Dès aujourd'hui, les véhicules seront interdits d'accès à l'avenue Habib Bourguiba, artère principale du centre-ville de Tunis. C'est ce qu'a annoncé le Ministère de l'Intérieur dans un communiqué publié lundi, évoquant des raisons de sécurité. Cette interdiction de circulation concerne les véhicules de tous types et se prolongera jusqu'au lundi 14 septembre en fin de journée. Le week-end dernier, le ministère de l'Intérieur interdisait l'accès à l'avenue Habib Bourguiba aux véhicules sans mentionner de raison particulière. Aujourd'hui les choses se précisent et les responsables parlent de menaces terroristes et même de potentiels attentats à la voiture piégée. L'avenue Habib Bourguiba qui abrite de nombreux commerces mais aussi le siège du ministère de l'Intérieur, l'ambassade de France et la cathédrale de Tunis est l'un des points les plus sensibles de la capitale tunisienne. D'autres sites seraient également dans le viseur des terroristes, dont le ministère du Tourisme, la place de la Kasbah et le mausolée du syndicaliste Farhat Hachad, situé à Bab Bnet. A l'approche de la funeste date du 11 septembre commémorant les attentats du World Trade Center et celle du 14 septembre, coïncidant avec l'attaque de l'ambassade des Etats Unis à Tunis, survenue en 2012, les autorités tunisiennes sont sur leurs gardes et semblent redouter de nouvelles attaques djihadistes qui plongeraient le pays dans un chaos sans précédent. Dans son allocution datant du 4 juillet dernier pour annoncer le décret de l'état d'urgence dans le pays, le président Caïd Sebsi avait annoncé, d'un air fermé : « Une autre attaque terroriste et l'Etat s'écroulera». Info ? Intox ? Si certains doutent de la véracité de ces nouvelles menaces qui pèsent sur la Tunisie et considèrent qu'en disséminant de telles informations en ce moment précis, les autorités cherchent surtout à empêcher tout mouvement protestataire relatif au projet de la loi sur la réconciliation nationale, d'autres estiment qu'il y a actuellement un réel risque sécuritaire. Le Département d'Etat américain a, par exemple, publié un communiqué le 31 août dernier, dans lequel il appelle les ressortissants américains vivant en Tunisie ou ceux qui comptent s'y rendre à être extrêmement prudents et ce jusqu'au 30 septembre prochain. Cette annonce n'a fait que raviver les craintes des citoyens tunisiens. Une véritable psychose a commencé à s'installer dès l'attentat du Bardo, accentuée par l'attaque terroriste de Sousse et ayant atteint son apothéose ces jours-ci par ces multiples appels à la vigilance et informations relatives à de potentiels actes terroristes imminents. Nombreux sont les exemples qui démontrent à quel point les Tunisiens vivent désormais dans la peur. Hier, un mouvement de panique a été causé par un simple briquet à l'aéroport international de Carthage. En effet, cet objet en forme de grenade, retrouvé dans le bagage d'un voyageur en provenance de la Libye, a été, durant un laps de temps, confondu avec une vraie bombe. Cela a suffi pour semer la terreur parmi les présents. Pire encore, certains média ont rapporté les faits sans préciser qu'il ne s'agissait là que d'un briquet, ce qui a eu comme conséquence la propagation d'une rumeur persistante faisant état d'une alerte à la bombe à et d'une tentative d'attentat l'aéroport de Tunis. De déboire en désillusion, le citoyen tunisien ne mène vraiment pas une existence facile. S'il était essentiellement préoccupé jusqu'à un passé proche par des soucis d'ordre socio-économique, le Tunisien devra désormais composer avec un nouveau facteur et pas des plus plaisants: la peur. La peur de l'autre, de l'inconnu, du lendemain, du terrorisme. A défaut de pouvoir envahir aisément le territoire tunisien comme ce fût le cas de la Libye et de la Syrie, les terroristes ont toutefois réussi à terroriser une large frange de la population tunisienne et à créer une véritable psychose. Et ceci n'est pas une mince victoire !