C'est une histoire tragique comme il doit en exister plusieurs chaque année mais cette fois-ci la victime, du haut de ses jeunes années, a décidé de ne pas se taire et de dénoncer haut et fort les agissements de son professeur. Malek, élève en quatrième année secondaire a en effet décidé de porter plainte contre son professeur pour harcèlement sexuel. Retour sur cette affaire qui secoue Kairouan depuis quelques jours. Vendredi dernier, la jeune Malek s'est rendue, comme d'habitude, à son cours particulier de physique. Son professeur, retraité de l'éducation nationale, continuait d'exercer sa profession dans un lycée privé et donnait des cours particuliers notamment pour les élèves du baccalauréat. Mais malheureusement pour la jeune fille, la séance ne s'est pas passée comme prévu et a vite viré au cauchemar. A l'heure de la pause et alors que les autres élèves ont eu le droit de sortir devant le pas de la porte, Malek, elle, a été empêchée de sortir sous prétexte qu'elle devait récupérer ce qu'elle avait raté en début de séance. Mais les intentions réelles du professeur étaient tout autres. En effet, il a commencé par s'approcher d'elle et lui a dit «Tes yeux sont plein d'amour et ils me font craquer». Face à la mine effarée de la jeune fille et loin de se décourager, le professeur a continué sur sa lancée et lui a, tout de go, proposé de venir le voir à chaque fois qu'elle le pourrait et qu'en contrepartie, il fera tout pour lui permettre de réussir cette année. Des paroles choquantes pour Malek d'autant plus qu'elles étaient accompagnées de gestes, l'homme ayant posé la main sur ses propres parties intimes. Enfin, le professeur s'est permis d'évoquer la mère de la jeune fille et lui a posé cette question aussi intime qu'intimidante : «Comment fait ta mère pour habiter seule ? Comment gère-t-elle ses envies sexuelles ?». Suite à ce grave incident, une plainte pour harcèlement sexuel a été déposée auprès du procureur général du tribunal de 1ère instance de Kairouan. La jeune fille a heureusement eu la présence d'esprit d'enregistrer, avec son téléphone, une partie de cette malencontreuse discussion. Les preuves ont été jointes à la plainte et l'homme a été arrêté pour être interrogé et faire le point sur cette affaire. Depuis, Malek et sa famille font l'objet de pressions de la part de la famille du professeur mais aussi de la part de certains de ses amis et collègues. Mais loin de se décourager et d'abandonner sa plainte, la jeune fille, soutenue par ses proches, est bien décidée à aller au bout de son combat et de faire condamner l'homme qui, au lieu de lui enseigner la physique, lui a appris la vilénie de certains êtres humains. L'affaire est aujourd'hui aux mains de la justice et la condamnation du professeur est très probable. Mais combien de «Malek» y a-t-il en Tunisie et combien de professeurs profitent de la vulnérabilité de leurs élèves en usant de leur pouvoir pour abuser d'eux et les contraindre à des faits et gestes malgré eux? Combien de victimes d'harcèlement sexuel se sont tues, par crainte ou par soumission? Combien d'entre elles ont été contraintes au silence par leurs familles ou encore de peur d'être condamnées et rejetées par la société? Jusqu'à quand les bourreaux resteront-ils intouchables et les victimes muettes comme des carpes? Un jour, la peur changera-t-elle de camp ?