Il a seize ans, et il vient d'être recruté par Facebook, après avoir remporté un concours mondial de sécurité informatique qui s'est tenu aux Etats-Unis, où ce jeune prodige tunisien, originaire de Sfax, a pu supplanter les quelque trente mille candidats qui étaient en lice avec lui pour le même prix. La médaille d'or, c'est lui qui l'a raflé. Et il est fort à parier qu'il n'en restera pas là, et qu'il remportera haut la main d'autres challenges. A moins qu'il ne finisse par attraper le syndrome du pays. C'est-à-dire un découragement tenace, face à l'aveuglement de nos gouvernants, qui participe fort à ce que nos « cerveaux » prennent la tangente un jour ou l'autre, s'ils ne jettent pas tout simplement l'éponge, après avoir dû batailler sans grand espoir, pour la réalisation de leurs rêves et de leurs objectifs. L'adage qui veut que « Nul n'est prophète en son pays », comme on aimerait qu'il soit enfin démenti, sous nos latitudes, afin que le génie de nos enfants n'aille pas gonfler le fleuve des illusions perdus. A moins qu'il ne trouve une terre plus nourricière, qu'il ira irriguer de son eau, en y insufflant un supplément de vie, tandis que ses propres terres demeurent asséchées en se demandant, sans en pressentir la réponse à temps, pourquoi la manne les déserte, et se refuse à y faire son lit. Ce qui est valable pour Bilel Ali l'est aussi pour une bonne partie de la jeunesse tunisienne, à l'instar de certains de nos sportifs de haut rang, bien souvent laissés sur le pavé, alors qu'ils ont remporté fortes médailles pour la Tunisie, et qui se retrouvent pourtant, autrement lésés, au point qu'ils soient obligés au final, de jeter l'éponge. Par découragement et par manque de moyens. Ce que nous ne souhaitons sûrement pas à notre jeune prodige, qui semble, par ailleurs, bien décidé à poursuivre son rêve jusqu'au bout jusqu'à l'étreindre. Car il voit grand et en a, de surcroît, l'ambition et la volonté d'en découdre. Pour lui-même d'abord, et pour son pays. Une lueur d'espoir dans un ciel très gris. Ce jeune garçon, c'est la jeunesse tunisienne, justement notre ultime recours. Il faut miser sur nos jeunes, parce qu'ils sont notre ultime recours dans un pays qui a bien besoin d'eux, et qui doit les soutenir parce qu'ils seront demain ses piliers et son soutien les plus indéfectibles, et qu'ils seront notre fierté. Nous avons perdu bien des combats, ne perdons pas celui qui vaille le coup plus que tout autre : le pari sur la jeunesse. En Tunisie aujourd'hui, ils sont notre meilleur garant. C'est peu de dire que nous leur faisons confiance. Et que nous comptons sur eux…