L'école est au centre de l'intérêt de toutes les familles en Tunisie comme ailleurs. Avant même que le président français annonce la possible réouverture des écoles en France dés le 11 mai prochain, les spéculations de ce que nous allons faire, ici, avait commencé. Le ministre n'a pas totalement tranché la question lors de sa dernière conférence de presse. Plus de 2 millions et demi d'enfants vont à l'école en Tunisie a précisé Mohamed Hamdi, ministre de l'éducation nationale lors de sa conférence de presse du mardi dernier. C'est-à-dire, a-t-il ajouté, que la quasi-totalité des familles tunisiennes sont touchées. Sans compter les étudiants et les stagiaires en formation professionnelle. D'ailleurs, l'un des sujets le plus redondants sur les réseaux sociaux depuis le début du confinement du Covid-19 a trait aux enfants, à leur garde, et surtout à l'angoisse des parents face à un confinement qui s'éternise! Le calendrier des examens nationaux est évidemment au centre de l'attention des parents, surtout pour le baccalauréat, examen central et obligatoire s'il en est ! La hantise de l'année blanche La hantise des parents tunisiens est bien sûr l'année blanche. L'année dernière et à cause des grèves de l'enseignement secondaire on l'a échappé belle au dernier moment par un accord de dernière minute entre le ministère de l'éducation nationale et le syndicat de l'enseignement secondaire. Alors quand le confinement du mois de mars a commencé, les familles se sont posé la question encore une fois. Dans les conditions actuelles de propagation du virus Corona, il est légitime de se poser la question de la sécurité de nos enfants et de nos enseignants à la fois. La distanciation sociale est inopérante dans l'espace scolaire. D'ailleurs, en France, et dès que Macron a annoncé la possibilité du retour à l'école le 11 mai, cette question de sécurité a été immédiatement au centre des toutes les interrogations. Le Danemark, premier pays européen à autoriser une partie de ses élèves à retourner à l'école à partir de cette semaine, est secoué par une grande polémique sur la question et les parents ont constitué un groupe de pression au titre évocateur : « nos enfants ne sont pas des rats de laboratoires ! ». Une question complexe Mohamed Hamdi a tenté d'être le plus honnête possible sur cette question. Il a d'abord précisé que la question de la fin du confinement est aux mains des scientifiques et qu'elle requiert dans tous les cas une décision du Conseil National de Sécurité. D'après le ministre, il est fortement probable qu'on s'achemine vers une fin précoce de l'année scolaire pour toutes les classes en dehors des classes terminales. Le ministère de l'éducation, dans ce scénario, se basera sur les moyennes de deux premiers trimestres quitte à envisager un complément des cours manquants au premier trimestre de l'année scolaire prochaine. Pour les classes terminales, la décision finale est suspendue jusqu'à la fin officielle du confinement et l'organisation de la sortie qui sera décidée. Le cas de l'examen du baccalauréat est la plus complexe, pour l'importance de l'examen, seul à être obligatoire en Tunisie et pour l'imbrication d'autres niveaux d'enseignement à cet examen. Ainsi l'imbrication est par exemple au niveau de l'université évidement et de ce qui sera décidé pour les examens des différentes filières universitaires. L'arrivée de nouveaux bacheliers aux universités sera complexe si les examens universitaires ne se tiennent pas. Un confinement qui en dit plus Depuis mercredi dernier la nouvelle chaine télé, (Watania3), dédiée à l'enseignement est opérationnelle. Tous le monde loue cette initiative qui n'a vu le jour que grâce au Covid-19 et au confinement qu'il a suscité. Mais le grand débat est autour de l'enseignement à distance et ses problèmes. Les questions ne se posent pas uniquement en Tunisie d'ailleurs mais partout dans le monde et même dans les pays développés les plus à même d'assurer un tel enseignement. Le ministre Mohamed Hamdi a avoué que l'enseignement à distance ne peut pas être pour l'instant une option valable. Il a fait remarquer que l'adoption de ce nouveau type d'enseignement nécessite un grand réaménagement des textes réglementaires d'une part et des méthodes pédagogiques adéquates qui s'en suivent. Partout dans le monde on se pose des questions analogues. Même si l'infrastructure technologique est aujourd'hui en voie d'être maitrisée, les questions pédagogiques demeurent entières. La place et la présence effective de l'enseignant reste une donnée insurpassable et l'opération pédagogique toute entière y est liée. Le confinement actuel a permis quand même de mettre cette question au centre de l'intérêt public, comme il a développé notre approche de la numérisation de plusieurs autres services importants. Le déconfinement interviendra sûrement au cours du mois de mai en Tunisie comme il est envisagé dans plusieurs autres pays. Cependant la question du retour à l'école de milliers d'élèves et d'enseignants n'est pas du tout résolue pour autant. Au grand dam des parents qui se coltinent les enfants à loguer de journée et qui sentent ainsi très profondément, ce que les enseignants endurent toute leur vie et pas seulement pendant un mois et demi de confinement.