Othman Babba reste toujours partagé entre poésie et peinture. Le travail de cet artiste se caractérise aussi par une régularité de métronome et un recours constant à l'œuvre des poètes dans ses tableaux. Un cheminement de chercheur graphique C'est à la fin des années quatre-vingt-dix que Babba s'était distingué avec une collection d'œuvres très graphiques inspirées des poètes qu'il aime lire. De René Char à notre Chebbi national Babba a en quelque sorte prolongé les mots des poètes avec son propre travail plastique. Depuis, tout en publiant plusieurs livres, il a persévéré dans ce cheminement entre deux arts majeurs. Chaque année ou presque, Babba est revenu avec une nouvelle collection et des recherches toujours passionnantes. Le voici au seuil du printemps qui retrouve les cimaises de l'Aire libre d'El Teatro et sa belle complicité avec Mahmoud Chalbi, animateur des lieux. La nouvelle série de Babba s'intitule "Des hommes et des villes". Il y reconstitue une vision de l'urbain qui s'enracine autant dans l'univers des artistes naïfs que dans les oeuvres des artistes qui ont investi la ville de leur grain de sel poétique à l'image de Ammar Farhat ou Abdelaziz Gorgi qui ne sont jamais loin lorsqu'un peintre s'aventure dans nos médinas. Entre tournis et nostalgie Avec une touche géométrique qui lui est propre et des personnages à peine esquissés mais si attachants, Babba médite et médine à la fois. Il s'amuse de tout et recrée un monde où les parallèles se croisent et les temporels se marient. Dans des villes où s'affichent des profils traditionnels, les remparts jouxtent les arcades qui alternent avec les maisons et les boutiques. Ce sont des villes qu'il saisit dans leur candeur que l'artiste nous invite à visiter. Ce sont aussi leurs habitants que nous retrouvons dans leur mode de vie et avec leur sérénité parfois perturbée par le surgissement des novations. Babba dresse une véritable galerie de passants, de piétons impromptus qui peuplent la ville et lui donnent son âme. Ces personnages, il les croque avec humour et générosité. Sans appuyer sur l'allégorie, il ne s'en fait pas moins conteur, multiplie les clins d'oeil et les évocations. À découvrir dès mardi 9 mars, la nouvelle collection de Othman Babba offre un regard sur les dynamiques urbaines et va surtout à la recherche du spontané et de ce qui caractérise les mieux hommes et villes, entre tournis et nostalgie.