La diplomatie bégaye Le Temps-Agences - Des milliers de civils congolais déplacés par les combats dans le Nord-Kivu sont en quête d'aide tandis que la communauté internationale multiplie les efforts pour faire de l'actuel cessez-le-feu fragile une paix durable. "La situation est catastrophique, il n'y a pas d'autres mots", a déclaré un porte-parole du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) à Kinshasa, capitale de la République démocratique du Congo. Profitant d'une accalmie précaire aux abords de Goma après les violents affrontements du début de semaine, les organisations humanitaires étrangères ont repris leurs opérations, distribuant de l'eau et de la nourriture aux civils déplacés à Kibati, à une vingtaine de kilomètres plus au nord. Le général congolais déchu Laurent Nkunda, chef des rebelles tutsis, a décrété un cessez-le-feu mercredi soir après être arrivé aux portes de Goma et il a demandé que des négociations aient lieu sous l'égide d'un médiateur indépendant. A Paris, le Quai d'Orsay a annoncé la visite hier à Kinshasa et Goma du ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, qui sera accompagné du secrétaire au Foreign Office, David Miliband, et du secrétaire d'Etat français à la Coopération, Alain Joyandet. Le chef de la diplomatie française pourrait se rendre aussi à Kigali au cours de cette visite-éclair d'une durée de 24 à 48 heures. A Bruxelles, le Comité politique et de sécurité (Cops) de l'Union européenne a convenu hier que l'Europe devait contribuer aux efforts en vue de stabiliser la région, sans prendre toutefois de décision quant à l'envoi éventuel d'une force militaire européenne en appui aux casques bleus. "Un accord général s'est dégagé sur la nécessité pour l'UE de s'impliquer dans la région et sur le fait que la priorité devrait être de sécuriser l'aide humanitaire", a déclaré une source auprès de la présidence des Vingt-Sept. L'option de l'envoi d'un bataillon européen reste sur la table mais pas dans un avenir immédiat, a précisé cette source, sous couvert de l'anonymat, après la réunion. A Londres, le secrétaire d'Etat à la Coopération, Douglas Alexander, a annoncé que Londres allait débloquer une aide alimentaire de cinq millions de livres sterling supplémentaires. De son côté, le secrétaire général des Nations, Ban Ki-moon, a exhorté les rebelles à maintenir le cessez-le-feu qu'ils ont décrété et à ouvrir le dialogue avec les autorités de Kinshasa. Le secrétaire général de l'Onu, qui a dit craindre que le conflit ne débouche sur une catastrophe humanitaire de grande ampleur, a dépêché des émissaires à Kigali et à Kinshasa pour entreprendre une médiation. Nkunda menace d'occuper Goma, chef-lieu du Nord-Kivu, si les casques bleus ne garantissent pas la trêve et la sécurité en ville. Il a notamment accusé les éléments de la Mission de l'Onu au Congo (Monuc) de n'avoir pas empêché le massacre de civils par les forces gouvernementales en déroute. hier, des civils profitaient de l'accalmie pour fuir Goma, où ils s'étaient réfugiés, et tenter de rentrer chez eux. Nkunda a ordonné à ses troupes d'ouvrir des "couloirs humanitaires" à travers leurs lignes. "La situation semble être très calme à Goma pour le moment. L'accès à Kibati a ouvert hier matin mais nous n'avons pas accès à Rutshuru ou à d'autres zones. Nous distribuons 6.000 biscuits à 6.000 enfants de Kibati", a déclaré Jaya Murphy, porte-parole de l'Unicef à Goma.