p class="p1" style="text-align: justify; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 11px; line-height: normal; font-family: "Myriad Pro";"Le Temps - Ali Laïdi BEN MANSOUR p class="p1" style="text-align: justify; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 11px; line-height: normal; font-family: "Myriad Pro";"On savait que le problème du déséquilibre régional est une bombe à retardement et tous les gouvernants depuis 2011 ont essayé de l'éviter autant qu'ils ont pu. Mais voilà que le dernier accord d'El Kamour, que Méchichi et son gouvernement ont eu le mérite de ne pas esquiver, fait tache d'huile... Au même moment où l'accord d'El Kamour entre en vigueur, on se rappelle soudain de cette étude diligentée par l'INS sur la carte de la pauvreté dans le pays. Là on découvre vraiment ce qu'est le legs de plus de 60 ans d'indépendance et de d'injustice que certaines régions ont enduré ! Les raisons sont diverses et même si l'Etat de Bourguiba, et celui de Ben Ali à sa suite, avaient laissé une vraie jachère de développement dans l'Ouest et dans le Sud du pays, il faut avouer que les conditions naturelles et sociales y ont aussi pour leur part. L'apport n'a pas dépassé les minimas L'Etat n'a pas été totalement absent. Il faut rendre à César ce qui lui revient. Il faut d'abord signaler que Bourguiba et les pères de l'indépendance avaient fait un effort gigantesque de développement dès les années 60 concernant l'enseignement, la santé, le rapprochement de l'administration des citoyens, les infrastructures et l'aménagement du territoire. Il fallait sortir d'une situation que l'occupant français avait laissé dans un état presque moyenâgeux. Les résultats de l'euphorie de ces années ont sûrement masqué beaucoup des ratés. Même sous Ben Ali et sa famille, les régions intérieures ont eu des miettes du gâteau. Cependant ce qui était à l'œuvre était beaucoup plus pernicieux. En investissant dans les régions, l'Etat ne faisait que son devoir et il choisissait ses interventions selon des critères qui ont varié d'une époque à l'autre. Ainsi, par exemple, Bourguiba et le parti Destourien n'ont pas oublié la querelle yousséfiste et ont « puni » presque toutes les régions de l'intérieur qui se sont alignées avec Salah Ben Youssef. Tout le Sud, et une grande partie de l'Ouest et du centre étaient yousséfiste. Ben Ali a eu une autre approche qui a fait perdurer les choix précédents mais en les édulcorant par des interventions ciblées et clientélistes, comme l'ouverture du Sud Est sur la Libye ou l'installation des aéroports à Gafsa et à Tabarka. Pendant ce temps-là et avec le développement et l'industrialisation du littoral, l'exode a creusé encore plus l'écart et les régions intérieures se sont carrément dépeuplées en faveur du Sahel et de la capitale là où il y avait toujours du travail. Ainsi on se retrouve aujourd'hui avec un déséquilibre démographique flagrant où plus de la moitié de la population est concentrée entre Sfax et Bizerte ! Comment prendre les devants de cette crise ? Après Tataouine, et en plus de Gafsa où le phosphate est à l'arrêt depuis des années, voilà Le Kef, Tozeur et Gabès qui se réveillent réclamant encore plus l'intervention immédiate de l'Etat. D'autres régions risquent de suivre. La carte de la pauvreté nous révèle combien certaines régions, de Kasserine ou de Kairouan ou d'ailleurs, ont de retard. L'occasion est unique pour le pays, même en pleine crise économique et épidémiologique, de prendre à bras le corps ce problème et d'en faire une clé de la résilience nécessaire. L'apport de l'Etat est certes déterminant dans cette approche. Cependant, recopier le modèle de l'intervention étatique traditionnel à coup de sentiers agricoles, de gonflement de la fonction publique, des prêts soit disant « facilités » ne fera plus l'affaire. Si certaines régions, comme Gafsa, se targuent de la richesse de leur sous-sol, d'autres ne l'ont pas. Kasserine, où les taux de pauvreté est de plus flagrant est dans ce cas, Le Kef, Siliana, Kairouan, Kébili, également. Mais ces régions ont d'autres atouts à exploiter et représentent d'autres opportunités qui n'ont pas été exploitées à bon escient. Le sujet est suffisamment complexe qu'il ne peut être confié à la seule discrétion de l'appareil bureaucratique de l'Etat. Le sujet est également multiforme et imbriqué qu'il ne peut être traité au cas par cas. Les besoins en financement sont tellement grands qu'ils ne peuvent en aucun cas être satisfaits par les ressources publiques à sec ces temps–ci. Ainsi il serait impératif de s'inspirer de la mobilisation de toute la société civile dans chaque région pour prioriser les solutions, inventer les approches novatrices, faire bouger les volontés. Depuis des années des experts et des chercheurs n'ont cessé d'étudier ces sujets. Des exemples de réussites dans les mêmes conditions existent de part le monde. Nous devons nous en inspirer. Le chantier du développement régional est un des plus grands et de plus riches en potentiels. Autant que les reformes politiques que nous appelons de nos vœux et qui ne peuvent être fait que dans une approche collective et pluraliste, le développement des régions doit être traité dans ce sens. La présidence de la république peut initier une approche consensuelle dans ce sens pour appuyer les interventions du gouvernement et les inspirations des citoyens et surtout ne pas laisser certains partis politiques manipuler ces revendications légitimes. p class="p1" style="text-align: justify; text-indent: 8.5px; font-variant-numeric: normal; font-variant-east-asian: normal; font-stretch: normal; font-size: 11px; line-height: normal; font-family: "Myriad Pro";"