Face aux difficultés de programmation et à la chute de la fréquentation, les espaces culturels sont désormais dans l'expectative. Que faire pour sauver les meubles dans ce contexte inédit? Si, pour des raisons objectives, les espaces culturels qui relèvent du secteur public, ne sont pas heurtés de plein fouet par la conjoncture, ce n'est pas le cas des structures privées qui, pour certaines, traversent une véritable tempête. Des initiatives pour conjurer la crise Beaucoup d'espaces culturels pourraient ne pas survivre à la crise actuelle. Aménagés pour accueillir le public, ils se retrouvent privés de ce qui leur donne leur raison d'être. Difficile pour une galerie, un théâtre, un forum ou un cinéma de vivre sans public. Quand bien même l'on basculerait vers la diffusion virtuelle, cela ne résoudrait pas le problème. On voit mal un cinéma diffuser sur les réseaux sociaux. La même remarque s'applique au spectacle vivant sous toutes ses formes. Et de toutes les manières, l'intendance ne suivra pas car un espace culturel est conçu pour accueillir le public. Des professionnels sont là pour cet accueil. Ils peuvent être au guichet, dans les coulisses ou sur scène, ils sont tous dans l'attente du public. Les frais de gestion d'un espace culturel sont relativement importants et en temps normal, il est déjà difficile de joindre les deux bouts. Cette situation inédite pose la question du soutien à ces espaces actuellement en panne. Les pouvoirs publics ont un rôle à jouer ainsi que les mécènes qui peuvent saisir cette occasion pour apporter un appui qui se projette dans l'avenir. Les idées ne devraient pas manquer pour aider tous ces espaces à traverser la crise. Une solution structurelle urgente L'exemple qui vient à l'esprit est celui de la subvention de spectacles. Par exemple, les pouvoirs publics pourraient subventionner des spectacles pour des cycles de représentations à venir. De même, les sponsors les plus actifs pourraient acquérir des billets par anticipation et attendre des jours meilleurs pour les utiliser. Il faut prendre la véritable mesure de la situation pour en tirer toutes les conséquences. Pour citer l'exemple de l'Octobre musical de Carthage, cette manifestation pourrait ne pas avoir lieu alors qu'elle devait démarrer le 23 octobre. La raison est simple: nul ne sait encore si le couvre-feu sera prolongé. De même, les vernissages d'expositions dont suspendus à cause de la promiscuité qu'ils impliquent. Même chose pour les théâtres et les cinémas où le public ne se risque plus par mesure de précaution. En ce qui concerne les structures culturelles du service public, les choses se présentent autrement. En effet, dans ces espaces, les activités culturelles sont suspendues jusqu'à nouvel ordre mais sans qu'il y ait un impact sur les résultats. En effet, dans le service public, l'accès est quasiment gratuit, le personnel formé de fonctionnaires et l'activité financée par la tutelle. Cela permet de traverser la crise actuelle avec des dégâts moindres. Une solution structurelle urgente est à définir pour les espaces culturels privés pour lesquels l'incertitude dure depuis plus de neuf mois. À l'heure où pèse l'incertitude, il est important de rassurer les courageux animateurs de ces espaces qui sont et resteront le sel de notre vie culturelle. HB