A peine dévoilé sur nos colonnes, notre projet d'expression en temps de confinement que Mohamed Ben Soltane, jeune artiste plasticien, a manifesté son intérêt, il était le premier à envoyer un courrier dans lequel il nous explique sa vision sur la catastrophe, suivie du confinement que nous vivons, il exprime son vœu de partager ses positions et nous envoie les noms et mails des éventuels participants. Maitrisard en marketing, il trouve sa vocation dans les nouvelles pratiques artistiques, Mohamed Ben Soltane, entame et termine ses études à l'Institut Supérieur des Beaux-Arts (et y obtient un Master) ; très jeune, il se dirige vers des horizons en expansion, il embrasse les technologies nouvelles, approche les concepts nés de la modernité, en 2006, il décroche le prix du concours ATB Challenge. Suivent des expositions collectives et personnelles, en Tunisie et à l'étranger, des articles de presse et une reconnaissance de ses pairs et de la critique. Il multiplie les expériences, se frotte aux artistes espagnols pendant des séjours de résidence de création. Il monte des projets intégrateurs ( à l'image de ce que fait le collectif Dream City) ; grand travailleur, fonceur, il exploite ses dons pour enfourcher ses chevaux et empiler les expériences contemporaines avec beaucoup de conviction et une curiosité tangible, des « photos-peintures », des portraits déformés, transformés, des dessins apparemment naïfs, des personnages amusants et une sincérité évidente. Bref, de chaque expérience, il tire de nouvelles provisions qui enrichissent son esprit. Ses modes d'expression se manifestent à partir de plusieurs matériaux et genres, du dessin, de la photographie, des installations, de la communication artistique ; Des tags, des graffitis, des détournements de sens, de l'exploitation des moyens existants tels que la bande dessinée … autant dire qu'il vit pleinement la modernité. Modernité qu'il assume et scrute avec l'œil de l'expérimentateur libre et du chercheur inassouvi. Confiné, il l'est à double titre, Covid19 et le travail chez soi, comme tous les artistes et autres intellectuels en somme, Ben Soltane, répond à nos questions ; * LE TEMPS : Le confinement a-t-il changé votre mode de travail, de vie ? Le confinement n'est pas étranger aux artistes et aux intellectuels. Je vis le confinement de façon positive en essayant d'avoir mes sens en éveil et ma curiosité démultipliée. En effet, nous vivons un moment déterminant de notre histoire. Nous voyons depuis des dizaines d'années notre planète et une majorité de ceux qui l'habite malmenés ; et j'ose espérer que cette crise planétaire donnera de la place aux voies qui s'élèvent contre les dérives de l'ultra-libéralisme sauvage, de l'hégémonisme du marché financier, de la démission des Etats et ses services (santé, enseignement, autosuffisance alimentaire…). Il y a tant de changements qui auraient dû avoir lieu plutôt. Désormais, nous ne pouvons plus les différer. Je pense particulièrement à notre façon de nous nourrir, à la surconsommation, au stress néfastes pour notre immunité. * Avez-vous engagé une action de solidarité pour lutter contre la propagation du Covid19 ? J'ai eu la chance de prendre part à l'évènement « Art against Corona » organisé par Archivart.co, la toute nouvelle galerie d'art en ligne. Une très belle initiative qui a permis de recueillir des fonds pour aider notre personnel de santé dans la guerre qu'ils mènent contre le Covid-19. Par ailleurs, je travaille sur la conceptualisation de plusieurs projets à distance avec des amis afin de continuer nos efforts au profit de la démocratisation de l'art et son accessibilité à un plus large public. Ces efforts s'inscrivent dans la continuité et il y a urgence de (re)placer l'art et la culture comme un des principaux moteurs de notre nation. En effet, la culture n'est seulement des objets que l'on consomme, c'est un ensemble de valeurs qu'on chéri, c'est notre façon de voir le monde et d'agir harmonieusement avec lui.