Le Canada était l'invité d'honneur du Marché des Arts du Spectacle d'Abidjan (MASA/Côte d'Ivoire). Parmi les différentes représentations canadiennes présentes se trouvait l'ATSA (acronyme qu'il faut retrouver dans Quand l'art passe à l'action) qui a proposé «Le temps d'une soupe», des rencontres-duo entre toute personne se présentant à son stand. Une initiative très intéressante car elle permet de créer des liens pour demain... En ces temps de coronavirus, Covid-19 de son petit nom, on nous demande de garder nos distances pour cause de contagion. Cependant, on peut toujours être en contact avec des personnes rencontrées au hasard d'un festival ou de tout autre événement, et ce, grâce à l'Internet. Mais, il faut déjà avoir eu un contact physique. Ce contact physique a eu lieu, pour certains, durant le Marché des Arts du Spectacle d'Abidjan (MASA), qui s'est tenu du 7 au 14 mars en Côte d'Ivoire. Le menu d'un menu A l'occasion de cet événement biennal, le Canada était invité d'honneur. Et parmi, les présents canadiens se trouvait l'ATSA (Quant l'art passe à l'action) qui a proposé «Le temps d'une soupe». Le principe est simple : l'équipe qui tenait le stand, -il ne faut pas imaginer un petit stand, mais plutôt une sorte de buvette ouverte à qui voulait s'essayer à l'expérience-, installé au palais de la Culture de Treichville, invitait les festivaliers à venir s'asseoir et à rencontrer une autre personne inconnue d'eux, et leur proposait des thèmes de discussions autour d'une soupe, d'un café ou de toute autre boisson. Ainsi des duos de rencontres étaient générés entre citoyens du monde, ce qui a permis de créer des liens pour demain. Les initiateurs ont pris exemple sur un menu, à savoir une entrée, soit la rencontre entre deux personnes, un plat de résistance, soit la discussion entre les deux sur un thème proposé, et le dessert, «un portrait poétique», composé d'une photo des deux protagonistes avec un écriteau où était inscrite la phrase conclusion de leur discussion. Nous avons fait l'expérience. Nous nous sommes installées sur une chaise en attente d'un vis-à-vis. Et c'est une vis-à-vis qui est venue s'installer en face de nous. Une jeune actrice sénégalo-ivoirienne, Soda Gueye, que nous ne connaissions pas. Le thème qui nous a été proposé pour discussion était : que peut apporter le journalisme aux artistes et que peuvent faire les artistes pour le développement. Nous avons débattu ; chacune de nous donnant son avis. Au fil et à mesure de la discussion, nous nous sommes aperçu que nous avions des amis et des connaissances en commun. Et depuis, notre retour nous avons gardé contact. La conclusion de notre conversation entre une journaliste et une artiste était : «Artistes et journalistes main dans la main pour la Culture de demain». Œuvres relationnelles... Cette «mécanique relationnelle dans l'espace public, mettant en scène des duos spontanés de conversation entre inconnus sur des enjeux actuels du vivre-ensemble» est une expérience réellement intéressante. Il serait attrayant qu'un de nos festivals puisse inviter les initiateurs canadiens à venir présenter «Le temps d'une soupe» chez nous. D'autant plus que ce projet a bien circulé au Canada, bien sûr, mais également, et entre autres, en France, en Ecosse, au Maroc, au Liban et au Burkina Faso. «Le Temps d'une Soupe» a pu engendrer des milliers de rencontres au Canada et à l'international grâce à l'appui du Conseil des arts du Canada, et ce, entre 2018-2019. Il faut savoir que «ATSA est un organisme à but non lucratif fondé à Montréal (Canada) en 1997 par les artistes feu Pierre Allard (décédé en 2018) et Annie Roy. (...) ATSA crée, produit et diffuse des œuvres événementielles, transdisciplinaires et relationnelles, motivées par le désir d'interpeller la population envers des causes sociales, environnementales et patrimoniales cruciales et préoccupantes. ATSA s'active à ce que le propos esthétique et symbolique de l'art nous confronte à nos responsabilités individuelles et collectives en redonnant à la place publique sa dimension d'espace ouvert à la rencontre, à la réflexion. La dimension participative qui interpelle le public dans sa citoyenneté est au cœur de la démarche».