La pomme que personne n'osa extraire du dos de Grégoire, demeura incrustée dans sa chair comme un souvenir palpable ». C'est ainsi que Kafka a imaginé la survenance de la métamorphose chez Grégoire, personnage principal de son œuvre qui, un beau matin, en se réveillant, il se rendit compte qu'il s'était transformé en une véritable vermine. Il n'avait jamais imaginé, la veille, que cela pouvait lui arriver. Transformé en bête bizarre, il gardait les désirs et les goûts humains. Il ne cessait de complimenter sa sœur afin de consentir de jouer du son piano un de ses morceaux de musique préféré. En effet, l'être humain est vulnérable face à ses goûts et à ses désirs qui restent ancrés chez lui, quelles que soient les difficultés qu'il rencontre et les changements qu'il est enclin à subir. C'est un peu la situation que nous affrontons actuellement. Une vraie métamorphose qui ne cesse de changer nos habitudes et de bouleverser les liens qui nous unissent et qui nous permettaient, d'être affables et solidaires. Avec le coronavirus tout est, remué et chamboulé. Spéculation quand tu nous tiens La nouvelle de son existence à travers le monde, et en Chine en première lieu, ne nous a pas trop inquiétés. Mais, plus le fléau se rapprochait de nous, plus on prenait conscience du danger qui nous menaçait. Jusqu'au jour où on a annoncé qu'il s'est installé à nos portes. Là, c'est désormais, l'inquiétude, teintée toutefois d'un zeste d'indifférence, qui a pris le relais, pour semer le trouble chez toutes les couches sociales. Or, parmi celles-ci il y a ceux qui ne réalisent pas encore la gravité de la situation. Bien plus certains parmi eux ne pensent qu'à profiter de la conjoncture pour en tirer profit, qui par la spéculation dans tous ses états, et à tout prix. D'aucuns spéculent sur les produits de base tels que la semoule et la faine, ou certains autres produits alimentaires. Mais il y a toutefois une autre catégorie de spéculateurs: ceux qui cherchent, à tout prix, le buzz en lançant des intox et en véhiculant de fausses informations. Les citoyens confinés chez eux, conformément aux normes décrétées par les autorités, sont émotionnellement fragiles et restent à l'affut des nouvelles susceptibles de leurs donner un brin d'espoir. Il n'est pas difficile de deviner leur réaction lorsqu'ils apprennent qu'un Tunisien, chercheur de son état, a découvert un vaccin contre le Covid-19 et qu'il est sur le point de le commercialiser. Bien plus, on annonce même qu'il a contacté notre président de la République pour lui annoncer la bonne nouvelle et en lui précisant que la Tunisie sera le premier pays qui en bénéficiera gratuitement. Information buzz et intox Quel bonheur si cela était vrai. Hélas, on ne sait pas exactement s'il s'agit d'une intox ou d'une information probante. En tout état de cause il n'est pas du tout établi qu'il a découvert un vaccin ou un quelconque détecteur comme l'affirment certains. Côté autorités, on n'est pas mieux avancé avec des affirmations aussi vaseuses que contradictoires. Pour le ministre de la Santé, il semble d'après ce qu'il a déclaré à une audio de la place, que le chercheur en question ait pris contact avec lui, en « lui envoyant son CV ainsi qu'un aperçu de ce médicament ou antidote, qui semble a priori probant ». Mais là où le bât blesse, c'est lorsque des informations contradictoire sont véhiculées sur les réseaux sociaux sèment le doute, mais aussi la crainte chez les citoyens. Il y a en effet d'une part un ex-ambassadeur qui semble être certain de cette découverte par le chercheur tunisien et qui persiste et signe, en envoyant une mise mardi dernier sur sa page FB, en communiquant le message que lui a envoyé le chercheur lui-même, et qui est rédigé en ces termes, après les salamalecs et les remerciements. « Nous entrerons cette semaine dans la phrase de fabrication (du vaccin en question) et l'histoire sera témoin de cette expression qui sera ma devise, pour toute la vie: il faut mériter d'être Tunisien ». Est-ce à dire que les formalités nécessaires exigées par la législation en vigueur ont été accomplies? Il y a là quelque chose qui ne va pas. Ou bien le chercheur va commencer cette semaine, c'est-à-dire d'une manière imminente, la fabrication de ce vaccin, et on se demande pourquoi les autorités, et notamment le ministre de la santé ne l'a pas affirmé, ou c'est une déclaration faite à la légère, et elle, n'est donc pas fiable. Il reste une autre alternative, c'est que le message a été déformé par l'ambassadeur. Quel que soit le cas, il s'agit d'une information peu probante, voire douteuse. Cela ne peut qu'ajouter à cette ambiance d'inquiétude et de panique, chez la plupart des citoyens dont certains qui plus est, ne veulent pas se conformer comme il se doit aux consignes de confinement total afin d'éviter le pire. Cela ne veut pas dire qu'on doit renoncer à nos droits essentiels, dont le droit à l'information qui n'est qu'un élément du droit à la vie. Face à de telles rumeurs susceptibles d'agir négativement sur la sensibilité des citoyens, il est nécessaire de les éclairer davantage, afin de mettre fin à une polémique à laquelle ont participé un ancien ambassadeur, et même un haut commis de l'Etat, qui est intervenu sur sa page FB pour confirmer cette information. Les hommes d'affaires se confinent aussi! Par ailleurs, où sont les hommes d'affaires qui brassent des milliards et qui ne se sont nullement inquiétés, en cette période cruciale, et c'est le cas dans beaucoup de pays du monde où l'Etat a besoin de liquidités afin de subvenir aux besoins vitaux? Certains parmi eux ont proposé des aides bien en deçà des sommes colossales qu'ils possèdent. Que fait-on par rapport aux biens mal acquis gelés à l'étranger et qui devraient être rapatriés pour donner une bouffée d'oxygène à l'économie nationale qui agonise? Autant de questions qui laissent perplexes et pour lesquelles les autorités ne disent rien pour le moment, alors que le chef du gouvernement a promis que, pendant cette période de confinement, qui du reste est indéterminée, « l'Etat ne laissera personne dans le besoin ni dans l'indigence ». Acceptons-en l'augure. En attendant, les informations à ce sujet sont contradictoires. Pour preuve, Mohamed Abbou, ministre de la Fonction publique, vient de déclarer qu'« on a besoin de crédits pour payer les salaires des 670 mille salariés de la fonction publique ». Le citoyen dans l'expectative D'un autre côté, le chef du gouvernement et son équipe, avaient prêté serment devant le président de la République et avaient ultérieurement fait des déclarations auprès de l'Instance nationale de lutte contre la corruption (INLUCC) pour déclarer leur biens. C'est donc un serment de confiance et de sincérité envers les citoyens. Cela suppose qu'ils œuvreront entre autres à leur dire la vraie vérité et ne pas les laisser dans l'expectative, comme c'est le cas pour le moment, car comme a dit un philosophe grec « ils n'y a rien de si rare que la vérité et rien de si commun que le mensonge ».