Plus que quiconque, Hichem Ben Ammar incarne la Cinémathèque tunisienne. L'annonce de sa démission résonne comme un coup de tonnerre tant le public identifie ce cinéaste et animateur culturel au projet phare de la Cité Chedli Klibi. L'adage est connu et se décline sur l'évidence que tous les cimetières sont pleins de gens indispensables. Toutefois, certaines personnes sont si dévouées et impliquées dans leur travail que leur absence laisse toujours un vide difficile à combler. Une démission loin d'être anodine C'est le cas de Hichem Ben Ammar, directeur de la Cinémathèque tunisienne, qui a présenté sa démission vendredi et révélé par ricochet, l'existence d'un malaise profond et persistant. S'il est un animateur de la Cité de la culture qui fait l'unanimité, c'est pourtant Hichem Ben Ammar. Généreux dans l'effort, inventif, connaisseur et pleinement motivé, il a comblé tous les cinéphiles depuis sa prise de fonction. Incarnant la Cinémathèque tunisienne, il est de notoriété qu'il porte ce projet depuis plusieurs décennies. De même, malgré les difficultés rencontrées, il a pleinement rempli son contrat. Qu'il puisse démissionner est inconcevable d'autant plus qu'il a impulsé un élan remarquable à la Cinémathèque. Depuis la fin des années soixante-dix, Ben Ammar travaille d'arrache-pied et mérite amplement tous les éloges. S'il démissionne, cela induit que les conditions de sa mission se sont détériorées de manière insupportable. La balle est maintenant entre les mains de la tutelle qui est obligée de revoir sa copie. Alors qu'on parle de mise au chômage technique de plusieurs travailleurs de la Cinémathèque, il importe que le ministèredes Affaires culturelles fasse toute la lumière sur la situation de la Cinémathèque. Car la démission de Ben Ammar n'est pas anodine. Ce cinéaste exigeant est aussi un homme d'honneur et il est évident pour l'opinion publique que sa démission est due à des raisons sérieuses. On n'imagine pas Tahar Cheriaa quittant les JCC ni la Cinémathèque tunisienne sans Hichem Ben Ammar. En souhaitant que l'homme revienne sur sa décision et que la tutelle lui offre les conditions propices à l'exercice de ses activités, nous ne pouvons que constater l'étendue des dégâts. De même, il semble bien que l'acharnement au travail de Hichem Ben Ammar agissait comme un arbre cachant une forêt de problèmes, de petits complots et autres basses manœuvres à l'abri desquels devrait être maintenue la Cinémathèque. Il revient à la tutelle d'éclairer l'opinion Hichem Ben Ammar incarne la Cinémathèque tunisienne et fait de l'avis de tous, un excellent travail. Pour cela, il est inconcevable qu'il parte. Pour cela, le ministère des Affaires culturelles doit toute la vérité à l'opinion publique. Quelles sont les manigances qui poussent un cadre loyal et discipliné à donner sa démission? Que se passe-t-il vraiment à la Cinémathèque tunisienne? Pourquoi pousser Ben Ammar à cette extrémité? Autant de questions pour le moment sans réponse, autant de questions qui induisent un malaise profond et persistant dans une institution qui perd son repère le plus engagé et son inlassable timonier. Disons le haut et fort: le départ de Hichem Ben Ammar de la Cinémathèque serait une véritable aberration. H.B.