Le Temps-Agences - Le président soudanais Omar el-Béchir se rend au Darfour aujourd'hui quatre jours à peine après le mandat d'arrêt émis contre lui par la Cour pénale internationale (CPI) et l'expulsion d'une dizaine d'ONG offrant une aide essentielle à plus d'un million de personnes. Les autorités ont confirmé hier la visite du président à El-Facher et Nyala, deux plus grandes villes du Darfour de l'ouest soudanais en proie à la guerre civile depuis 2003 qui a fait 300.000 morts selon l'ONU, mais 10.000 selon Khartoum, en plus de 2,7 millions de déplacés. La CPI a délivré le 4 mars un mandat d'arrêt contre M. Béchir pour « crimes de guerre et contre l'humanité au Darfour », mais ce dernier y a répondu avec force en décidant d'expulser 13 des plus importantes ONG actives au Darfour. "Si quelqu'un veut nous combattre, il ne devrait pas passer par des résolutions du Conseil de sécurité ou la CPI, mais plutôt venir sur notre sol pour se battre", a lancé hier M. Béchir pointant une lance dans les airs lors d'un discours à Khartoum devant des partisans venus du Sud-Soudan. "Les ONG expulsées sont des voleurs. Elles gardent 99% des fonds pour elles-mêmes et ne donnent qu'un pour cent à la population du Darfour", a encore accusé le président soudanais vêtu d'un costume traditionnel de chef tribal du Sud-Soudan, et coiffé d'un chapeau de plumes. La décision de Khartoum allait priver de nourriture, d'eau potable et de soins de santé plus d'un million de personnes au Darfour, ont indiqué des responsables onusiens. La population du Darfour "ne sera pas affectée" par le départ de ces ONG, a affirmé le ministre soudanais de l'Information, Zahaoui Ibrahim Malik, précisant que l'absence d'ONG internationales allait être comblée par des organisations locales. "Ce n'est pas possible, dans un délai raisonnable, de remplacer la capacité et l'expertise que ces ONG ont fournies sur une longue période", ont néanmoins souligné les agences de l'ONU au Soudan dans un communiqué.