*Y a-t-il une contradiction entre laïcité et confession religieuse. La réponse dépend de la conception qu'on a de la laïcité qui ne porte pas atteinte à la liberté du culte qui est personnelle. Un Etat laïc, qu'il soit dans un pays de religion musulmane ou catholique, laisse la liberté du culte tout en respectant les bases de la religion pratiquée par les citoyens. Dans son ouvrage «La séparation du religieux et du pouvoir», Hichem Djaiët affirme que : « c'est dans le Coran qu'on trouve l'inspiration du gouvernement. Il n'y a pas de distinction, dans le cas des Etats musulmans, entre le chef de l'Etat et le chef religieux. Alors, cet islam coutumier, à qui la notion de laïcité ou de séparation est étrangère, comment l'Etat français peut lui étendre le bénéfice de la liberté religieuse, qui, en soi, ne pose pas de question. Dans la politique musulmane de grande tradition, selon la synthèse d'Ibn Khouldoun (m. 1406), qui n'innove nullement ni en théologie ni en fiqh (droit et morale pratique), ni en politique (G. Anawati, L. Gardet, 1948), Dieu n'intervient plus immédiatement et directement comme au temps miraculeux, révolu et non réitérable, de la théocratie par la bouche et la geste du Prophète et, à un moindre degré, de ses premiers successeurs, «khalifes bien dirigés» en sunnisme, ou «Imâms infaillibles» inspirés en shiisme (O. Carré, 1991 : 22sq, 33sq, 42sq). Telle est la tradition bien établie de la séparation, non seulement effective mais aussi doctrinale, entre politique et religieux, le politique n'ayant rien de religieux ni de «révélé» dans sa substance. En particulier, cette tradition longue récuse nettement le jihâd guerrier interne contre des chefs politiques injustes ou contre les apostats détenant une autorité politique ou intellectuelle et morale, ainsi qu'elle condamne l'anathème, takfir, qui déclare apostats et passibles de mort tel et tel. De telles pratiques, en bonne tradition, relèvent de l'associationnisme ou rejet de l'unicité absolue de Dieu, du fait que celui qui porte la rébellion violente ou l'anathème s'associe à Dieu l'Omniscient et le Juge en prétendant scruter les cœurs et les juger (H. Laoust, 1977 (1965) ».