À l'entrée de la Goulette se trouve une forteresse dont l'origine remonte au seizième siècle et témoigne des luttes entre Espagnols et Ottomans. Un monument historique chargé d'histoire. Tous les Tunisiens connaissent la Karraka de la Goulette. Le nom de ce monument qui se trouve à l'entrée de la ville demeure nimbé de mystère et évoque vaguement la phonétique des "Karak", ces châteaux-forts qui se trouvent en Orient. Une histoire mouvementée La Karraka a une longue histoire. Cet édifice qui pour l'essentiel est une fortification, a aussi servi de prison voire d'entrepôt. Pour l'heure, cette immense bâtisse semble délaissée voire à l'abandon. En fait, il n'en est rien car sa restauration est à l'ordre du jour. De plus, chaque été, malgré son délabrement relatif, le monument continue à accueillir un festival d'été dédié à la culture méditerranéenne. Quelles sont les origines et les évolutions de cette Karraka goultetoise ? Les livres d'histoire nous l'apprennent et soulignent surtout que ce fort a constitué un enjeu que se disputaient Espagnols et Ottomans au tournant du dix-septième siècle. L'histoire mouvementée de la Karraka mérite d'être mieux connue et pour sommaire qu'elle soit, cette brève notice tentera d'en éclairer quelques unes des péripéties les plus remarquables. Les quatre bastions de Charles Quint Au seizième siècle, au temps de Charles Quint, une forteresse fut édifiée à La Goulette. De forme carrée, ce bâtiment défensif avait alors été renforcé par quatre bastions. Ces bastions portaient les noms de Saint-Michel, Saint-Jacques, Saint-Georges et Sainte-Barbe. La citadelle de La Goulette dans son ensemble avait été construite par les gouverneurs espagnols durant l'occupation qui dura de 1535 à 1574. En fait, cette fortification réputée imprenable ne put résister à l'assaut des troupes ottomanes qui y firent des brèches grâce à leur artillerie et purent pénétrer dans La Goulette. A cette époque, la forteresse initiale avait été renforcée par une enceinte munie de six bastions. Elevée sous Philippe II, cette muraille avait circonscrit deux parties différentes dans ce qui fut La Goulette de l'époque. Il y avait d'une part la forteresse initiale qui était appelée Vieille Goulette et d'autre part, l'enceinte aux six bastions nommée Nouvelle Goulette. Les Turcs parvinrent à bout des deux fortifications et s'emparèrent de la ville. Après l'assaut et la prise de La Goulette, les Turcs remirent en état deux bastions de la Vieille Goulette pour assurer la protection des lieux. Ils maintiendront une garnison d'une trentaine de janissaires pour la surveillance du port. Les janissaires de la Goulette Toutefois, La Goulette demeurera disputée et les incursions pouvaient être redoutables à l'image des six galères maltaises qui en 1640 purent pénétrer dans la rade et s'emparer de bateaux corsaires sans que la puissance de feu du fort ne les en empêche. Cet incident poussa le dey Ahmed Khodja à construire un nouveau fort pour défendre le port de manière plus efficace. De la sorte, au dix-septième siècle, La Goulette fut pourvue de deux forts pour assurer sa protection. L'un de forme carrée était hérité des Espagnols et l'autre, de forme arrondie, avait été construit par le dey. Un plan manuscrit de 1743 confirme cela. On y voit le vieux fort espagnol avec ses deux bastions, le nouveau fort de Ahmed Dey et, entre les deux, le canal entre le lac et la mer. H.B