Tout le monde sait qu'il y a pas mal de députés, de délégués et de personnes influentes pourris, mais de là à ce qu'ils jouent avec le pain des pauvres, il n'y a un pas à ne pas franchir, afin d'éliminer cette vermine qui empoisonne la vie des citoyens honnêtes. Certes, on a le droit d'émettre des doutes sur ces évictions au pied-levé, surtout qu'il n'y a aucune intention de sévir, envers les brebis galeuses, mais on peut espérer que les intentions sont bonnes et qu'on ne veut pas envenimer l'atmosphère, en ces temps de crise Tout le monde puise dans les poches du citoyen appauvri et réduit à limiter le plus possible, ses dépenses, parce qu'il n'en a plus les moyens… et, par la suite, on se demande pourquoi les vols, les crimes et le banditisme ont augmenté d'une manière vertigineuse. Les pouvoirs publics ne sont pas à l'écoute des doléances des citoyens, c'est un fait avéré. Toutefois, s'ils veulent que la situation ne s'embrase pas, il est nécessaire pour eux de donner, au moins, l'impression qu'ils veulent sévir contre tous les malfaiteurs de n'importe quelle classe sociale. C'est une honte que de voir l'Etat fermer les yeux sur les agissements de ses responsables envers les gens honnêtes qui n'arrivent, même plus, à pouvoir acheter un kilo de tomates qui a atteint, dimanche, les 2,5 dinars, alors que les piments coûtent entre 2 DT et 3,800 DT, selon qu'ils soient doux ou piquants. Pour les fruits, n'en parlons pas, si on voit que les pommes de Sbiba sont commercialisés, jusqu'à 8,5 DT le kilo, alors que les bananes ne sont pas descendus sous la barre des 4 DT, depuis longtemps. L'Instance nationale de lutte contre la corruption (INLUCC) tire la sonnette d'alarme, depuis le début du confinement, mais il semble que les responsables sont occupés, ailleurs, alors que chaque ministre doit s'occuper de son secteur d'activité. Malheureusement, il semble que nos ministres pour leur grande majorité vivent sur une autre planète que la nôtre. La preuve en est que le ministre du Commerce a fait mourir de rire les téléspectateurs, lorsqu'il a annoncé, purement et simplement, qu'il se rend chaque dimanche au marché, pour faire ses emplettes et qu'il se procure sans peine, un kilo de farine et de semoule, chaque fois qu'il le veut. Pourtant, à notre connaissance, ces deux produits sont devenus comme de l'or et, pratiquement, personne ne peut s'en procurer. Pour ce qui est de la spéculation, il est possible d'affirmer qu'elle gangrène toutes les couches sociales. Et, à ce qu'il parait, même des députés et des délégués y mettent leur nez, pour en profiter ou faire profiter leurs proches. A titre d'exemple, le bureau régional de l'Instance nationale de lutte contre la corruption (INLUCC), à Gafsa, fait état de plusieurs signalements relatifs à des pressions exercées par certains députés ou délégués sur les circuits de distribution de produits alimentaires de base. Ces derniers auraient multiplié les contacts avec la direction régionale du commerce pour exercer une influence sur les circuits de distribution, selon Zakia Ammar présidente du bureau régional de l'instance. L'INLUCC à Gafsa a, également, reçu des signalements de cas de détournement d'aides sociales destinées aux familles nécessiteuses, notamment, par des agents des sociétés de l'environnement. Par ailleurs, un avocat fait savoir à l'INLUCC qu'il a reçu un SMS du ministère des Affaires sociales lui annonçant qu'il devait bénéficier d'une aide de 200 DT. Depuis le début du confinement généralisé, par mesure de prévention contre la propagation du Covid-19, le bureau régional de l'INLUCC a reçu pas moins de 150 signalements relatifs à des hausses illicites de prix et à des pénuries de denrées alimentaires dont la semoule et la farine, outre un manque important de fourrage. Le gouvernement a du pain sur la planche, et on ne peut que saluer les décisions prises par le ministre de l'Intérieur qui a démis quatre délégués de leurs fonctions. Il s'agit de : - Henda Ben Khedher Harrabi, déléguée de Zeremdine (gouvernorat de Monastir), - Wassim Sebai, délégué de Sidi el-Héni (gouvernorat de Sousse) - Riadh Ben Salem, délégué de Kalaat Senan (gouvernorat du Kef) - Imed Farhat, délégué d'El Mnihla (gouvernorat de l'Ariana). Pire que ces agissements de hauts responsables régionaux, on ne peut trouver ailleurs, même dans les pays d'Amérique du sud où la mafia et les cartels de drogue font la loi… Mais, on attend, toujours, que le gouvernement daigne utiliser ses prérogatives contre des méfaits qui peuvent être considérés comme des crimes de guerre.