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« L'élite politique incapable de faire face à l'instabilité depuis 2011 »
Publié dans Le Temps le 17 - 04 - 2016

Sociologue et démographe, docteur Mohamed Larbi Azouz s'intéresse aux différents aspects de la société arabo-musulmane en revenant, incessamment, à l'Histoire de ces peuples. Au lendemain de la révolution du 14 janvier, Larbi Azouz a publié un livre intitulé ‘Vents révolutionnaires, vents d'apostasie', où il est revenu sur le conflit que ne cesse de vivre notre pays depuis la chute du régime de Ben Ali.
Au cours de cet entretien, nous sommes revenus avec le chercheur sur l'échiquier politique national et international. Notre invité nous a dressé sa lecture des circonstances politiques de notre monde actuel.
-Le Temps : Après les événements de Kasserine, survenus au cours du mois de janvier, le gouvernement d'Essid fait aujourd'hui face à de nouveaux soulèvements qui se déroulent, cette fois, à Kerkennah. Comment expliquez-vous cet enchaînement de révoltes sociales?
Larbi Azouz :Depuis le soulèvement populaire de décembre 2010, à janvier 2011, le pays est entré dans une période d'instabilité prolongée qui n'a pu être maîtrisée par l'élite politique, qui s'est avérée peu compétente et dont l'ancrage populaire est très faible, la preuve les dernières élections législatives et présidentielles où le taux de participation de l'électorat tunisien avoisine les 35%, ce qui prouve que l'élite politique aussi bien gouvernante qu'opposante est très faiblement représentative du peuple tunisien.
Après des décennies de dictature, les langues se sont déliées et toutes les aspirations refoulées ont éclaté, présentant des revendications à la fois sociales et politiques, non satisfaites par l'ancien régime.
L'Etat avec toutes ses structures a faibli et n'arrive pas à endiguer les revendications populaires, ni à les satisfaire. L'économie a décliné, au point d'atteindre un taux de croissance négatif. L'Etat s'endette de plus en plus et n'arrive même plus à subvenir à ses dépenses courantes, sans s'impliquer dans davantage de dettes contraignantes.
La classe politique n'a pas fait preuve d'esprit créateur pour présenter des solutions appropriées et nécessaires aux revendications populaires, les vieux démons du régionalisme, du localisme et du corporatisme rebondissent et attaquent l'homogénéité du tissu social. Des programmes très approximatifs, des chefs politiques très faiblement charismatiques n'ont pas pu contribuer à stabiliser la société.
Les compétences réelles dans tous les domaines continuent depuis l'époque de Ben Ali à être marginalisées .Ajoutez- y l'esprit de conquête et de rapine qui anime les uns et les autres, qui se mettent à engager leurs amis et « copains « de manière anarchique dans les entreprises étatiques et para- étatiques, sans soucis de compétence, ni de productivité.
Exemple parfait, la CPG qui employait près de 8000 employés avant la révolution et en emploie actuellement plus de 30 000, avec une productivité trois fois moindre. La classe politique semble plutôt préoccupée par sa situation politique que par les intérêts populaires, Tant que cette situation se perpétue, il faut s'attendre à des perturbations sociales, qui pourraient être aiguës, non pas forcément contre le gouvernement de Habib Essid, mais contre n'importe quel gouvernement qui lui succéderait.....l'incompétence étant la chose la mieux partagée au sein de ce qu'on appelle l'élite politique actuelle.
Il faudrait peut- être avoir le courage de changer complètement d'optique politique et de mettre un terme à la politique mercantile des uns et des autres et penser à former un gouvernement d'union nationale, englobant les principaux partis politiques, l'UGTT, l'UTICA, les autres organisations professionnelles et les acteurs majeurs de la société civile, sur la base d'une charte nationale progressiste qui stabiliserait le pays pendant une période au moins de cinq ans.
Sans cela, la situation sociopolitique demeurera précaire et sujette à des soubresauts qui pourraient être catastrophiques, abstraction faite de qui présidera le gouvernement.
-Afek Tounes nous donne l'impression de se rebeller contre la coalition des partis au pouvoir. Mohamed Fadhel Ben Omrane a même considéré les manœuvres d'Afek d'un coup de poignard dans le dos. Pensez-vous que l'on s'apprête à un important changement du paysage politique et parlementaire?
Qu'Afek Tounes se rebelle ou ne se rebelle pas, cela n'apportera aucun changement significatif dans le paysage politique actuel. Le mal profond est déjà fait avec l'éclatement anarchique de Nidaa Tounes, dont le comportement politique à laissé une bonne partie de l'électorat qui l'a crédité de ses voix perplexe et dans le doute que ce parti puisse honorer les engagements qu'il a tenus pendant la période électorale.
