Le Temps - A-t-on idée de faire autant de mal à un pays exsangue où la classe moyenne a, pratiquement, disparu, le nombre des pauvres est monté en flèche, les aides sociales gonflent de jour en jour, le mercure monte dans le baromètre du chômage que les caisses sociales sont déficitaires et l'impossibilité pour le citoyen d'obtenir des médicaments, en plus de l'impossibilité pour nos enfants de suivre normalement leurs cours, dans les établissements scolaires ? La Tunisie a atteint le point de non-retour, avec des dettes à la pelle, des classements dans les listes noires de toutes les instances internationales spécialisées, des guerres fratricides entre les politiciens qui, pourtant, étaient du même bord, avec, en plus, un pouvoir d'achat qui est tombé le plus bas possible. Dans ce panorama, il ne faut pas oublier, aussi, les pénuries dans divers secteurs, juste parce que le gouvernement et les ministres de pacotille qui sont maintenus à leurs postes, malgré leur incompétence, ne savent pas comment trouver les bonnes solutions au bon moment. La loi de finances pour l'exercice 2019 a été la goutte qui a fait déborder le vase, avec, en pourboire, les compensations qui vont être accordés aux professionnels de la politique, partisans d'Ennahdha qui cherche à commencer sa campagne électorale, avec les deniers publics. A cela s'ajoute les bévues concernant la levée du secret professionnels, l'augmentation des tarifs d'électricité pour les entreprises et la stagnation des projets de développement qui sont jetés aux oubliettes, et j'en passe… Est-ce là le meilleur moyen pour faire redémarrer le pays, sur de bonnes bases ? Hé, bien ! Parce que la situation est devenue tellement explosive qu'elle risque de nous éclater au visage, pour tout emporter comme un torrent dévastateur. La grogne s'est répandue partout et certains, même, veulent avoir leur part de la «ghanima», et… cerise sur le gâteau, voilà que les transporteurs de carburant y mettent du leur, avec une grève ouvert. Pourtant, les signaux n'ont pas cessé de clignoter au rouge, face à une indifférence totale des décideurs politiques. Concernant la loi de finances 2019, le député Ahmed Seddik, président du bloc du Front populaire au parlement, a indiqué que son groupe ainsi que d'autres sont en train de préparer des recours contre certains articles de la loi de finances de 2019. Lors d'un point de presse tenu au Palais du Bardo, pour apporter un éclairage sur la position du FP au sujet de la loi de finances 2019, Seddik a réaffirmé le rejet du Front de cette loi, précisant que "son bloc va participer à tous les recours qui seront déposés contre des articles de la nouvelle loi de finances, que ce soit de la part du FP ou d'autres groupes parlementaires". Cette loi, a-t-il estimé, a été "spécialement élaborée pour la la catégorie des personnes influentes, qui va financer les campagnes électorales". Selon le président du bloc FP, il s'agit d'une "loi injuste pour le peuple tunisien, qui est de nature à augmenter la pression sur les salariés et les citoyens à faible revenu". Par cette loi, a-t-il dit, le gouvernement tient à protéger les intérêts d'une minorité et de porter atteinte aux intérêts du peuple. Et d'ajouter que "cela dénote d'une volonté de séduire les donateurs et d'attirer le plus grand nombre possible de bailleurs de fonds", citant l'article relatif au report de l'augmentation des taxes pour les grandes surfaces et le fait de refuser toutes les propositions faites pour financer les fonds sociaux. Seddik a, par ailleurs, estimé que la nouvelle loi de Finances ne comporte aucune mesure sérieuse pour mettre un terme à l'inflation, au déficit commercial et à l'importation anarchique. Pour sa part, le bureau exécutif de l'Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT) s'est dit, jeudi, insatisfait de la loi de finances de 2019, un texte "dépourvu de toute vision stratégique" et n'illustre pas la volonté de mettre en œuvre les réformes fiscales et de préserver le pouvoir d'achat des citoyens. De plus, ce projet de loi ne dispose d'aucune mesure sérieuse pour redresser les établissements publics et réformer les secteurs publics de l'éducation, de la santé, du transport et du logement social. Dans un communiqué publié en réaction à l'adoption de ce texte de loi par l'ARP, la centrale syndicale a exprimé son soutien aux députés qui ont choisi de déposer un recours contre cette loi pour son "inconstitutionnalité".