Avec la crise sanitaire et la baisse de la demande mondiale, les pays africains grands ou petits producteurs se retrouvent en grande difficulté. Les producteurs de pétrole d'Afrique subsaharienne, qui avaient promis de réformer leurs économies lors des précédents plongeons des cours du brut, sont de nouveau vulnérables à la chute spectaculaire provoquée par la pandémie de Covid-19. Des poids lourds africains comme le Nigeria, numéro un du continent, aux plus petits producteurs comme la Guinée équatoriale, comment les différents producteurs de la région vont-ils être affectés ? La crise sanitaire qui paralyse l'économie mondiale a fait chuter la consommation de pétrole et entraîné le plongeon des cours de l'or noir. Malgré une légère remontée ces dernières semaines, à environ 30 dollars le baril de Brent mardi, ils restent très loin des prix retenus par les pays producteurs pour le calcul de leur budget. Au Nigeria et en Angola, respectivement environ 40 et 30 % des plus de 4 millions de barils par jour extraits en Afrique subsaharienne, les autorités avaient adopté des budgets qui misaient sur un baril à 55 et 57 dollars, des prévisions qu'elles ont dû réduire de plus de 20 dollars. Par ailleurs, le Nigeria, l'Angola, la République du Congo, le Gabon et la Guinée équatoriale, tous membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), se sont engagés à baisser volontairement leur production pour redresser les cours. En Angola, en récession constante depuis 2016, l'Etat « a déjà été contraint d'utiliser 1,3 milliard d'euros du fonds souverain et a accéléré le programme de privatisation », rappelle l'économiste Carlos Rosado. Au Congo, troisième producteur subsaharien, le président Denis Sassou Nguesso a demandé une aide d'urgence de 300 à 500 millions de dollars au Fonds monétaire international (FMI). Comment les petits pays vont-ils réagir ? « La situation des petits producteurs n'est pas très différente de celle des poids lourds de la région », prévient Siva Prasad, analyste chez Rystad. Des producteurs comme le Gabon, la Guinée équatoriale et le Tchad produisent jusqu'à dix fois moins que le Nigeria, mais les hydrocarbures occupent une place presque aussi importante dans leurs finances publiques en raison de la petite taille de leurs économies. En revanche, ces pays connaissent des réalités politiques très différentes. En Guinée équatoriale, « la plus grande part de la population n'a pas vraiment vu les avantages du pétrole et, crise ou pas crise, ils ne les verront pas », résume Benjamin Augé, chercheur au centre Afrique de l'Institut français des relations internationales (Ifri). En revanche, le Gabon compte près de 100 000 fonctionnaires pour 2 millions d'habitants, et une réduction du train de vie de l'Etat « va avoir des conséquences dramatiques » pour la population, prévient-il.