Depuis le 21 mars 2020, la Tunisie est entrée dans le confinement total. Tout est bloqué. L'impact sur les entreprises et sur les citoyens se fait de plus en plus ressentir. La Fédération Tunisienne des Agences de Voyages (FTAV) ne cesse d'ailleurs de lancer un cri d'alerte, appelant l'Etat à agir vite pour éviter leur banqueroute. L'Etat tunisien est appelé à la rescousse d'environ 300 agences de voyages agissant dans le secteur de la billetterie aérienne. Jabeur Attouch, Président de la FTAV a déclaré au Temps Busines & Finances, que la fédération a informé la Direction générale de l'aviation civile de la situation que traverse le secteur. Nous recommandons un appui et un « ordre gouvernemental » permettant de surseoir aux paiements jusqu'à la levée de la période de confinement total. Même sur le plan international, ajoute Attouch, l'IATA ainsi que l'ECTAA (Confédération européenne des associations d'agences de voyages et de tour-opérateurs) ont également été officiellement saisies par la FTAV, mais aucune réponse n'a été donnée jusqu'à l'heure actuelle. La FTAV, a demandé d'accorder un délai pour le paiement du BSP (système interprofessionnel organisant et régulant le paiement des factures des compagnies aériennes dans chaque pays): « Ce délai permet aux agences de préserver leur trésorerie. D'autant que la plus grande partie du montant à payer porte sur des billets d'avion non-utilisés par les clients sur fond de report ou d'annulation des vols ». Tarissement de leur liquidité Par ailleurs, Attouch nous a affirmé que les compagnies aériennes refusent de rembourser les avoirs aux noms des agences, mais elles remboursent les avoirs aux noms des bénéficiaires (passagers). Alors que, 80 % des passagers n'ont pas payé leurs billets auprès des agences. Du coup, nous sommes pris au piège. « Les agences ont eu à payer les compagnies aériennes des services réellement non « consommés ». C'est une forme d'escroquerie », a-t-il souligné. « A présent, les agences ont payé l'intégralité des factures BSP auprès des compagnies aériennes malgré que les clients n'ont pas honoré le paiement de leurs billets auprès des agences », a-t-il indiqué. Or l'asséchement de la liquidité chez les agences de voyage billettistes se traduira par leur incapacité à payer les salaires au terme du mois d'avril courant. Notre argent est bloqué entre les fournisseurs (compagnies aériennes) et les clients. Nous sommes doublement pénalisés », a-t-il précisé. L'Etat n'a pas réagi Et d'ajouter : «D'habitude, les agences de voyages travaillent sur les bons de commandes (à travers des crédits). Vu que le confinement bloque le recouvrement. Donc, on a sollicité l'IATA à reporter l'échéance de paiement, mais pas de réponse. Faute de réactivité, les agences de voyages devaient payer l'échéance, sinon l'IATA activera leurs garanties bancaires et stoppera le système pour les agences ». Dans le même contexte, le responsable relève que si le client s'abstient à payer l'agence dans les délais, la chaîne sera bloquée et nous serons obligés de puiser dans notre capital. « Nous sommes dans état catastrophique. L'Etat n'a pas réagi avec les professionnels. Le secteur de la billetterie subit une lourde facture », ajoute-t-il. Il est à souligner que les agences de voyages billettistes ont réalisé au cours de l'exercice 2019, un chiffre d'affaires qui s'élève à 400 milliards de dinars.