Il était une fois. Non, il est une fois. Ainsi commence le conte des comptes… Il est une fois un ministère des Affaires culturelles et ses institutions de tutelle. Un ministère des Affaires culturelles et ses institutions de tutelle, dont le ministre joue au Beau au Bois dormant. Il n'attend pas un baiser pour se réveiller. Il attend tranquillement l'arrivée des élections, car il est certain de rester jusque-là. Et même après, si son candidat favori arrive en tête du pays. Et pendant que ce ministre joue au Beau au Bois dormant, le ministère est infesté par des rats. Ces rats étaient de simples souris. Mais depuis, elles ont bien grossi. Elles sont devenues des rats bien gras. Des rats qui râpent tout. Surtout que rien n'est fait pour les arrêter. Ils profitent de l'instant. Et si le navire, un jour, commence à couler, comme tout bon rat qui se respecte, ils vont le quitter. Mais pas physiquement. Ils mettront tout sur le dos du Beau au Bois dormant et sur sa gestion. Car, c'est bien connu : qui veut noyer son chien l'accuse de la rage… Parmi ces rats, on trouve des sorcières qui n'ont rien d'autres à faire que de jouer les commères, des ogres qui sont toujours affamés et que rien ne peut rassasier, des loups toujours à l'affût d'un bon coup (pour eux, mais mauvais pour les autres), etc. Dans leur royaume du ministère des Affaires culturelles, il n'y a pas 40 voleurs, mais plus de 40 % de voleurs. Comme les comptes de ce conte ne sont jamais vérifiés, ces rats peuvent aisément en profiter. Il n'y a pas que l'argent qui y passe, le matériel aussi. Les inventaires ne sont jamais faits. Et c'est comme ça qu'une simple échelle peut être embarquée, chez lui, par l'un de ces rats. Et quand on demande où elle est passée, il répond : «Elle est au dépôt. Elle est cassée». Dommage que son nez ne s'allonge pas comme celui de Pinocchio. De marionnettes, il s'y connait puisqu'il sait manipuler. Car, au dépôt, point d'échelle cassée et point d'échelle tout court. Et du matériel disparaît ainsi, passant d'une institution à un rat particulier. Une caméra pour filmer les spectacles ? Ben, c'est bien ! Elle servira à filmer les mariages pendant l'été. Allez hop, ni vu, ni connu. Il faut bien amortir le matériel servant à la Culture ! Un ordinateur MAC pour les montages des spectacles ? Ben, c'est bien ! Il servira à monter les vidéos des mariages filmés pendant l'été. Allez hop, ni vu, ni connu. Il faut bien amortir le matériel servant à la Culture ! Un petit emprunt ce n'est rien, et ça peut rapporter gros ! Mais pas à la Culture ! Les jeux sont faits mais pas les comptes ! Au royaume du ministère des Affaires culturelles, les comptes ne sont bons que pour ceux qui s'en mettent plein les poches. L'art de la compta y est grandement bafouée ! La compta bâclée ! Une inspection ? C'est un conte des comptes, pas un one-compte-show ! On avertit les rats à l'avance qu'il y aura une inspection. Pas de surprise ! Ils ont largement le temps de trafiquer leurs comptes, et de préparer un conte à dormir debout, bien évidemment, à leur avantage, comme, par exemple, l'ancienne directrice n'a rien laissé dans la caisse. Ou alors la personne devant faire l'inspection est un rat aussi. Dans ce conte des comptes, les méchants sont toujours les vainqueurs. C'est normal, ils n'ont aucune morale. Et pas la peine de leur envoyer le Chat botté car ils n'en ont rien à glander. Ils sont là et font leur loi. Le Beau au Bois dormant dort toujours ou fait semblant. Et pas un seul Prince charmant pour sauver le royaume. Il n'y a plus d'honneur. Il n'y a plus que l'horreur. Le Petit Chaperon en devient rouge de honte et de colère. Cendrillon en reperd ses souliers de vair. Blanche-Neige veut croquer, de nouveau, dans la pomme empoisonnée. La Bête souhaite retourner à son état primaire. Le Petit Poucet en a marre de semer des cailloux pour se les faire voler. Peau d'âne, d'idées, est tombée en panne. Peter Pan s'est promis de toujours rester enfant. Tom Pouce ne deviendra jamais grand. La Petite Sirène ne tirera plus l'alarme (cela ne sert à rien !). Piscou a peur pour ses sous (et il a grandement raison !). Barbe bleue s'en est arraché les poils (il a trouvé plus fort que lui !). Le Bonhomme en pain d'épices s'est fait avalé tout cru. Alice n'est plus au pays des merveilles. La fée Carabosse en a perdu sa bosse (celle-ci est allée se greffer dans le cœur des rats du ministère des Affaires culturelles). Robin des bois ne vole plus pour les pauvres, car les riches le volent. La Petite Fille aux allumettes les a toutes brûlées. Et Tarzan n'est plus le roi de la jungle. Il a laissé sa place aux malfaisants. Et au ministère des Affaires culturelles et dans les institutions de tutelle, on s'y connait bien en jungle et en malfaisants. Moralité de ce conte des comptes : si tu veux réussir dans la vie et bien la gagner sans te fatiguer, bah travailler au ministère des Affaires culturelles…