Les évènements qu'est en train de vivre actuellement le pays ressemblent à ceux dont été victimes les héros de la tragédie grecque. Avec cette différence que ces derniers, avaient une malédiction des dieux, alors que ce qui nous sauva et ne cessera de nous sauver c'est cette foi indéfectible en l'amour de notre patrie qui, malgré les dissensions, les injustices et les exactions, nous a toujours permis de resserrer les coudes et a toujours été le ferment de notre solidarité. Devant tout malheur on doit être stoïques afin de garder toute notre lucidité pour en connaître la cause. Le maillon faible ne fera pas rompre la chaîne Depuis 2011 on en a bavé des violences et des crimes politiques, et bien que nous ne soyons pas parvenus encore à connaître la vérité sur ces crimes, nous n'avons jamais baissé les bras. Ce n'est pas une députation à l'Assemblée des représentants du peuple (ARP) ou un poste de responsable au gouvernement, qui va détourner l'opinion publique sur les vrais assassins de Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi. Il y a toujours un maillon faible dans une chaîne, mais qui n'aura aucune incidence sur les autres maillons qui tiendront toujours. Question de temps nous dit-on, soit ! mais entretemps face à ces problèmes qui s'accumulent, ajoutant au stress et au désespoir de ces jeunes sans emploi, de ces personnes auxquelles on a fait croire à l'Etat providence, et qu'on a fait miroiter, en leur promettant une allocation de 200 dinars pendant le Covid-19, et dont certains sont rentrés bredouilles après avoir attendu en masse devant les gouvernorats, au risque de leurs vies, car ils pouvaient être contaminés. Ces mêmes personnes cherchaient tant bien que mal, à la veille de l'Aïd à s'amuser et peut-être oublier leurs malheurs pendant un laps de temps. Hélas plusieurs d'entre elles oublieront à jamais leurs déboires, en étant partis pour un monde meilleur. Le drame En effet sept personnes originaires de Hajeb Laâyoun à Kairouan, ont rendu l'âme, après avoir bu un breuvage à l'eau de Cologne qui contient une forte dose de méthanol. 32 personnes ont été hospitalisées. Certes les cadres médicaux et paramédicaux de différents gouvernorats se sont déployés pour aider à désintoxiquer les malades. Le procureur de la République a également ordonné l'ouverture d'une enquête qui a abouti pour le moment à l'arrestation de certains commerçants impliqués vraisemblablement dans la fabrication de ce produit. Toutefois du côté des autorités, si le ministre de la Santé, Abdellatif Mekki, a appelé jeudi dernier, lors d'une conférence de presse, à la nécessité de faire la lumière sur les éléments et les facteurs qui poussent les jeunes à l'addiction à la toxicomanie, en commentant ce drame, il ne s'est pas déplacé à l'hôpital pour s'enquérir de l'état des victimes. La raison serait-elle liée à une cause religieuse le fait de boire la veille de l'Aïd étant haram ! cela pourrait se comprendre, le ministre de la Santé étant nahdhaoui et de ce fait il pourrait croire qu'il a également une mission religieuse à côté de sa fonction, de ministre la santé. Mais étant membre d'un gouvernement laïc, il sait bien que la liberté du culte est garantie par la Constitution. Quant à son discours, il est ressassé à chaque fois qu'il y a un drame de ce genre. On promet un suivi, social et psychique qui n'a jamais été fait d'une manière méthodique et approfondie. Manque de vigilance et négligence certaine En attendant, l'opinion publique est toujours détournée de l'essentiel c'est-à-dire de la vraie vérité, la cause étant due d'une part au manque de vigilance des autorités, car ce n'est pas le premier drame de ce genre qui arrive. On en eu un autre en 2017, et des jeunes sont morts également de la même façon. Et on s'aperçoit toujours après coup. Où sont les contrôleurs sanitaires et économiques ? ils écoutent d'où vient le vent ! Il y a également une négligence certaine à l'encontre de ces jeunes dans les régions éloignées, telles que Hajeb Laâyoun. Où sont les réalisations sociales tant promises ? Ah c'est, le Covid-19 a tout chamboulé ; mais il a bon dos ce Covid-19, car les problèmes de ces jeunes et moins jeunes sont bien antérieurs à la pandémie. D'aucuns rétorqueraient que ces victimes savaient à quoi s'en tenir étant majeurs et vaccinés. C'est très facile de l'affirmer, quand on ne fait pas l'effort de connaître que ces personnes vivant dans les régions éloignées, sont livrées à elles-mêmes. Sans emploi, sans ressources, et ne parvenant pas souvent à subvenir à leurs et à ceux de leurs familles. Côté loisir, n'en parlons pas. Ni le ministre de la Culture ni celui des Affaires sociales n'ont pensé à y introduire une meilleure infrastructure culturelle et sociale. De temps en temps il y a un festival par-ci, un festival par-là, qui rapportent plus aux organisateurs qu'aux intéressés. C'est ce qui donne l'occasion à différentes formes de corruption et de malversations par ceux qui cherchent le profit sur le dos des autres. Sévir davantage contre la corruption Ces personnes étaient tombées dans leur piège, à la recherche d'un moment de loisir leur permettant d'oublier leurs déboires. C'est contre ces escrocs qui agissent impunément depuis déjà des années, qu'il faut sévir. Il en va des conditions essentielles consolidant la bonne gouvernance. Sur le plan juridique, le responsable pénal sera jugé et condamné à payer des dédommagements aux familles des victimes. Cependant il y a une action contre l'Etat qui est tenu de les dédommager, quitte à avoir une action récursoire contre les coupables mêmes s'ils s'avèrent insolvables. La tendance actuelle, selon la jurisprudence de la Cour de cassation française, par exemple, est de répondre par l'affirmative à une demande de réparation à l'Etat même si le coupable est une personne privée. C'est en effet en fonction du dommage, dont la cause aurait été entre autres une faute par omission des autorités. Ce qui est le cas en l'occurrence. Le côté religieux serait dans le cas d'un régime de Califat. Et quand bien même il serait le cas sous Omar Ibn Al Khattab, ce calife féru de justice se serait dépêché pour dédommager et consoler les familles des victimes. Ces derniers se présenteront avec leurs bourreaux devant le tribunal implacable de l'histoire dont la décision sera la plus équitable.