Gilmour. Des contrepoints congolais, turcs et japonais figurent aussi au programme avec des oeuvres comme "Une affaire de famille" de Manbiki Kazoku (Japon), "This is Congo" de Daniel Mc Cabe (Congo) ou "Kelebekler" de Tolga Karaçelik (Turquie). Très riche, cette section des cinémas du monde est l'une des colonnes vertébrales du festival et, depuis l'entame de cette édition, le public a réservé un bel accueil aux films figurant au programme.