Marouane Felfel, député du bloc de la Coalition nationale livre au Temps les contours du nouveau projet politique, avec, actuellement 44 députés et qui cherche, encore, de nouvelles alliances pour une force de persuasion. Le Temps : Tout d'abord que pensez-vous de ces querelles entre les députés au parlement ? Marouane Felfel : La Tunisie traverse une crise politique qui se manifeste principalement par des querelles politiciennes Cette crise paralyse l'action publique et le travail législatif, divise et discrédite la classe politique, minant la confiance à l'égard des institutions. C'est un désolant spectacle offert le 17 janvier par le parlement devant les Tunisiens. Ce qui est déroutant, ce sont les insultes, les injures, les atteintes à l'honneur. La situation a dégénéré donnant lieu à une scène d'empoignades et d'altercations verbales entre les élus. Certaines parties ont essayé d'envenimer la situation avant la grève générale. Ces rivalités ralentissent considérablement l'activité de l'Assemblée. Elles n'ont aucune utilité. Nous devrons faire face à ce discours négatif et nous sommes appelés à instaurer une pédagogie politique qui consiste à faire bien passer le message au peuple tunisien Pouvez-vous nous présenter le nouveau projet politique de la coalition nationale ? Le nouveau projet politique inclura plusieurs personnalités politiques. Il vise à offrir une nouvelle alternative au sein de la famille progressive, rétablir l'équilibre politique et satisfaire les aspirations de tous les Tunisiens. Ce projet modernisera la notion de leadership et assurera le passage d'un leadership individuel vers un leadership collectif basé sur l'intégrité et la transparence pour assurer un réel changement politique. Notre projet sera démocratique, moderniste, progressiste et participatif Qui présidera ce nouveau projet politique ? Youssef Chahed, chef du gouvernement, sera le leader du nouveau projet politique. La confirmation n'est plus qu'une question de temps. Mais pour le moment, Chahed est préoccupé par la nécessité de mettre le pays sur la bonne voie. A l'heure actuelle, que faut-il pour redresser la barre notamment sur le plan économique ? La situation économique et sociale est sous tension. Il ne faut pas cependant oublier qu'en 2018, nous avons au moins réussi à maintenir les équilibres budgétaires et financiers. Nous avons aussi essayé de maîtriser le déficit commercial et la dette extérieure. L'enjeu majeur et salutaire sera sans doute le lancement d'un grand chantier de réformes majeures pour la période à venir avec une focalisation sur les caisses sociales, les entreprises, la fonction publique et le système de compensation sans oublier la réforme fiscale, le financement de l'économie et la modernisation de l'administration, tout en adoptant une approche participative en matière de ces réformes nécessaires. Ce qui nous permettra de maintenir les équilibres budgétaires et de faire face aux défis de la hausse de la masse salariale au cours de ces dernières années, des pertes des entreprises publiques, du déficit des caisses sociales et de la hausse des dépenses de la compensation