Tous les efforts sont entièrement déployés afin de redynamiser le secteur touristique tunisien et lui permettre de retrouver le même niveau qu'avant la révolution sinon en mieux. Même l'amélioration connue en 2018, des recettes touristiques exprimées en euros, ne peut en aucun façon égaler celle d'avant la révolution. Selon les dernières statistiques publièes par la Banque Centrale de Tunisie (BCT), les recettes touristiques cumulées ont atteint au 10 décembre 2018, la somme de 3799,1 MD contre 2685,0 MD durant la même période une année auparavant. Toutefois, selon le Conseil d'Analyses Economiques (CAE) fait ressortir dons son dernier rapport portant sur le plan de relance 2019/2020 que : « Les données BCT des neuf premiers mois 2018 indiquent des recettes touristiques de 1014 millions d'euros, en nette amélioration par rapport aux neuf premiers mois de 2016 et de 2017 mais en deçà des neuf premiers mois 2010 ou elles étaient de 1400 millions d'euros ». Or, le conseil a déploré fortement le retard souligné au niveau des réformes nécessaires pour booster les résultats du secteur. Il faut également des réformes en profondeur pour réussir la transition vers un modèle en phase avec les standards internationaux du secteur. Afin de faire débloquer la situation actuelle, nul autre choix qu'une réforme expresse. En effet, le rapport résume les piliers de la réforme dans une stratégie basée sur six axes majeurs qui devraient être appliqués sans attendre: Renforcer la Promotion de l'offre tunisienne en consolidant la visibilité de la Tunisie sur les marchés émetteurs (produits, région, services), et en mettant en place un plan marketing ambitieux reposant sur des objectifs quantitatifs par marché. Dans le cadre de ce plan on développe une identité régionale débouchant sur la régionalisation de la promotion (une marque pour chaque région principale). Créer le cadre institutionnel requis en adaptant la gouvernance touristique aux exigences du tourisme moderne à travers d'une part, l'amélioration du management des projets par une séparation entre la gestion et le patrimoine et d'autre part, le renforcement du rôle des instances organisationnelles (l'ONTT, l'AFT, le Ministère du Tourisme et les Fédérations des professionnels du tourisme) afin de mieux accompagner le processus de modernisation. En outre, mettre en place des labels de type « hôtel de charme », identifier des parcours et itinéraires (tout est à faire en la matière et le touriste moderne n'est plus statique) et les valoriser, soutenir et encadrer le réseau des « chambres et maisons d'hôtes », contrôler, notamment fiscalement, les offres sur les plateformes AirB&B et autres qui se multiplient. Accélérer la mise en place des recommandations du Livre Blanc, afin de sauver une partie importante du tissu d'entreprises et de permettre aux entreprises du secteur de dégager des marges de manoeuvre financières pour les développements futurs. Construire un tourisme Web compatible car le recours aux TIC est devenu incontournable pour améliorer l'attractivité du site Tunisie. Cela pourrait se faire à travers la présence des unités sur les centrales de réservation en ligne. Améliorer l'accessibilité de la destination Tunisie via la restructuration de la compagnie Tunisair et l'accélération de la mise en place de l'open sky. Mettre à niveau le parc de moyens de transport terrestre afin de garantir la réussite de la politique de diversification (visite des sites historiques, shopping, agrotourisme, santé,). Ces mesures de court terme doivent être soutenus et consolidés par des réformes en profondeur pour réussir la transition vers un modèle en phase avec les standards internationaux du secteur. Ces réformes feront l'objet d'un Pacte sectoriel sur le tourisme. Le rapport relève également les points faibles au sein du tourisme tunisien dont principalement : la faible diversité de son offre de produit, la dominance de l'hôtellerie dans son offre d'hébergement, la forte domination de l'Europe dans la distribution, la fragilité financière de nombreuses unités hôtelières et le mauvais service du transporteur aérien national. Il est à souligner également que la crise du secteur a pesè lourdement sur la croissance, la balance courante et les réserves en devises. Chiffres à l'appui, sinistré par la révolution et les attentats terroristes, le secteur touristique a continué à contribuer pour 6,6% au PIB en 2016 contre 9.8% en 2010. Il emploie directement 206 500 personnes en 2016 contre 290 mille en 2010. Entre 2010 et 2016 sa contribution aux exportations a régressé de 15% en 2010 à 8% en 2016.