* Nous nous présenterons aux élections législatives avec des listes Afek Tounès * La baisse des dépenses de l'Etat, un chantier prioritaire Certes, le parti Afek Tounès patauge, sans trouver ses repères, toutefois, il compte parmi ses responsables des sommités et des patriotes qui cherchent, en premier lieu, à sauver le pays de la situation de crise dans laquelle il se débat. Des idées, le parti n'en manque pas, mais il doit se débarrasser des errements de certains de ses hauts responsables qui sont, actuellement, à la recherche de coalitions et positionnement politiques, afin d'accomplir un travail satisfaisant. Face à la situation actuelle, la porte-parole de ce mouvement présente son point de vue sur ce qui doit être fait, pour aider le pays à sortir de cette crise politique actuelle qui mène le pays vers le gouffre. Le Temps : Comment évaluez-vous la situation politique du pays? Zeineb Tourki : Huit années après la révolution, la tentation du retour au parti-Etat est bien présente à tous les niveaux. Ce retour au parti-Etat se voit dans les pratiques telles que l'intimidation de ceux qui seraient tentés de financer des partis ne soutenant pas le gouvernement, dans le clientélisme et le népotisme qui persistent. Nous nous apprêtons à lancer une campagne sur les réseaux sociaux et dans les médias pour lutter contre le clientélisme et rappeler que la révolution a eu lieu en 2011 pour lutter contre ce genre de pratiques qui créent des privilèges alors que nous voulons une égalité des chances. Nous ferons également le bilan sur la situation politique du pays huit années après la révolution lors d'une conférence de presse qui se tiendra ce mercredi 16 Janvier à Tunis. La situation économique du pays est désastreuse et ceci est dû à l'absence de courage pour transformer. Cela doit changer! Des leviers de transformation existent et nous nous devons de faire en sorte de les concrétiser. Nous sommes un parti qui vit dans l'action, qui se nourrit de l'exécution. Nous pensons que tout le monde a des idées et de beaux slogans mais que le pays a besoin de gens qui font des choses, au lieu de se contenter de les théoriser. Afek Tounès propose des solutions aux agriculteurs, aux commerçants, aux chauffeurs de taxi, aux enseignants, aux entrepreneurs, aux artisans, et à tous ceux qui font la Tunisie, qui travaillent pour faire avancer le pays. Nous sommes leur parti naturel et nous travaillerons ensemble pour faire progresser le pays et recréer une Nation solidaire et prospère. Quel est l'état de santé d'Afek Tounès après le retrait de quelques membres influents du parti ? Comptez-vous vous présenter aux élections 2019 et comment ? Y a-t-il une nouvelle stratégie après la tenue de votre dernier conseil national? Des erreurs ont été commises à l'encontre du pays, avec des partis sans vision ni programme, qui naviguent à vue. A cause de cela nous nous enfermons dans une spirale d'indécision et de déclin, l'économique et le social passent à la trappe, le débat d'idées est remplacé par les luttes personnelles. Afek Tounès a une vision claire, des idées claires, une même conviction de départ qui convainc de plus en plus: « Libéraliser », libérer la montée et bloquer la descente, plutôt que de bloquer la montée et libérer la descente. Libérer l'économie transparente pour sauver l'ascenseur social. Moins de lois et en finir avec les barrières et autorisations, moins de taxes, moins de bureaucratie, moins de files d'attente, moins de « arjaa ghodwa », remplacer le favoritisme par le mérite et l'égalité des chances, donner du pouvoir d'achat réel et rendre le tunisien propriétaire, faire que le travail puisse faire vivre, faire qu'il y ait un entrepreneur dans chaque famille tunisienne. Nous constatons aussi des partis sans démocratie interne, des «partis bina fawdhawi », des partis unipersonnels, des partis qui veulent le soutien d'Ennahdha ou de l'UGTT plutôt que de prendre le temps de se construire, des partis qui appartiennent aux leaders plutôt qu'aux militants. Ces partis sont compromis et compromettent l'avenir du pays avant même de gagner ou perdre. Ils exportent leur crise interne à l'Etat. On n'élit pas un parti pour qu'il ne fasse rien, on élit un parti pour qu'il fasse quelque chose. La situation actuelle nécessite de grandes décisions, de grands réglages, une grande transformation, tout de suite, et non en attendant la dernière année d'un mandat. Ce qui ne se fait pas la première année, ne se fait jamais. Consulter, améliorer son programme pour les propositions des autres est une bonne chose, se mettre d'accord avec les partenaires sur les modalités d'exécution de certaines mesures est une bonne chose aussi, mais ne pas décider, ne prendre que des demi mesures est la pire des solutions, car elle renforce l'immobilisme du déclin. Les demi mesures ne remettent pas le secteur formel en croissance, ne font pas baisser le chômage, ne sauvent pas l'éducation et la santé. Au sein d'Afek Tounès, nous nous positionnons au contraire dans une démarche de rupture, claire, pour libérer le secteur formel, desinformaliser l'économie, réduire les taxes les procédures administratives et les lois illogiques, sortir l'état des business perdants et remettre l'état sur le meilleur des investissements, l'éducation la santé le transport le logement, vecteurs essentiels du sauvetage de l'ascenseur social. Nous voulons amener la Tunisie à l'ère post-bureaucratique, à l'ère post-informelle, à l'ère post-corruption, à l'ère des opportunités et de l'égalité des chances. Comptez –vous vous alliez à la coalition politique, le parti de Chahed? Pour l'instant, il n'y a pas de « parti de Chahed ». Notre conseil national a décidé par ailleurs que nous nous présenterons aux élections législatives avec des listes Afek Tounès et nous respectons toujours les décisions prises par nos institutions. Pensez-vous qu'il y aura une nouvelle bipolarisation politique après celle de Nidaa-Ennahdha? Certainement pas. Le paysage politique est actuellement dominé par quatre pôles politiques : Les islamistes, les Etatistes, la gauche et les libéraux. Afek Tounès se positionne pour être le leader du pôle libéral social en Tunisie. L'amendement de la constitution et de la loi électorale est-elle une nécessité pressante? Nécessité oui, à terme. Pressante ? Aucunement. Un débat aussi important doit prendre le temps de mûrir et se faire donc sereinement après 2019. Quels sont les principaux chantiers que le gouvernement doit être en mesure de résoudre en 2019? Le gouvernement devra dans les mois qui le séparent de 2019 arrêter l'hémorragie pour que, lors du prochain mandat, celui qui le remplacera pourra commencer la transformation. Arrêter l'hémorragie passe par une politique qui s'oppose à l'inflation. La Loi de finances pour l'année 2020 qui sera votée à la fin de cette année et qui sera donc préparée par le gouvernement actuel devra également s'employer à baisser les impôts directs et indirects, afin de relancer l'investissement et donc la croissance et l'emploi. Autre chantier important : La baisse des dépenses de l'Etat. Ce chantier est prioritaire car la Tunisie s'endette pour financer le train de vie de l'Etat et non pas pour l'investissement productif qui crée de la richesse. Nous devons penser aux leviers de transformation économique à court terme et en tant que parti pragmatique, nous allons développer nos propositions dans les mois à venir, mais nous devons également avoir une réflexion à plus long terme qui permettrait, comme l'ont fait avant nous les patriotes qui bâti l'Etat moderne après l'indépendance, de laisser un Etat prospère aux futures générations. C'est notre ambition au sein d'Afek Tounès.