Pourquoi évoquer aujourd'hui en l'an 2020 l'artiste multidisciplinaire qu'était Ali Douagi, plus connu comme nouvelliste. Il y'a d'abord une date, celle du 27 mai 1949 jour de son funeste départ à jamais. Né le 4 janvier 1909, il n'aura vécu qu'à peine quarante ans accomplissant un travail littéraire et artistique que d'autres de ses pairs auraient réalisé en cent ans ! Une mort précoce D'ailleurs, il aurait pu vivre plus de quarante ans si on avait pris soin de son état de santé grave lorsqu'il avait séjourné à l'hôpital « Errabta » (Ex-Ernest Conseil.) Certes, et comme nous le rapporte l'écrivain et critique littéraire Rachid Dhaouadi dans son livre : « Jamâaet Taht Essour », paru en 1975, Ali Douagi menait une vie de bohème poussée au maximum sans se priver des plaisirs de la vie, ce qui avait provoqué la dégradation de sa santé. Et toujours selon cet auteur, on ne sait pas trop encore aujourd'hui pourquoi et à l'époque le personnel médical et paramédical ne se souciait guère de la gravité de la maladie de Douagi. Une délégation composée de ses amis du cercle littéraire et artistique de « Taht Essour » s'était rendue et à deux reprises à l'hôpital pour demander de sauver cet homme d'exception. Mais il y'avait toujours une sourde oreille à leurs doléances. La direction de l'hôpital appellera la famille d'Ali Douagi afin de le ramener chez lui où il avait tiré sa révérence à la date sus-indiquée. La malchance a donc accompagné la vie d'Ali Douagi qui avait perdu son père alors qu'il n'avait que trois ans. Le complexe du « Ankoud » Et il n'existe pas encore aujourd'hui au centre de Tunis une avenue qui porte le nom de ce grand poète, nouvelliste, journaliste, caricaturiste autodidacte. Alors que les politiques et parfois de leur vivant en ont la part du lion. Mais un pays qui ne respecte pas ses artistes et ses poètes en donnant aux artères principales de sa capitale les noms de gens de lettres et d'art, ne pourra jamais avoir l'estime des autres, les étrangers qui visitent la Tunisie. Ces derniers auront « peur » de nous, car ils vont changer totalement leurs idées reçues. Il faudrait d'ailleurs revoir un jour les noms attribués à nos rues et avenues qui portent rarement ceux d'artistes tunisiens. Cela dépend des humeurs des conseils municipaux de Tunis, car il est des artères qui devraient reprendre leurs anciens noms. Ali Douagi dira toujours dans sa tombe : « Aach yitmanna fi inba, ki met jaboulou ankoud », qui est d'ailleurs une déformation du proverbe tunisien « Aach yitmanna fi bisra ki met alkoulou arjoun. » Car Ali Douagi, faut-il le rappeler, était un poète satirique qui avait écrit particulièrement pour Salah Khémissi et écrit des chansons d'amour pour Hédi Jouini et surtout la première chanson écrite pour la Rachidia : « Ya laimi yezzini. » Et n'avait-il pas crée le 30 août 1936 le journal caricatural et humoristique : « Assourour » (La gaieté.) Il compte à son actif plus de quatre cent sketches et pièces de théâtre radiophonique. Sur la tombe d'Ali Douagi Souhaitons que l'oubli n'accompagne plus Ali Douagi outre-tombe. Et en fait, où se trouve sa tombe ? Pour aller y lire la « Fétiha. » Il faudrait la chercher soit à Sidi Yahia, soit au Jellaz, car Douagi habitait à la rue de la carrière, perpendiculaire à la rue du Pacha, à Bab Souika. Et pour l'anecdote, il est écrit sur la carte d'dentité d'Ali Douagi qu'il exerce le métier d'écrivain. Chose qu'on rencontrerait rarement aujourd'hui. Et dans ce même ordre d'idées, feu le poète Mohamed Sghaier Ouled Ahmed rêvait d'avoir sur sa carte d'identité comme métier celui de poète. Sous d'autres cieux, les grands artistes sont considérés comme patrimoine national, comme au Japon, par exemple. La maison et la tombe d'Ali Douagi devraient être retrouvées et restaurées. Il en est de même pour d'autres illustres érudits, artistes et écrivains tunisiens qu'on ne devrait ni oublier, ni ignorer. Peut-on en rêver ?
