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« Le cheikh suprême » face à Kaïs Saïed, à Abir Moussi et aux...mutins nahdhaouis
Publié dans Le Temps le 19 - 10 - 2020

p class="p1" style="text-align: justify; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 13px; line-height: normal; font-family: "Myriad Pro";"Le Temps - Raouf KHALSI p class="p2" style="text-align: justify; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 11px; line-height: normal; font-family: "Myriad Pro";"« Le pouvoir, disait Kissinger, c'est l'aphrodisiaque suprême ! ». On a bien vu comment, requinqué par son accession à la magistrature suprême, Béji Caid Essebsi, pourtant octogénaire, retrouvait une seconde jeunesse avant d'être fatalement rattrapé par les errements de l'âge. En tous les cas, pour un certain temps après la révolution, il aura été le plus vieux jeune homme de la politique tunisienne. N'étaient les freins constitutionnels, il aurait même fait « un dictateur éclairé ». Parce qu'entre autres, Bourguiba vivait en lui. Or, à l'évidence, Bourguiba vit aussi en Rached Ghannouchi. Syndrome de Stockholm ? Il y a de cela, dès lors qu'il veut l'imiter dans l'addiction au pouvoir. Dans la présidence à vie. p class="p2" style="text-align: justify; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 11px; line-height: normal; font-family: "Myriad Pro";"`Au lendemain de la révolution, le pays, avec ses institutions et ses pesanteurs politiques est resté, longtemps, suspendu au métabolisme d'Ennahdha. Plus précisément au métabolisme de ce « Cheikh suprême », dans la pure tradition de l'oligarchie de la vaste confrérie des « Frères musulmans ». Statut déifié, vénéré, parole « divine » et offrandes de leurs âmes au dieu humain, au guide suprême.
Pas de limites à l'effronterie
et à la récupération !
De fait, quand « Le guide » éternuait, Ennahdha prenait froid. Et, quand à son tour, Ennahdha éternuait, c'est le pays tout entier qui prenait froid. Que ce soit des temps de la Troïka, que ce soit des temps de Béji Caïd Essebsi, les leviers de commande étaient aux mains du Cheikh. Personne pour le contrer. Pernicieusement, il avait même réussi à amadouer BCE qui lui devait un retour d'ascenseur parce que Ghannouchi lui avait déblayé le terrain pour Carthage, en s'arrangeant pour que la constitution n'imposât pas de limites d'âge à la présidentielle. Quel que fut le contexte, le vrai pouvoir dans le pays était concentré aux mains du Ghannouchi. On en est même arrivé à supposer que lui seul pouvait arrêter la déferlante salafiste-terroriste. Le grand Jean Daniel, fondateur du Nouvel Observateur, lui réservait même un éditorial dans lequel il l'implorait de « retenir ses troupes », ces troupes dont Ghannouchi y voyait « l'islam en colère » et dans lesquels il revoyait sa jeunesse.
Paradoxalement, c'est lorsqu'Ennahdha déclinait et qu'elle perdait les trois-quarts de son réservoir électoral que Ghannouchi accéda au perchoir de l'Assemblée. En la circonstance, et pour les besoins de la cause, il concluait des arrangements avec Qalb Tounes, dans le plus vieux des échanges de procédés et changeait littéralement d'option. Le personnage hier honni (Nabil Karoui) est récupéré. Interpellé sur ce volte-face, Rached Ghannouchi plagiait Mitterrand : « il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'idée ». L'effronterie dans toute sa splendeur en somme. Et, comme pour faire toujours peur aux Tunisiens, il faisait des ex-ligues de protection de la révolution s'étant entre temps mu en Coalition Al Karama, sa propre excroissance, ce qui contrariait l'aile réformatrice d'Ennahdha.
