Sur un texte et une mise en scène de Simon Boudreault, le Théâtre municipal de Tunis accueille samedi 15 janvier à 19h la comédie «Comment je suis devenu musulman». Signant la participation canadienne aux JTC, cette oeuvre décapante qui raconte le vécu d'un couple mixte est présentée pour la première fois dans un pays arabe et musulman. Avec une quarantaine de représentations, le nouveau spectacle de Simon Boudreault est en plein essor et sera représenté en première arabe à Tunis dans le cadre des Journées cinématographiques de Carthage. Produite par la Compagnie Simoniaques Théâtre, cette oeuvre a obtenu un succès remarquable au Canada. Elle participe aux JTC avec l'appui de l'ambassade du Canada en Tunisie. Rire à gorge déployée et réfléchir sur la rencontre interculturelle Pour ce spectacle, Simon Boudreault, dans la veine d'un Molière ou d'un Sacha Guitry, raconte le mariage d'un couple dont l'époux est canadien de la onzième génération et l'épouse fraîchement accueillie dans la nationalité canadienne, de la deuxième ou troisième génération seulement. En soi, ce dispositif nous projette dans les dynamiques humaines canadiennes, dans un pays ouvert aux migrants, une terre dont la diversité est l'une des richesses proclamées. S'inspirant de sa propre histoire, l'auteur dont l'épouse est originaire du Maroc raconte de manière très romancée son propre quotidien. En effet, alors que le couple vivait ensemble depuis longtemps, les deux compagnons optèrent pour le mariage et c'est à ce moment que la famille de la promise demanda à ce que l'aspirant époux se convertisse à l'Islam. Comme les deux tourtereaux ne fréquentaient ni église ni mosquée, la décision fut facile à prendre et voici le mariage célébré à l'islamique. Entre quiproquos et coups de théâtre, le comique de situation est à l'honneur dans cette pièce légère en apparence mais d'une profondeur insoupçonnée de prime abord. Tout en riant aux éclats, le spectateur découvre ce métissage et quelques malentendus hilarants. En même temps, ce sont des ressorts humains universels qui sont abordés dans cette «rigolade religieuse» dont les héros sont Jean-François et Mariam. Avec un rythme de vaudeville, le spectacle joue sur les codes religieux des sociétés québécoise et marocaine et dresse le portrait de personnages attachants. Ce divertissement est destiné à faire rire et réfléchir et se caractérise par la grande sincérité du propos ainsi que des moments d'anthologie lorsque par exemple le père de Jean-François tente de le purifier alors que ce dernier joue à «Donjons et dragons». Trois couples métaphoriques pour une leçon de vie Au-delà du rire, la pièce nous place dans la dialectique permanente entre le poids des traditions et les nécessités de l'intégration. Lucide, Simon Boudreault fait la part des choses et nous met face à un couple qui s'aime véritablement, un couple dont la complicité saura avoir raison des résistances parentales, un couple métaphorique qui nous rappelle que l'amour c'est le chemin vers l'autre d'où qu'il puisse venir. Une leçon de vie et des rires à gorge déployée à la clé de ce mariage mixte scruté à la loupe. La pièce «Comment je suis devenu musulman» est interprétée par des artistes canadiens de diverses origines parmi lesquels la Tunisienne Nabila Ben Youssef brille de mille feux. Cette création a été soutenue par le Conseil des Arts de Montréal et plusieurs partenaires dont Fondaction, Cole, Woods et le Fonds de solidarité FTQ. Parmi les travaux antérieurs de Simon Boudreault, «Sauce Brune» avait retenu l'attention du public grâce à son regard sur les cafétérias d'école. Avec «Comment je suis devenu musulman», ce metteur en scène confirme l'acuité de son regard sur l'humain et ses ressorts.