Le samedi 19 janvier correspond à la journée de la célébration du livre et de la lecture, baptisée « La Nuit de la Lecture », organisée en France depuis trois ans. Cette année, cette manifestation s'étend à l'échelle internationale incluant plusieurs autres pays francophones, dont la Tunisie. Pour ce faire, un programme national a été concocté sous l'égide du Ministère de la Culture en vue de célébrer cette 3è Nuit de Lecture. Adultes, jeunes et moins jeunes sont concernés par cette manifestation culturelle qui vise à rendre le livre et la lecture accessibles à tous et contribuer au développement d'une société éclairée aux valeurs de dialogue et de partage. Pour ce faire, les bibliothèques, les librairies, les clubs culturels, les places publiques, les écoles, les transports publics ont été mobilisés ce jour-là pour célébrer cette journée destinée au livre et à la lecture. Plusieurs activités ont eu lieu ce jour-là à travers la République. Dans ce cadre, la Bibliothèque Publique d'Hammam-Lif, a organisé dès l'après-midi une table ronde autour du livre où un bon nombre d'assistants ont profité de l'occasion pour débattre de la question qui, malheureusement et selon des statistiques officielles, prend des ampleurs dramatiques, sachant que le Tunisien ne lit que 0,58 livre par an (alors qu'un Européen lit en moyenne près de 35) et que 90% des Tunisiens n'ont pas acheté de livre en 2017. Suite à un exposé donné par l'écrivain Fethi Jouou où il a fait l'état des lieux de la réalité du livre et de la lecture chez nous en expliquant les principales causes du désamour du livre et de la lecture manifesté par la majorité écrasante des Tunisiens, un débat très enrichissant a eu lieu entre les participants. Les uns trouvent que cette aversion pour la lecture est essentiellement due à notre système éducatif qui n'incite pas dès l'école primaire à la lecture. Les autres ont pointé du doigt l'avènement de l'ordinateur, des tablettes, des Smartphones et des réseaux sociaux qui ont éloigné la jeunesse du livre et de la lecture. D'autres encore ont parlé des prix exorbitants des livres exposés dans les librairies et les foires du livre. Les uns et les autres ont poussé un cri d'alarme quant à l'avenir du livre en Tunisie. Le conférencier Fethi Jouou a défendu les nouvelles technologies en montrant, chiffre à l'appui, leurs bienfaits sur la sensibilisation et l'incitation à la lecture : « Il suffit que nos jeunes, a-t-il dit, utilisent ces nouvelles technologies à bon escient, car les possibilités fournies par l'ordinateur sont multiples et l'avenir sera pour le livre numérique, pour être au diapason du progrès technologique, sans pour autant négliger le livre en papier… » Cependant, on déplore l'absence des jeunes dans cette cérémonie, ce qui est paradoxal, surtout qu'ils sont les plus intéressés par la question. Abstraction faite de cette manifestation, la première du genre, les bibliothèques chez nous, qui sont supposées être un réseau de culture de proximité et un lieu de savoir et de partage où la culture est accessible à tous, ne sont malheureusement pas assez fréquentées, pour ne pas dire qu'ils sont presque vides des lecteurs qui se font de plus en plus des oiseaux rares. Pourtant, la Tunisie compte plus de 420 bibliothèques réparties sur tout le territoire bien fournies en livres et en documents référentiels dans tous les domaines. Nous sommes encore beaucoup moins nombreux des Français dont plus de 40% franchissent la porte d'une bibliothèque publique. Qu'à cela ne tienne ! Il y a sûrement un regain d'espoir quant à l'avenir du livre et de la lecture chez nous, car notre révolution politique doit être obligatoirement suivie d'une révolution culturelle.