Emna Chargui, jeune « bloggeuse », a partagé une publication Facebook. Et cette publication, consiste en une parodie d'une sourate du Coran, sur le mode « corona ». Quand bien même elle serait l'auteure de cette parodie, il n'y a, vraiment, aucune raison, mais alors, aucune, pour qu'elle soit convoquée devant le parquet pour s'expliquer. En tant qu'accusée, bien entendu ! pour une raison bien simple : la liberté de conscience, autant que la liberté d'expression, sont inscrites dans la Constitution Tunisienne. Ou pas ? Parce qu'il faut qu'on se mette d'accord. Que ces acquis-là, on n'y dérogera pas. Et ils ne sont, ni discutables, ni monnayables. Donc, en aucune façon, condamnables. L'incitation à la haine, ainsi que les appels au meurtre : si par contre. Parce qu'ils cultivent avec la liberté de s'exprimer, un immense malentendu. Et c'est ce qu'il aurait fallu sanctionner. Qu'est-ce qui se passe, ou qu'est-ce qui est en train de se passer, sous nos douces latitudes, pour que l'on en vienne aujourd'hui, sournoisement, à vouloir toucher aux fondements mêmes de la République tunisienne, en risquant de créer un précédent, autrement dangereux ? Et pourquoi invoquer, comme en usent bien souvent, les fondamentalistes religieux, sous d'autres cieux, l'atteinte au sacré, comme pour « absoudre », à l'avance, en les justifiant, pareilles pratiques, qui risqueraient, si elles entraient dans les « mœurs », d'entraîner la Tunisie, sur un chemin miné, qui la mènera tout droit, dans le « giron » des Frères musulmans, alors qu'elle a mené, depuis des années, une lutte de tous les instants, pour ne pas se laisser piéger, et pour échapper à la tentation extrémiste. Dont on sait fort bien, aujourd'hui, quel genre de couleuvre, celle-ci peut cacher dans son sein ? On ne le redira jamais assez : les identités peuvent être meurtrières. Et elles ne sont jamais, autant, menacées, que lorsqu'elles se mêlent, au nom d'une vérité unique, à étouffer toutes les voix plurielles, qui exprimeraient, librement, d'autres façons de penser. Méfions-nous. Mais méfions-nous, sans jamais baisser la garde. Sur ce terrain-là, particulièrement, la vigilance est de mise. Zéro tolérance pour ce genre d'abus. Cela peut nous mener très loin. Là où on ne veut, justement pas aller.