Afek Tounes est mal à l'aise avec son ancrage dans la coalition gouvernementale, parfois contre nature à laquelle il a appartenu et dont il a défendu avec acharnement certaines composantes. Laissons de côté les accusations plutôt morales et moralisantes dont il est taxé par les uns et les autres et admettons que le malaise politique d'Afek Tounes provient du sentiment qu'il éprouve d'être traité en parti mineur par les deux ailes de la coalition, Ennahda et Nidaa Tounes, qui lui donnent l'impression de n'être qu'un supplétif dans une coalition dominée par ces deux grands.
Les échecs cumulés et la difficulté d'arrêter un programme de gouvernement clair et conséquent et de réaliser des résultats concrets ne contribuent pas à souder les liens entre les partis de la coalition. Afek Tounes semble craindre sérieusement de compromettre son avenir politique,
-Al Horra est aujourd'hui le troisième bloc au sein de l'ARP. Toutefois, les leaders n'arrivent toujours pas à se défaire de l'image des dissidents de Nidaa Tounes?
Déjà les gens sont embrouillés avec la multiplication des partis politiques, les dissidences et les éclatements qui se perpétuent, au point qu'on ne sait plus à quel saint se vouer. Comment peut-on comprendre la volonté de certains anciens responsables de Nidaa Tounes de scinder leur mouvement et de créer un nouveau parti ? Comment peut-on saisir les nuances entre Nidaa Tounes, El Horra et Le Projet? Quel est le programme de cette nouvelle formation qui nous permettrait de saisir son profil politique par rapport à Nidaa Tounes ? Clivage politique et idéologique par rapport à Ennahdha ? Refus des pratiques claniques et clientélistes qui ont caractérisé Nidaa Tounes ? Quelles garanties cette nouvelle formation peut-elle donner à l'électorat pour ne pas dénier plus tard les promesses données actuellement ? Qu'est ce qui prouve que ce n'est pas une réédition de l'expérience de Nidaa Tounes ?
Chat échaudé craint l'eau froide, dit le proverbe !!! Quant aux accusations de dissidence lancées par certains dirigeants de Nidaa Tounes, à l'encontre de cette nouvelle formation, ils auraient mieux fait de remonter aux sources du problème pour pouvoir, peut- être, éradiquer ses conséquences néfastes. En attendant, Le Projet ou El Horra est un nouveau parti qui s'ajoute à la constellation des partis qui peuplent l'espace politique actuel, avec certes beaucoup de cadres patriotiques, compétents qui pourraient contribuer sérieusement à débloquer la situation politique actuelle, s'ils font preuve de plus de transparence.
-Ennahdha a récupéré sa place première au sein de cette même ARP. Cependant, ses décideurs ne cessent de nous faire comprendre qu'ils ne souhaitent pas récupérer la première place au pouvoir. Comment l'expliquez-vous?
Ennahdha continue à manœuvrer en tâtonnant. Ses dirigeants les plus lucides saisissent l'ampleur des résistances à son hégémonie, malgré l'éclatement de Nidaa Tounes. Ils savent qu'ils ne peuvent pas constituer une majorité parlementaire qui leur permette de présider l'Assemblée.
Alors ils jouent les magnanimes, en attendant des lendemains meilleurs qui chanteront ou qui ne chanteront, peut- être jamais ! Ils ont lancé des ballons d'essai, par quelques uns des leurs, sans se mouiller eux-mêmes, mais le retour était négatif. Alors, ils temporisent. Certains de ses dirigeants ont une bonne lecture de la carte géopolitique qui n'est plus favorable, actuellement à la prépondérance de l'Islam politique, après les coups qui lui ont été portés en Egypte, en Syrie, après les changements de vision opérés aussi bien par les Anglais que les Américains, après les maigres résultats que leurs congénères ont réalisés en Libye, donc, pour le moment, pour Ennahdha, c'est « wait and see «.
-Pensez-vous que ce mouvement réussira, au cours de son dixième congrès, à séparer le volet politique de celui religieux?
Il ne s'agit pas pour eux de séparer le politique du religieux, ils ne l'ont jamais dit et ils ne le diront jamais assez. Mais ce qu'ils veulent dire, c'est la séparation des affaires du prêche (adaâwa) des pratiques politiques.... C'est un leurre absolu, parce que cette soi- disant séparation est déjà pratiquée ailleurs. Le Conseil de la Choura est séparé du parti politique qui développe les thèses des frères musulmans, donc du Conseil de la Choura.
-Certains analystes renvoient cette intention d'Ennahdha de séparer ces deux volets par les changements internationaux: l'affaiblissement mondial de l'organisation des Frères musulmans. Êtes-vous d'accord avec cette théorie?
