Jeudi, a été accompagné à sa dernière demeure, au cimetière de Carthage, un grand intellectuel, doublé d'un fervent militant pour la cause tunisienne et arabe: Chedly Klibi dont l'élan patriotique a été hérité de son oncle Mohiédine Klibi un des fondateurs du Destour qui s'expatria en Syrie mais ne put malheureusement mener son action à bout, ayant été surpris par la mort. Sur ses pas Chedly Klibi s'est d'abord expatrié pour poursuivre ses études de philo et de lettres classiques à la Sorbonne. Il était porté dès son âge vers la culture et convaincu que c'est la meilleure voie pour sortir du sous-développement et du joug de la domination coloniale qui était à son paroxysme à cette époque. Rentré en Tunisie il entra dans l'enseignement dans les collèges de Tunis dont notamment le lycée Carnot (lycée Bourguiba actuellement). En même temps il s'engagea dans le militantisme par le biais du syndicalisme en intégrant l'UGTT fondé en janvier 1946 et qui groupait déjà un bon nombre d'intellectuels dont Fadhel Ben Achour. Après l'assassinat de Farhat Hached, ce premier syndicat tunisien fut présidé par Mahmoud Messaâdi qui était du même bord que Chedly Klibi. Il se retrouva plus tard au sein de ce syndicat avec plusieurs de ses amis dont Mustapha Filali et Ahmed Ben Salah. A l'instar de Mohiédine Klibi dont les écrits aux nombreux journaux de l'époque, dérangeaient les autorités coloniales, Chedly Klibi participa par sa plume également notamment au journal Assabah pour dénoncer les exactions et les crimes colonialistes, notamment après l'assassinat de Farhat Hached en 1952. A l'aube de l'indépendance, il a été choisi par Bourguiba pour être nommé à la tête de la Maison de la radio tunisienne, puis à la tête du ministère de la Culture. Dès lors, il fit preuve de sérieux, d'abnégation et de sagacité et fut longtemps aux côtés de Bourguiba en tant que conseiller et directeur de cabinet à la présidence de la République. Grâce à ses qualités incontestables, il fut choisi pour diriger la Ligue des Etats Arabes en 1979 lors du transfert de son siège à Tunis et jusqu'à 1990, date à laquelle il présenta sa démission en dénonciation de l'attaque de l'Irak par les GI américains. Il a laissé ses empruntes dans cette organisation arabe, en appelant à l'union et à la solidarité de tous ses membres, et en dénonçant le terrorisme d'Etat perpétré notamment par Israël à l'encontre des Palestiniens. Sur le plan culturel il a participé par ses nombreux écrits dans les différents journaux ainsi que par certains ouvrages dont celui traitant de la question palestinienne. Un grand intellectuel et une fin politicienne qui s'est consacré sa vie durant pour l'intérêt du pays et dont le départ constitue une grande perte pour la Tunisie. Paix à son âme.