Les menus en ce mois saint se suivent mais ne se ressemblent guère. Que les convives soient séparés ou ensemble, les goûts des mets diffèrent. Chorba de réprimandes et gâteaux à l'«amende » sont des constantes. Amende honorable, pour dire les choses carte sur table. Avec des coups bas sous la table, autour d'un dîner, pourtant, copieux et agréable. Il y a même un régime spécial pour ceux qui sont de santé fragile et qui ne supportent pas les mets relevés, surtout dans les rencontres à un niveau élevé. Car les menus préparés par ces princes qui nous gouvernent ont cet aspect original dont nul ne peut en connaître les ingrédients, et c'est là tout l'inconvénient. Quand ils se rencontrent, c'est pour les échanges de simagrées, pour montrer que les choses se passent entre eux de concert et de bon gré. Seul, chacun veut faire sa loi, tout en se référant à l'Etat de droit. De là à perdre son droit. Car la loi n'est pas un voilier qui avance au gré des vents. Ce sont des principes fixes et constants dans l'intérêt général. L'Etat de droit, selon Montesquieu depuis les siècles des lumières, est un ensemble de règles juridiques qui limitent la puissance souveraine et préservent les droits individuels. Seule effective étant l'autorité constitutionnelle. A quoi sert donc de parler par insinuation en prenant le peuple à témoin, alors qu'il suffit d'appliquer les lois à bon escient, pour aller très loin dans la préservation de l'intérêt du pays en sévissant sans attendre contre ceux qui ont failli à leurs devoirs et ont par la même, nui à l'intérêt du pays qui ne fait que choir. Que nous importent les tactiques, les tiraillements politiques ? Alors que certains ne trouvent pas de quoi se nourrir, et que d'autres sont en train de souffrir. On parle de ceux qui sont « malades du cœur » et on épargne ceux qui font leur beurre et, pour ces gens, tous les moyens sont bons. Et l'occasion fait toujours le larron. Les animosités entre exécutif et législatif on en a soupé déjà du temps de la Troïka. Et les relations ultérieurement entre ces deux pouvoirs, du temps de leurs successeurs, sous feu Béji Caïd Essebsi, ce n'était pas non plus du caviar ! Aujourd'hui, après des élections sans incidents majeurs, on se retrouve avec les mêmes tensions et les mêmes heurts, sur le compte du citoyen décontenancé, et pris de panique car pour l'avenir du pays et le sien il s'inquiète et a peur. Alors où va-t-on, surtout avec la période du déconfinement ou tout marche à tâtons? Disons que pour le moment la chorba ressemble plutôt à un bouillon de suggestions qui laisse craindre une mauvaise digestion !