Chez nous, et même ailleurs aussi, les comportements négatifs de la population et les errements dangereux des décideurs publics aggravent chaque jour un peu plus les effets néfastes du confinement et du virus ravageur. Ce que nous avons vécu comme incidents à Médenine, à Sousse et ailleurs ne sont que des exemples et il y en aura d'autres. Le récit de l'un de deux infirmiers qui se trouvait à bord de l'ambulance venant de Djerba, jeudi dernier, et qui a été empêchée, toute une journée, de placer un malade à l'hôpital de Médenine est plus que poignant. Publié sur Facebook, il raconte et sans aucun filtre, ses sentiments après avoir passé presque 12 heures dans un « sac en plastique », la combinaison qui le chauffait au-delà du supportable. Il finit son post, après avoir listé les humiliations, les injures et même les agressions physiques que lui et ses coéquipiers ont subi, en se demandant s'il est bien en Tunisie? Ce qui a encore plus choqué tous les Tunisiens, ce jour-là, c'est que ces attitudes abjectes sont venues de tous le personnel de l'hôpital, qui se dit « universitaire » ! Tout le personnel de l'hôpital de Médenine y compris certains médecins ! On croit rêver. Il a fallu l'intervention du gouverneur et d'une myriade d'officiels pour enfin pouvoir accepter le malade venant de Djerba. Sans oublier qu'un jour avant cet incident une autre malade venue de Djerba s'est vu refuser l'entrée à Médenine et elle a dû être transportée à Sfax ! La même journée on a vu le ministre de la Santé, en dépit de toute cohérence avec son discours habituel sur la distanciation sociale nécessaire, tenir un meeting à Sousse, en compagnie du secrétaire général de l'UGTT, devant une foule immense qui n'avait rien à envier aux foules devants les bureaux de poste une semaine avant ! Comment alors se sentent les milliers des personnes confinées qui endurent dans leur solitude ou dans leurs besoins, les affres des consignes de ce même ministre. Des actes de ce genre se répètent tous les jours. Dans les médias on en parle, certes, mais nous préférons voir la moitié pleine du verre. Nous préférons voir les informations de ces milliers de jeunes qui, à travers le pays et à travers de centaine d'associations ou tous seuls, des fois, nous font rêver. Ces jeunes qui enchainent les gardes dans les hôpitaux, qui se mobilisent pour leurs quartiers et pour leurs voisins. Ces jeunes qui n'arrêtent pas de créer des solutions informatiques et des inventions qui font pousser l'espoir. Et nous avons cru, à un moment donné qu'en général, nous pouvons nous enorgueillir, dans ce pays, d'un certain degré de civisme qui nous a permis, malgré quelques vicissitudes, d'enregistrer des résultats encourageant dans la lutte contre cette pandémie mondiale. Dans tous les pays du monde ces réactions aberrantes existent et prolifèrent. Cependant, devant ce genre de comportement, notre confiance dans notre pays et dans ses capacités de résilience s'effrite. Le combat contre le Coronavirus est aussi un combat pour la confiance. Nous avons besoin pour gagner la bataille d'avoir confiance. Avoir confiance dans la stratégie du gouvernement qui mène la lutte. Avoir confiance en nos concitoyens qui subissent le confinement, le chômage, la maladie et parfois le décès de l'un de leurs. Nous avons besoin d'avoir confiance en nos médecins et nos cadres hospitaliers qui sont nos vrais soldats dans cette lutte. Sans cette confiance et sans l'empathie qu'elle génère, les incidents comme celui de Médenine et comme beaucoup d'autres peuvent se répéter et peuvent nous être tous fatals !