p class="p1" style="text-align: justify; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 11px; line-height: normal; font-family: "Myriad Pro";"Une visite de travail (juste visite de travail) qui obéit à un protocole bien précis et auquel notre Président, toujours aussi dépeint sous l'angle d'un anticonformiste, s'est sagement plié. Parce qu'en tous les cas, à la sortie du confinement général, l'heure n'est pas au pompeux cérémonial des visites d'Etat, lesquelles font dérouler le tapis rouge aux illustres visiteurs de la France. Pas de tapis rouge donc, comme en a bénéficié Béji Caïd Essebsi en 2015, chez François Hollande. Mais tout de même, il s'agissait de faire parvenir la voix de la Tunisie aux Français. Que Saïed se soit exprimé en arabe littéraire -alimentant d'idiots sarcasmes, chez nous essentiellement parce que les Français ne se soucient pas de ce genre de détails morbides- ça, c'est son protocole à lui. Les interprètes sont là, en effet. L'essentiel, c'est qu'il se soit fait comprendre par Emmanuel Macron et qu'il ait levé toute ambiguïté autour des relations tuniso-françaises. p class="p1" style="text-align: justify; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 11px; line-height: normal; font-family: "Myriad Pro";" On le sait, Kaïs Saïed le sait et Emmanuel Macron le sait tout autant : quelque part, la motion d'Al Karama, mue par un révisionnisme historique morbide et exigeant des excuses françaises pour la période de la colonisation, a failli quand même jeter un froid sur les relations entre les deux pays. L'évocation du Général, mais rien sur Bourguiba Kaïs Saïed n'a pas commenté, ici, intra-muros, cette motion de Seifeddine Makhlouf and Co. En, fait, il a toujours regardé le Parlement d'en haut, presque dans une attitude ostensible, parce qu'il ne se reconnait pas en ce Parlement, quoique, en bon constitutionnaliste, il lui reconnaisse son statut institutionnel. Juste cela. Il ne juge même pas ce Parlement représentatif de la vox-populi qu'il est, légitimement, en droit de considérer comme étant son propre pré-carré. Et, c'est normal et logique à la fois, quand on est plébiscité par les 70% de l'électorat. Il en avait parlé avec Macron, dans l'entretien téléphonique, en prélude à sa visite de travail. Il n'en a pas moins exposé subtilement sa position, évoquant le Général De Gaulle quand celui-ci disait : « Ce qu'il faut surtout pour la paix, c'est la compréhension des peuples. Les régimes, nous savons ce que c'est, des choses qui passent. Mais les peuples ne passent pas ». Kais Saied était d'autant plus inspiré d'appeler De gaulle à la rescousse, que les Français et la plupart de leurs chaînes, avaient commémoré en grandes pompes « l'appel du 18 juin ». Bien entendu, parcimonieusement, Saied n'a pas évoqué la mémoire de Bourguiba, l'homme qui sut tenir la dragée haute à « L'homme du 18 juin ». Pour cela, il faut un BCE, comme il l'a fait en 2015. Saied reste très prudent en ce qui concerne Bourguiba. Mais l'évocation du Général De Gaulle véhicule un message fort : « les régimes passent, les peuples restent. » Il entend par là, que personne ne pourra altérer les liens profonds liant les deux peuples. Makhlouf est donc renvoyé à ses fantasmes. Il ne s'embarrasse pas non plus de compliments à l'adresse de Macron, lançant que « c'est un Président qui a assimilé son époque ». Quelle époque ? Macron ne s'est pas fendu en effusions sur Le Printemps arabe, sur la Révolution du Jasmin, comme l'avait fait Obama. Parce qu'il sait quels ravages ils auront causé, à la faveur de l'islamisme rampant, de la recrudescence du Djihadisme auquel aura aussi contribué la Tunisie. Parce que, après la Syrie, et toutes les hautes turbulences vécues par le Golfe et le Moyen-Orient, un acteur dévastateur surgit, dans nos parages. Et cet acteur, La Turquie, se désengage de la Syrie, pour mettre encore plus le feu aux poudrières libyennes. Macron n' y va pas par quatre chemins : « Je dénonce un jeu dangereux de la Turquie en Libye » Saïed ne cite personne, mais exclut tout le monde Voilà, donc, le nœud gordien. Le fin mot de cette visite de travail. Sauf que Kaïs Saïed s'est montré plutôt prudent en ce qui concerne le rôle résolu de la Turquie. En fait, il est de bon ton, de toujours évoquer des réminiscences d'un nouvel expansionnisme ottoman. Mais, ce n'est vraiment pas de cela qu'il s'agit réellement : il s'agit de pétrole et de gaz. Il s'agit d'un milliard de dollars pour la reconstruction de la Libye. Et, tous, la France, l'Italie, l'Allemagne, l'axe turco-qatari, l'axe émirati et saoudien autour du Caire, les Etats-Unis (qui représentent la force de frappe de l'Otan) et la Russie qui y fait un passage de force, tout ce beau monde se dispute la Libye. Et, chacun, avec son joker propre : El Sarraj contre Haftar. Kaïs Saïed a évité de citer un seul pays parmi tous ces prétendants. Il a, surtout, évité de parler de la Turquie, récemment au centre de la motion d'Abir Moussi. Il aura eu assez de discernement -là aussi- pour éviter de parler d'un conflit tuniso-tunisien, parce que ce conflit ne nous honore pas. Il n'aura pas manqué, néanmoins, de dire et de rappeler que la Tunisie « est la première victime de cette guerre civile libyenne ». Il aura eu, néanmoins, l'audace de dire ce que personne n'avait dit jusque-là : la nécessité de la part de l'ONU de cautionner une nouvelle légitimité reflétant la mosaïque tribale libyenne et, pour en finir avec le Gouvernement d'Union nationale de Fayez El Sarraj, dont il rappelle qu'il est « temporaire ». Soit dit, au passage, que Rached Ghannouchi « appréciera »... La neutralité tunisienne est, donc, raffermie. Macron déclare même compter sur la Tunisie, pour aider à régler la question libyenne. Peut-être, met-il la pression sur Saïed pour qu'il s'assume davantage, pour qu'il délimite le champ exclusif de ses prérogatives diplomatiques et, en catimini, pour couper l'herbe sous les pieds des brebis galeuses inféodées à Ankara, tout autant que celles qui s'arriment au panarabisme nassérien et que Sissi remet au goût du jour. Kaïs Saïed aura, au moins, eu le mérite de la clarté. Une clarté qui a plu à Macron. Une action concertée entre les deux pays est-elle, néanmoins, suffisante dans le brasier libyen ? La Tunisie n'a pas le choix. L'Algérie et la France restent nos plus grands « amis ». Mais, s'aligner sur leurs positions, serait, aussi, déroger aux vieux principes de neutralité diplomatique. Sauf que, maintenant, c'est au Chef de l'Etat de tout reprendre en mains. En d'autres termes, d'en finir avec la neutralité « poreuse », telle que la veulent Ennahdha tout autant que ses ennemis. Et chacun selon ses intérêts. Parce que, si les armes parlent en Libye, la Tunisie en est le laboratoire idéologique. R.K. p class="p1" style="text-align: justify; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 11px; line-height: normal; font-family: "Myriad Pro";"