Petites, moyennes ou grandes, toutes les villes du pays souffrent du manque d'espaces culturels, c'est une évidence. A chaque fois qu'un endroit, cinéma ou autre ferme, les boucliers se lèvent pour un temps et puis, silence, la mémoire se meurt. Ces derniers jours, depuis le 10 septembre, c'est à une naissance qu'on a assiste, la ville de Sousse accouche pour le bonheur des amateurs de livres et d'art d'un espace multifonction, signé Préface. L'occasion est si précieuse qu'un groupe de journalistes a fait le déplacement depuis Tunis. En plein centre de la route touristique de Khezema, la grand avenue chic et commerciale abrite désormais un endroit qui ne jure pas avec les bâtiments voisins, son nom est Préface et est dédié aux arts et aux multimédias.. La façade est avenante, des lignes claires, une enseigne en jaune sur bois, en longueur , en haut domine une terrasse vaste en plein air, des sièges designés et multiformes, un espace pour petites restauration, des jeunes prévenants au service, le protocole sanitaire est sans faute. L'aménagement privilégie le côté moderne, branché. A l'intérieur, Habib Trabelsi, jeune routier de la sphère culturelle reçoit avec la bonhomie et la clarté du discours qu'on lui connait. Il s'installe à Sousse, le projet le séduit, il s'occupera principalement du domaine qu'il maitrise le mieux, le cinéma. La Préface dispose d'une palette plutôt riche , 500m2 entre le rez-de-chaussée et le sous sol, trois axes constituent le projet, un « working space » rez-de-chaussée qui regroupe plusieurs postes multimédias louables au jour, à la semaine, au mois et même à l'année pour travailler en ligne ( petites startups qui ne disposent pas de beaucoup de personnel etc), les murs de la grand salle sont destinés à des exposition de peinture et d'artisanat ( une attention aux touristes).Actuellement la galerie abrite une exposition de jeunes artistes-peintres modernes. Le deuxième volet est adressé à la société civile sous toutes ses composantes, sociétales, environnementale, activisme, débats de société etc. Le cinéma est troisième volet, une salle d'une capacité d'une vingtaine de places ( des poufs confortables), pour projection de courts métrages qui ne trouvent pas de circuit, des films tunisiens et étrangers et des débats, des réunions de cinéphiles, bref tout ce que le jeune amateur ou curieux recherche et apprécie pour enrichir sa culture. Une bibliothèque, une librairie... Anissa Laamiri, gérante, issue du monde des affaires, a changé de cap, elle semble habitée par sa Préface en attendant l'écriture de cette nouvelle aventure « La région manque d'espaces culturels, les jeunes, en dehors des cafés et les salles de jeux n'ont pas de vrais lieux de rencontres » estime t elle, à raison, cet endroit leur offre une programmation permanente. » La programmation inclut un rayon librairie et un coin de signatures d'ouvrages « des prêts de livres ? « Nous y pensons sérieusement » répond Mme Laamiri. Les invités se tournent vers la porte, l'écrivain Abdelaziz Belkhodja ( Amilcar Barca, Amours mosaïque...) arrive, portant un gros objet dans un drap qu'il dépose sur la table où ses livres sont exposés, il dénoue ; un imposant buste d'Hannibal (héros de ses livres), en résine, réalisée par Mourad Ben Brika. « Mon cadeau à ce nouvel espace. Et à la ville de Sousse» dira Belkhodja le public applaudit le geste. A la lumière de cette visite-rencontre Préface promet du contenu solide et d'édifiantes rencontres.