«L'Etat n'a pas l'intention de sauver le transporteur national, mais la cession totale ou partielle de la compagnie constitue une ligne rouge », prévient Mohamed Turki, secrétaire général de la Fédération du transport rattachée à l'UGTT Le personnel de la compagnie aérienne nationale Tunisair a organisé, hier, un rassemblement de protestation au siège du groupe à Tunis pour exprimer son attachement à ses droits et son refus de la privatisation de la compagnie. Répondant à l'appel de la Fédération générale du transport rattachée à l'Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT), les salariés de Tunisair ont notamment réclamé le versement de leurs salaires, primes et autres acquis sociaux. Ils ont également scandé des slogans hostiles à l'ouverture du capital de l'entreprise. «Ce mouvement de protestation qui a également concerné les agences de Tunisair à Sousse, Sfax, Djerba et d'autres régions est motivée par le refus des autorités de tutelle de réagir à un plan de sauvetage de la compagnie», a déclaré le secrétaire général de la Fédération du Transport, Mohamed Turki. Et d'ajouter : «Il est clair que l'Etat n'a pas l'intention de sauver le transporteur national, mais nous voulons que les décideurs sachent que la cession totale ou partielle de la compagnie constitue une ligne rouge». Le responsable syndical a également indiqué que les pertes cumulées enregistrées par Tunisair depuis le début de la crise du coronavirus ont atteint 150 millions de dinars, rappelant que l'entreprise a réalisé plus de 80 vols de rapatriement des Tunisiens en Asie, en Europe et au Moyen-Orient. Le rassemblement de protestation des salariés de Tunisair a été décidée à l'issue d'une réunion tenue lundi, au siège de l'UGTT, en présence de l'ensemble des syndicats de base du groupe Tunisair, sous la présidence du secrétaire général adjoint de la centrale syndicale, Bouali M'Barki. Durant cette réunion, il a été convenu de «ne pas toucher aux droits et acquis du personnel de Tunisair, et de ne pas céder ne serait-ce qu'une once du transporteur national». A noter que le PDG de Tunisair, Elyes Mnakbi, n'a pas cessé ces derniers jours de tirer la sonnette d'alarme sur les risques de faillite de la compagnie. «Nous avons besoin de 100 millions de dinars pour pouvoir redémarrer l'entreprise, qui a enregistré une perte de 80 millions de dinars par mois depuis la fermeture des frontières liée à la pandémie du Civid-19», a-t-il souligné dans un entretien accordé hier à Shems FM. Dans une déclaration accordée à l'hebdomadaire français «Le Point», il a précisé que le transporteur risque d'avoir recours au chômage économique de mai à octobre pour une partie importante de son personnel. « L'épidémie nous fait beaucoup de mal, mais nous vivions déjà une période difficile avant. Nous sommes en train de survivre pour peu de temps », a-t-il précisé. Le plan de sauvetage présenté par la Direction générale de Tunisair au ministère du Transport prévoit notamment le report des échéances de crédit pour six mois, le report des dettes avec le Trésor public et l'exemption de charges fiscales et sociales.