C'était en juin 2014 , Mehdi Ben Cheikh, galeriste, directeur de Itinerrance à Paris, invitait 250 street artists à investir le village d'Erriadh à Djerba, une vaste opération artistique appelée Djerbahood fut organisée, elle a eu des effets inouïs tant sur le plan artistique que touristique, l'événement a été relayé par les médias nationaux et internationaux, le village d'Erriadh est devenu un endroit, une curiosité pour les visiteurs ordinaires et un lieu de pèlerinage pour les artistes du monde. Cinq ans plus tard, le même Mehdi Ben Cheikh, qui a eu un coup de coeur pour l'île, toujours bouillonnant d'idées invite l'artiste urbain, mosaïste français de renom, Franck Slama, alias Space Invader ou Vavadeur, à effectuer une action dans l'île. Le travail de Invader (envahisseur) consiste à envahir un espace en utilisant les icônes en forme de mosaïque, reprenant le jeu appelé Space Invader, un jeu vidéo d'origine japonaise, crée dans les années 1980 ; et qui a eu un succès planétaire, conçu et programmé par le japonais Tomohiro Nishikado. Considéré comme le premier archétype du Shoot them up ( tirez sur eux), le jeu est aussi l'un des titres les plus influents et célèbres de l'histoire des jeux vidéo. Invader, est l'un des artistes urbain les plus en vue, chacune de ses intervention est saluée par la presse ; un artiste moderne qui utilise l'espace public comme support qu'il envahit à travers le monde , créant sa marque de graffitis issus de la culture populaire ; il a installé des mosaïques pixellisées partout sur les murs des grandes métropoles, de Paris, New York ou Marseille. En 2019, piloté par Mehdi Bencheikh, il a sillonné l'île de Djerba de bout en bout, sélectionnant les lieux de son intervention, il peint ses personnages sur les murs de rues et placettes à Erriadh, évidemment, village devenu « symbole » de l'art urbain, puis sur une station de bus ou un mur d'une maison sur la route dans un coin perdu...au final, l'île a gagné en notoriété touristique et artistique, il s'agit de l'une des plus admirables expériences de l'artiste, au total 58 interventions réparties sur l'ensemble de l'île, ce qui représente une magnifique façon de découvrir un itinéraire artistique et ludique. Plus d'une année plus tard, au mois de janvier dernier, la galerie Itinerrance, met en vente aux enchères la « Carte d'invasion de Djerba » qui a été brûlée à la main par l'artiste, imitant en cela les vieilles cartes des pirates. Chaque exemplaire est unique par la forme que prend la carte défigurée par les brûlures et imprimée sur du papier épais et non plié. L'île désertée par ces temps de pandémie, mesurera dans le futur la force de l'impact de cette action de haute teneur sur le tourisme. H.H