Lorsque plusieurs incendies, plus ou moins graves, éclatent de concert dans différentes régions de la Tunisie, en l'espace d'une petite semaine, et en pleine période de Ramadan, sans que l'on parvienne à en déterminer, du moins jusqu'à maintenant, les causes et les origines exactes de chacun d'eux, il y a évidemment de fortes raisons, pour les Tunisiennes et les Tunisiens, de se prendre à s'inquiéter et de se mettre à prôner, suspicieusement, l'hypothèse de l'acte criminel méthodique et prémédité, perpétré éventuellement en série, et dont les motifs et les enjeux resteraient à découvrir, dans un contexte délicat de lutte contre le corona-fléau, et sur fond d'une crise sociale et économique ardente, doublée d'une conjoncture politique embrasée. L'immense incendie qui a ravagé, ce jeudi, une usine de papier hygiénique dans la zone industrielle d'Enfidha a été, sans doute, « la goutte d'eau » qui a fait déborder le vase. Ayant eu toutes les peines du monde afin de maîtriser l'incendie, finalement circonscrit en deux journées, les unités de Protection civile, épaulées par l'Armée nationale, n'ont pas pu malheureusement empêcher le feu de détruire d'énormes quantités de matières premières et de produits finis, et d'entraîner des dégâts considérables, au niveau de l'usine en question. Tout feu, tout flammes ! Le sinistre n'a pas manqué de préoccuper, à chaud, les Tunisiennes et les Tunisiens qui ont établi, tout de suite, le lien avec une étrange « vague » d'incendies, qui se sont déclarés un peu partout en Tunisie, tout au long de cette semaine, et dont l'origine n'a pas été élucidée jusqu'à maintenant. Scandalisés et éminemment suspicieux, les internautes ont commencé, dès lors, à énumérer, photos et vidéos à l'appui, les différents embrasements qui ont éclaté simultanément et presque en boucle depuis le début de la semaine, dans différents coins du pays. A Sousse, un immeuble, tout habité, prend feu en plein jour, heureusement sans laisser, pour autant, des dégâts notables, sur le plan tant humain que matériel. A Tunis, un autre immeuble, cette fois-ci en construction, s'enflamme brusquement en plein cœur du centre-ville. Plus grave encore, un navire appartenant à la Garde nationale, prend subitement feu, alors qu'il était amarré au quai, dans le port de Mahdia. A Aïn Draham, un incendie fait rage dans une usine de transformation de liège naturel situé aux environs. Un autre incendie géant a complètement ravagé la forêt de Sidi Daoud, à Haouaria dans le gouvernorat de Nabeul. Dernier en date, un énième incendie s'est déclaré, vendredi soir, dans le cimetière d'El Oueslatia, dans le gouvernorat de Kairouan. Ça sent le roussi, effectivement, et l'on commence même à n'y voir que du feu, un peu partout. Ceci dit, pour les Tunisiennes et les Tunisiens, le plus louche de tous ces sinistres recensés reste incontestablement l'incendie qui a été déclenché aux friperies de La Hafsia à la capitale, et qui a mis carrément le feu aux poudres, surtout qu'il coïncide très étrangement avec la réouverture de ces boutiques, qui était prévue pour le 14 mai dernier. Les dégâts matériels considérables enregistrés ont exaspéré les propriétaires et les commerçants de la place, qui ont crié haut et fort au complot et au crime prémédité. Complot ou hasard ? Quelles sont les causes véritables de chacun de ces incendies ? Les origines de ces embrasements sont-elles humaines, techniques ou tout bonnement naturelles, aiguillonnée, peut-être bien, par une montée ostensible des températures qui a été enregistrée ces derniers temps ? Peut-on parler alors d'une imprudence, voire d'une malveillance, et par conséquent d'un accident, ou est-ce plutôt un acte criminel préparé et finement manigancé ? Et puis, la curieuse concomitance de ces nombreuses déflagrations découle-t-elle d'une préméditation criminelle ou est-ce tout bonnement le fruit d'un pur hasard ? Et le cas échéant, à qui profite vraiment toutes ces incendies ? En tout cas, maintes interrogations ont accompagné cette série d'incendies qui n'a pas manqué d'attiser le feu des débats sur les réseaux sociaux, durant ces derniers jours, concernant les causes, les conséquences et les enjeux de ces sinistres. Une vague d'incendies qui n'est pas sans rappeler, soit dit en passant, les énormes incendies qui ont ravagés de manière simultanée et très suspecte, d'immenses surfaces forestières dans le nord-ouest tunisien, en 2017 ; sans oublier les ravages, causés par le feu, durant l'été dernier, de plusieurs centaines d'hectares de champs de blé, et dont les causes et les origines n'ont pas été encore identifiées jusqu'au jour d'aujourd'hui. Ainsi, que l'on parvienne à le maitriser ou pas et quel qu'en soit le degré de gravité, le moins que l'on puisse faire après qu'un incendie éclate est de s'empresser pour en identifier, le plus rapidement possible, les causes et les origines, histoire de lever les scrupules et couper court aux suspicions. Ce qui nous amène forcément à pointer du doigt le manque d'engagement et le laisser-aller flagrant du côté des autorités de l'Etat, qui ont pris l'habitude de lancer, à chaque fois, les investigations et d'ouvrir les enquêtes, à n'en plus finir, sans jamais parvenir, ou plutôt, vouloir parvenir à les résoudre. Et l'on mettra la main au feu que ce sera toujours ainsi ! A moins que…