Après une interruption de ses activités culturelles due au coronavirus, la Maison de la Culture Ibn Rachiq a rouvert ses portes en organisant l'exposition personnelle de l'artiste-peintre Amel Ben Salah Zaiem. Dix-sept tableaux de différents formats, faits à l'huile ou à l'acrylique, ornent les cimaises de la Maison de la culture Ibn Rachiq jusqu'au 03 juillet. Amel est une artiste chevronnée qui a su conférer au fil des années une originalité à ses travaux. Dotée d'une sensibilité fine et d'émotions intenses, elle dépeint le monde qui l'entoure avec beaucoup d'imagination et de tact, mais aussi avec une certaine fantaisie créatrice et une douce rêverie, donnant à ses œuvres cette dimension humaine et universelle. «Clash », « Violation », « Attentat », « Kamikaze », « Métastase », « Sujet pointu » et autres encore : ces titres de tableaux montrent l'intérêt que l'artiste porte à l'actualité socio-politique qui règne dans le pays depuis la Révolution. L'artiste s'insurge contre certains agissements et comportements anormaux qui font que les idéaux de la Révolution (démocratie, liberté...) sont relégués à un second degré pour laisser lieu au désordre et au désarroi dans la société. En effet, depuis plusieurs années, l'artiste s‘oriente vers des thèmes liés à la vie quotidienne des Tunisiens qui, à vrai dire, n'ont presque rien récolté de la Révolution, sinon l'incapacité des gouvernements successifs à mener le peuple au port du salut. La déception de l'artiste est d'autant plus profonde quand on voit ses peintures qui expriment une situation sociale précaire accompagnée d'une réalité politique indécise et d'un avenir incertain. Pour dépeindre cette situation lugubre et peu rassurante, l'artiste-peintre a choisi la couleur noire qui prédomine dans la quasi-totalité de ses toiles, sans pour autant être pessimiste, mais des taches de couleur blanche sont omniprésentes comme pour scruter des horizons meilleurs. De même, l'artiste insiste sur les valeurs sociales qui ont l'air de se dégrader, sur l'absence d'un véritable dialogue entre les différents partis, soi-disant représentants du peuple, qui ne font que se quereller aux dépens des problèmes socio-économiques primordiaux. Le tableau intitulé « Clash » illustre bien cette situation désastreuse, une toile de grand-format (200 X 139 cm). Il en est de même pour les tableaux « Violation », « Chemin sanglant » et « Braises ». Un cri de détresse est ainsi poussé par l'artiste pour attirer l'attention sur une situation qui devient insupportable, un effort de pinceau pour sensibiliser les gens à leur réalité, à leur vécu. Bref, c'est la vision réaliste d'une artiste-peintre désappointée par l'actualité et dont les œuvres illustrent, non sans douleur, une réalité confuse, une liberté ambiguë, comme il est indiqué dans le titre de l'exposition «Liberté douteuse»