Les changements survenus sur le plan international et régional, qui se sont opérés au détriment de l'Islam politique, ont incité les dirigeants d'Ennahdha à temporiser, à faire preuve de beaucoup de souplesse, à tergiverser, à pratiquer une politique d'islamisation rampante, dans les sphères du social et de la finance, à montrer qu'ils se démarquent de leur aile jihadiste, mais il est difficile, voire impossible que l'islam politique change de nature et renie ses fondements théoriques et idéologiques, basés sur l'application de la chariâa et la restauration du Califat islamique.
Leur existence n'aura plus de sens sans ces fondamentaux. Lors de leur prochain congrès, ils sauront trouver une sortie pour convaincre ceux qui veulent être convaincus de leur bonne volonté de se transformer en parti civil, mais, l'héritage est tellement lourd qu'ils ne présenteront rien de substantiel dans ce sens.
-Et quelle est votre analyse quant à la montée impressionnante de l'organisation terroriste de Daech surtout en Syrie?
Daech, comme El Qaeda, ce sont des supplétifs de l'hégémonisme mondial. Ce sont des tâcherons au service de l'hégémonisme anglo- saxon. Ils sont destinés à demeurer tant que cet hégémonisme a besoin de leurs services. Leur vocation est d'assumer le rôle de soldats de la guerre de quatrième génération, dont le label est : « détruisez-vous par vous mêmes- destroy your self".
Quelles sont les victimes de Daech et El Qaeda, ce sont à 95% des arabo- musulmans. Les coups terroristes portés en Europe occidentale, sont destinés à déstabiliser la vieille Europe, noyée du reste par des flots immenses d'immigrés destinés à dénaturer sa composition démographique et à la cosmopolitiser.
Le soft power à la Soros et le hard power à la Daech, complotent sans coordonner leurs actions contre aussi bien le monde arabe, que l'Asie Centrale, que la vieille Europe. Dernier cas de figure, les dossiers du Panama., qui sont essentiellement une arme du soft power contre l'Asie Centrale et la vieille Europe. Daech a reçu des coups très durs en Syrie et Irak, à Ben Guerdane aussi, le coup qui leur a été infligé était terrible...au passage, un grand salut à nos forces armées et à notre peuple à Ben Guerdane, mais Daech n'est pas pour autant détruite.
On va encore la subir en Libye, et en Algérie ! En Tunisie, ses chances sont faibles, c'est un peuple férocement déterminé à sauvegarder son intégrité territoriale et la pérennité de son Etat. Gare aux traîtres, parmi nos rangs. Les citadelles se prennent de l'intérieur !
-La Syrie serait-elle divisée comme l'assurent certains politiques mondiaux?
Il est à craindre que oui, malgré la résistance du peuple syrien et de sa vaillante armée et l'aide consistante de la Russie. Les enjeux dans cette partie du monde sont considérables. La Turquie se défendra corps et âme pour annihiler les chances d'un pouvoir kurde à Kobané qui pourrait s'allier aux kurdes d'Irak et allumer les aspirations des kurdes de Turquie qui représentent à peu près 20% du peuple turc.
Donc, la Turquie fera tout pour affaiblir la Syrie dans la zone d'Alep, soit- disant, pour protéger la minorité turkmène. Le wahabisme, tant qu'il est vivant, fera tout pour amoindrir le régime syrien, considéré comme un allié principal de l'Iran, chiite, ennemi mortel du wahabisme.
Le wahabisme tentera de créer une zone de séparation sunnite entre l'Irak et la Syrie ( Anbar et Reqa ) Israël n'est pas du reste, il a des yeux avides sur le Golan qu'il veut annexer. Par conséquent, le conflit syrien n'est pas encore parvenu à un dénouement réel, malgré les résultats très positifs enregistrés ces dernières semaines, concrétisés notamment par la reprise de la ville historique de Palmyre.
-En ce qui concerne la Turquie et la Russie, pensez-vous que le conflit puisse connaître de nouveaux rebondissements ?
C'est une évidence. La Turquie est située sur une plaque géostratégique très sensible et mouvante, au flanc Sud de la fédération de Russie, des rivalités opposent les deux pays dans la région du Caucase et de l'Asie Centrale. La Russie soutient l'Arménie et la Turquie l'Azerbaïdjan (conflit du Nagorni-Karabakh)
La Turquie commande les Détroits des Dardanelles et du Bosphore et pourrait les fermer aux navires russes. La Turquie est le seul pays frontalier (avec la Norvège) de la Fédération de Russie, il est considéré ainsi comme un bastion occidental sur le flanc Sud de la Russie, abritant des bases et stations d'écoute américano-atlantistes.
