15 octobre 1963, le dernier soldat français a quitté Bizerte, marquant ainsi la fin de la période coloniale en Tunisie. C'est que la stratégie ” La politique des étapes “, chère au Combattant Suprême a donné ses fruits. Tous ceux qui se sont opposés à Bourguiba se sont trompés. Ses adversaires se moquaient de lui, laissant entendre que les Français ne quitteraient jamais la Tunisie. Ils prônaient une rupture totale avec la France. Visionnaire, homme de compromis, de pragmatisme et de modération, Bourguiba a choisi la méthode douce :” étape par étape “. Cette stratégie s'est avérée salvatrice à plus d'un titre. D'abord, elle a permis à la Tunisie d'éviter un bain de sang qui aurait fait des milliers de morts. Ensuite, elle a eu le grand mérite de garder de bonnes relations avec la France dont notre pays avait largement besoin surtout pour la première étape de son indépendance. Contrairement à plusieurs leaders arabes et tiers- mondistes qui avaient opté pour une rupture totale à tous les niveaux avec les anciens colonisateurs, Bourguiba a tendu la main à la France en tournant la page et en en écrivant une autre fondée sur l'amitié et la coopération entre les deux peuples tunisien et français sans haine, sans complexe et sans arrière- pensée. Les discours fleuve, les slogans pompeux et les clichés démagogiques ne font pas partie du dictionnaire de Bourguiba. Lucide, rationnel et pragmatique, le Combattant Suprême s'est toujours opposé à la politique du tout ou rien. C'est le reproche qu'il fait aux dirigeants arabes. Dans tous ses discours, I' homme de Monastir n'a cessé de conseiller aux arabes mais aussi à tous les autres peuples de faire preuve de prudence, de sagesse et de modération. Aux Palestiniens, il leur conseille d'accepter, en 1965, les propositions onusiennes relatives au principe de deux Etats palestinien et israélien. Il a été traité de ” traître “! Aux arabes, il leur demande de rationaliser leurs discours, d'éduquer leurs peuples, d'investir dans la science et le savoir et non dans l'armement. Ils l'ont qualifié de ” vendu à la France et aux impérialistes “! Aux musulmans, il les supplie d'épouser leur époque et de mettre fin à toutes les injustices à l'égard de la femme, ils l'ont traité de mécréant ( kèfir ) ! Aux non-alignés, il leur réplique, à Belgrade, que les non-alignés n'existent pas : ” Le monde est divisé entre le Coca et le Votka. Moi, pour l'intérêt de mon peuple, j'ai opté pour le Coca ! “. Aux Tunisiens, il répond à tous ceux qui lui reprochent de trop investir dans l'éducation et qu'une fois éduqué, le peuple se révoltera contre lui, il sourit et leur dit: ” Je peux mieux discuter avec un peuple éduqué qu'avec un peuple ignorant “!.