"La chanson engagée et les mutations sociales" a été le thème d'une rencontre organisée, à la maison de la culture "Ibn Rachiq" à Tunis en présence d'artistes et de poètes tunisiens. Lors de cette rencontre, les notions de "chanson engagée" et "chanson alternative" ont été au centre du débat. En dépit de l'évolution et de la différence entre les deux notions, les participants se sont accordés à définir l'art militant (paroles et musique) comme un engagement vis -à- vis des causes humanitaires loin de toute finalité commerciale qui peut concerner d'autres genres musicaux. L'artiste et académicien Adel Bouallègue a, dans ce contexte, indiqué que l'histoire de la chanson engagée en Tunisie a connu plusieurs expériences réussies à l'exemple du groupe "les colombes". Passant en revue l'histoire de la chanson engagée ou alternative en Tunisie, il a expliqué que ce genre de musique s'est développé dans le milieu estudiantin de l'université tunisienne. Répondant aux préoccupations de l'époque relatives aux aspirations du citoyen tunisien et arabe, la scène tunisienne a vu la création de plusieurs groupes de musique engagée comme "les colombes", la troupe "Al Bahth Al Moussiki" de Gabès ou "al Karama". L'artiste a fait savoir que la chanson engagée en Tunisie se caractérise par son individualité, mentionnant à ce propos, que la plupart des chanteurs engagés sont à la fois chanteurs, poètes et compositeurs. Evoquant le processus de naissance et d'émergence de la célèbre chanson "Ya Chahid" (Martyr), le chanteur engagé Lazhar Dhaoui a révélé que les paroles et la musique de la chanson viennent de l'âme et des émotions ressenties en 1984 au moment des émeutes du pain. Le chanteur a tenu à souligner lors de son témoignage, le manque de moyens financiers pour produire plusieurs de ses chansons ainsi que les chansons issus du patrimoine immatériel de Gafsa et celles qu'il a hérité de son père formant sa crainte que cette partie du patrimoine oral soit vouée à l'oubli et à l'abandon.