Or, le contexte en 2019 n'était plus celui de 2015, et encore moins de celui de 2012. Rached Ghannouchi n'avait pas l'air de comprendre que les Tunisiens lui font assumer la responsabilité de l'effritement de l'Etat, de l'enlisement socio-économique et de l'appauvrissement de la population. Dès son élection président de l'ARP, il eut la maladresse de dire tout haut : « Maintenant, je suis le président de tous les Tunisiens », alors que les Tunisiens venaient d'élire leur vrai Président en la personne de Kaïs Saïed. Ce fut le déclenchement d'une fausse guerre de légitimités. Mais, quoique taraudé par une hantise conspirationniste, Kaïs Saïed, dans ses allusions à l'argent politique, n'en visait pas moins Ennahdha. Quand il réaffirme son propre statut : » La Tunisie n'a qu'un seul Président à l'intérieur et à l'extérieur », c'est pour recadrer cet ennemi qu'il n'a pas choisi, mais qui s'est imposé à lui. Et il y va à coups d'humiliations dans les attitudes. Et la dernière en date, c'est quand il déroge au protocole, montant seul au pied du Mémorial des martyrs à Bizerte, laissant Ghannouchi planté sur place, en bas. Cette guerre est destinée à s'intensifier. D'abord, parce que la nouvelle Troïka guidée par Ghannouchi cherche à exfiltrer le gouvernement Méchichi et à dresser ce dernier contre le Président. Ensuite, par ce que tôt ou tard, Kaïs Saïed finira par dissoudre le Parlement. Ce système de gouvernance n'est pas à son goût, en effet. De surcroît, les Tunisiens le donnent systématiquement favori pour les prochaines élections.
Grandes circonstances
et petits évènements
Si, quelque part, le pathos de Kaïs Saïed qui fait que son style oratoire se révèle incompréhensible, le cauchemar au quotidien du Ghannouchi, président de l'ARP, s'appelle Abir Moussi qui, elle, appelle les choses par leur nom. Si elle monte en flèche dans les sondages- qui restent tout de même relatifs, parce qu'ils ne sont toujours que « le jeu de mots des chiffres » - son ascension dans la conscience collective est parfaitement palpable. Elle incarne, en effet, des réminiscences passéistes et elle joue sur cette fibre séculière : oui, les Tunisiens sont meurtris dans la chair par cette classe politique jusqu'à regretter Ben Ali. Abir Moussi fait, elle aussi, dans la supercherie en s'appropriant la mémoire de Bourguiba. Son axe est clair et défini, cependant : lutter contre ce qu'elle appelle « les Khouanjias », en d'autres termes « Les frères » au sens islamiste du terme. Elle ne pourra pas espérer en l'appui de Kaïs Saïed qui la catalogue comme antirévolutionnaire. Mais ses frondes au quotidien contre la personne même de Ghannouchi font que celui-ci se rabat sur des combines au Bureau de l'ARP, là où il a cloné Ennahdha. En fait, acculé et affaibli dans son propre parti, le président de l'ARP s'enfonce davantage dans l'ivresse de la puissance. Jamais, néanmoins, il ne se serait douté que son statut vénéré à Ennahdha durant un demi-siècle serait banalisé et contesté par un mouvement qui prend forme et qui tient mordicus à ce que le patriarche lève pied. La puissance séculière s'achemine vers son propre crépuscule. Et dans cette lutte des générations, anciens dévots et vieux thuriféraires sont dans la dialectique, jadis interdite au sein du parti : les uns rendent les oracles, les autres les déchiffrent. Finalement, les « dissidents », cette « bande des 100 » enlèvent à Ghannouchi ce qui faisait sa force et justifiait sa dictature au sein du Mouvement : fabriquer de grandes circonstances avec des petits évènements. Ceux qui l'appellent, aujourd'hui, à se retirer, inversent la proportion : fabriquer de grands évènements avec de petites circonstances. A cela, le « Cheikh vénéré » répond que le congrès est « souverain » et il l'a encore dit à Bizerte. « Souverain » quitte à changer les textes : voilà son plan pour contourner l'article 31 qui ne lui accorde que deux mandats, comme analysé avant-hier sur les colonnes de notre journal.
Or, il y a une donne nouvelle : Ghannouchi se verrait Président de la république en 2024. Il s'installe en somme dans le long terme. Or, comme le dit Keynes, à long terme nous serons tous morts. Les immortels, c'est autre chose.


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