Les proverbes populaires reflètent des relations socio-historiques entre les membres de la famille et entre les individus de la communauté. C'est un miroir de la mentalité populaire qui prévalait auparavant dans nos sociétés traditionnelles passées. Et ces proverbes qui émanent du peuple à travers les époques, restent un élément important du patrimoine populaire national, car ils constituent une grande richesse qui a ses impacts sur tous les plans (social, économique, politique et psychologique). C'est ainsi que Dr Ahmed Touili écrit dans son introduction. Cependant, l'effet de ces proverbes populaires a changé à la suite de la diffusion de l'éducation dans le pays, et du développement de la société avec l'influence de divers moyens audio-visuels, notamment avec l'effet d'Internet et des sites Web, et en particulier sous l'influence de l'émancipation de la femme tunisienne, avec la publication du Code du statut personnel le 13 août 1956. Et pourtant, ces proverbes persistent et se transmettent de génération en génération, dans toutes les régions du pays, avec des formulations diverses et des dialectes différents. Dans ce livre, Dr Ahmed Touili, porte son intérêt sur les coutumes de sa ville natale, Kairouan, où les proverbes pullulent, notamment dans le domaine social, politique, agricole et surtout ceux qui concernent la femme et son rôle dans les fêtes familiales ou religieuses et dans la vie traditionnelle en général. L'auteur dédie cet ouvrage à sa mère, cette femme qui, grâce à elle et aux femmes qui lui rendaient visite, il a su se documenter d'un bon nombre de proverbes populaires ayant trait à tous les domaines de la vie. « Ce sont les femmes, véritables gardiennes des us et coutumes, dit l'auteur, qui inculquent à leurs progénitures les rites qui conviennent à chaque cérémonie familiale, religieuse ou sociale pour préserver les racines arabo-musulmanes... » Là-dessus, l'auteur reprend l'exemple du fameux « Contrat de mariage kairouanais » qui interdisait la polygamie et selon lequel la femme jouissait de tous ses droits, agissant sur le même pied d'égalité avec l'homme. L'auteur parle également des coutumes et des célébrations de certains mois de l'Hégire et des proverbes qui correspondent à chaque mois selon qu'il vient en hiver, en été, en automne ou au printemps. Il met l'accent surtout sur les festivités qui se déroulent au mois de Ramadan... Comme autre manifestation traditionnelle, l'auteur mentionne les différentes chansons que les marchands de fruits entonnent dans les souks pour vanter leurs marchandises. Il énumère ainsi des morceaux traditionnellement chantés concernant les fruits suivants : figue, melon, pastèque, grenade, raisin, pomme, datte, amande, pêche, abricot... A chaque fruit, il existe un chant convenable, rythmé et mesuré, que les vendeurs évoquaient pour attraper les clients. De même, toujours dans le cadre des traditions ancestrales qui perdurent jusqu'à ce jour dans certaines régions, l'auteur nous parle des chants de la sage-femme concernant les femmes qui viennent d'accoucher d'une fille où il est question de glorifier la fille aux yeux de la société et surtout de ses parents qui s'attendent à la naissance d'un garçon, sachant que la naissance d'une fille n'est pas toujours souhaitable dans une société arabo-musulmane !). D'autres exemples de chansons auxquelles on a recours à l'occasion d'un mariage ou d'un décès sont mentionnés dans ce livre. Quant aux proverbes relatifs à la politique, l'auteur nous les a choisis dans le livre d'Ibn Abi Dhiaf « Ithaf Ahl Ezzamen », des exemples qui restent toujours d'actualité. De nombreux proverbes et citations concernant l'agriculture sont fournis dans ce livre et tournent autour du labourage, des semailles, des récoltes, des cueillettes, des produits agricoles, des saisons, des travaux des champs et du labeur des paysans. Les dernières pages du livre parlent de proverbes populaires destinés à la femme et aux animaux, des proverbes bien de chez nous et qu'on peut retrouver dans toutes les régions, à quelques différences près.