Dans une approche transdisciplinaire, la plasticienne Nadia Zouari accompagne la musicienne Alia Sellami dans deux de ses projets. Une rencontre artistique où la peinture prolonge la musique. Alia Sellami est d'abord et avant tout musicienne. Elle compose des oeuvres fascinantes, ouvertes et toujours métissées. Dans son dernier projet artistique, Sellami a associé plusieurs intervenants qui ont instillé leur touche personnelle. Intitulé "Pausa", le projet de Alia Sellami est une véritable polyphonie, une suite en quatre mouvements qui s'emboîtent et ouvrent des horizons musicaux et poétiques. En quatre séquences, Alia Sellami développe une parabole du temps en suspens et nous renvoie à ce temps immobile du confinement. Dans "Silenzio", "Ya Latif", "Pausa" et "Fuga", les ambiances se succèdent avec l'apport de plusieurs artistes dont Nadia Zouari. Celle-ci présente un travail plastique qui vient prolonger les compositions de Alia Sellami dans deux pièces intitulées "Silenzio" et "Pausa". Nadia Zouari analyse pour nous l'interaction entre deux artistes et deux oeuvres en regard. "Se laisser porter par la musique" - Comment avez-vous approché la musique de Alia Sellami ? - Il est des moments où l'on ne peut que se taire, se laisser prendre par des impressions inconnues. Les mots sont parfois inadéquats ou presque insignifiants devant la sensation ressentie. C'est ce que m'a évoqué la pièce musicale d'Alia Sellami avec laquelle j'avais envie de collaborer depuis longtemps. Sa musique m'a portée vers cet espace créé, émouvant, qui peut bouger, se transformer, évoluer dans l'œil de celui qui regarde tout comme dans l'oreille de celui qui écoute. Il faut rester devant les peintures un bon moment, s'y plonger, non pas regarder chaque œuvre comme un objet unique, mais plutôt les laisser interagir entre elles, imaginer un autre monde, et se laisser porter simultanément par la musique. - Est-ce aussi la même démarche pour "Pausa"? -Ce qui m'intéresse, c'est que chacun puisse se raconter sa propre histoire et dans cette période précise, les histoires ont représenté des pauses multiples. Ma peinture, tout comme la musique d'Alia Sellami, doit rester un vecteur d'émotions. Pour qu'elle aille faire sa vie et rejoindre celui qui la regarde ou celui qui l'écoute. Pour moi, l'important n'est pas l'à priori de la construction mais la portée des idées contenues et des sensations perçues. Des horizons pluridisciplinaires Nadia Zouari poursuit son chemin artistique en multipliant les collaborations et en gardant un cap ancré dans l'abstraction et la recherche chromatique. Dans son interprétation de la musique de Alia Sellami, elle privilégie la sensation et l'urgence de l'instant pour créer à son tour, un réseau de signes visuels. Ce faisant, les deux artistes défrichent des horizons pluridisciplinaires et contribuent à l'originalité plurielle de "Pausa", un concept inclusif par définition. En effet, Alia Sellami met la porosité artistique au coeur de sa démarche et laisse venir vers elle, les voix multiples de plusieurs autres créateurs. Cette méthode ne manque pas de déboucher sur un caractère polymorphe et diffus qui fonde l'installation sonore et visuelle "Pausa", un must de l'exposition Culture Solidaire qui accueille dix-huit artistes jusqu'au 20 décembre. Nadia Zouari continue ainsi à entretenir des synergies créatrices et des partenariats artistiques. En attendant sa prochaine collection personnelle. H.B