Donc la Turquie occupe une place stratégique dans le système de défense américano atlantique pour endiguer le danger russe. Mais la Turquie essaie de ménager ses propres intérêts et monnayer ses services avec l'Occident, en développant des relations très mercantiles avec la Russie.
L'essentiel des échanges concerne le pétrole et le gaz et les enjeux stratégiques sont ceux des oléoducs et gazoducs existants ou en projet (en l'occurrence le Turkstream) Les échanges avec la Russie ont atteint avant le dernier conflit russo-turc 33 milliards de dollars, le nombre de touristes a atteint 3 millions. Et la Turquie demeure le principal acheteur de gaz russe dont elle dépend à 60% On peut résumer les relations russo-turque par l'expression, populaire: « je t'aime, moi non plus «.
Mais la Turquie n'arrive pas à assumer et résoudre le problème kurde, né à la fin de la première guerre mondiale et de la chute de l'Empire ottoman. Et ne veut même pas parler de Kurdistan, et parle plutôt de la région de l'Anatolie du Sud-est, ce qui constitue le principal obstacle de son adhésion à l'Union européenne et complique ses relations avec les Etats Unis, plutôt favorables à une solution du problème kurde qui pourrait aller jusqu'à l'incitation à la création d' un Etat du Kurdistan, couvrant une superficie de 500.0000 km2 et une population de l'ordre de 35 à 40 millions d'habitants, dont la moitié est située en Turquie ( le Kurdistan étant riche en pétrole, gaz et eau )
Les Occidentaux avaient déjà prévu dans le traité de Sèvres de 1920, la création d'un Etat kurde sur les restes de l'Empire ottoman, mais le traité de Lausanne de 1923 qui a divisė le Moyen-Orient en plusieurs pays a occulté la question kurde.
La Turquie demeure ainsi dans une situation d'instabilité permanente, confrontée à la rébellion kurde du PKK, actif, essentiellement en Turquie et allié au PYD, implanté à Kobané, en Syrie, d'où ses relations conflictuelles avec la Syrie et la Russie, qui sont plutôt alliés des kurdes syriens et qui les soutiennent contre les agressions de l'Etat islamique, Daech et de l'armée turque.
Pour la Turquie, l'ennemi numéro un n'est pas Daech, mais plutôt la sédition kurde qui menace la Turquie d'éclatement. Cette situation géostratégique très compliquée conditionne les rapports aussi bien avec la Russie qu'avec l'Occident, dont elle sert les intérêts et espère un retour d'ascenseur de sa part qui reste hypothétique, sur certaines questions considérées fondamentales par la Turquie, d'où ses relations mi- conflictuelles mi- amicales avec la Russie.
Tant que la Turquie n'a pas acquis la certitude que l'Occident l'adopte totalement, notamment par son intégration à part entière dans l'Union Européenne, et tant que la question kurde est maintenue à l'ordre du jour, par les Euro- américains, il reste un grain de sable dans les relations turco- occidentales qui condamne la Turquie à tanguer, entre une tendance très conservatrice, néo- ottomane, d'où ses alliances compromettantes avec le wahhabisme et des rapport mi-conflictuels, mi- mercantiles avec la Russie et des sollicitudes à l'égard d'Israël.
Ce paysage, plutôt chaotique continue de nourrir l'instabilité en Turquie et de favoriser d'éventuels conflits avec la Russie.
-Pour finir, quel avenir pour notre pays qui vit une période transitoire qui dure?
Il faudrait associer le pessimisme de la raison à l'optimisme de la volonté pour prévoir un avenir radieux pour la Tunisie, malgré les moments difficiles et les zones de turbulence tumultueuses que nous traversons actuellement et qui pourraient se prolonger quelques années encore.
Trois dangers nous encerclent : le premier, ce sont les dérapages politiques, la mauvaise gouvernance, l'opportunisme et les trahisons internes. Le deuxième, c'est le terrorisme, à nos portes et dans nos villes et montagnes, alimenté par un environnement géopolitique malsain et difficilement contrôlable. Le troisième, c'est la situation socio- économique très précaire à laquelle nous sommes confrontés et à laquelle il faudrait trouver des solutions immédiates et appropriées.
Deux solutions peuvent être envisagées: la première, c'est la formation d'un gouvernement d'union nationale, sur une plateforme progressiste et moderniste, associant notamment l'UGTT et les autres organisations professionnelles. La deuxième solution, c'est le développement d'une véritable révolution culturelle qui impliquerait notamment les jeunes et les femmes contre l'obscurantisme et l'extrémisme religieux qui alimente le terrorisme.


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