Manifestations nocturnes de jeunes en plein couvre-feu, réserves affichées envers le fonds 1818 de lutte contre le coronavirus, une longue expérience passée avec le pouvoir incitant plutôt à la suspicion, autant de témoignages et autres encore qui illustrent la persistance de la méfiance des citoyens à l'égard des autorités et des responsables, au moment où le succès de la lutte contre le coronavirus dépend largement de l'existence d'une confiance totale entre eux. Comme l'a noté un commentateur, dans les situations de grandes crises de ce genre, les deux seules voies d'issue sauve sont, soit une massification forcée des citoyens à l'image des pratiques tyranniques des régimes absolutistes, soit leur adhésion consciente sans équivoques, comme on peut s'y attendre dans les régimes réellement démocratiques. Quoique le gouvernement se soit montré jusqu'à présent assez prudent à ce sujet, selon des analystes, la situation a paru, par contre, bonne aux professionnels du cynisme et pêcheurs en eau trouble pour multiplier les surenchères à leur goût, tels les appels à l'adoption de la politique de main de fer, ou pire encore ces douteuses appréciations des évènements dignes de l'ère dictatoriale qu'on entend et lit dans les divers espaces et supports d'expression, a dit un commentateur. Certains islamistes en Tunisie et ailleurs ont brillé par leurs positions extrêmes, comme ce cheikh saoudien qui a prononcé une fatwa justifiant la condamnation à mort des imprudents qui propageraient, par quelques gestes reflexes, le virus de la pandémie, comme les éternuements, tandis que chez nous, une grande polémique a été engagée par des islamistes concernant la suspension de la prière collective de vendredi, et à leur tête des soit disant savants islamiques tunisiens. Or, n'en déplaise à « ces grands esprits », certains courants islamiques, qui avaient longtemps dominé en Tunisie, autrefois, interdisaient totalement les prières collectives, y compris celles de vendredi, sur la base des textes fondateurs de l'Islam.