Il devient de plus en plus évident que quelque chose de grave nous attend, pour ce mois de janvier. Quoi, au juste ? Nul ne saurait le dire avec précision, à ce stade. Mais il est sûr que ce qui nous attend est grave. On a commencé à en parler à demi-mots, souvent dans les coulisses, et parfois, même, en public. Çà a commencé par les déclarations d'un député qui a assuré qu'il y avait des manipulations en cours, de la jeunesse des villes, avec des jeux de trafic de drogue, et de changements de produits stupéfiants en produits plus graves et entrainant plus de dommages. Ce député a assuré que selon ses renseignements, ces manœuvres visent à contrôler la jeunesse et l'exploiter pour foutre la pagaille au pays, durant le mois de janvier. Puis, de plus en plus, les langues commencent à se délier, et à en parler de façon plus directe. Il est désormais question de barons qui seraient derrière « ce qui va arriver en janvier », et qui auraient dépensé des fortunes pour déclencher des émeutes et semer le chaos dans le pays, à partir du mois de janvier. Enfin, on en est arrivé à en parler ouvertement, à coups de conférences de presse, organisées par des individus aux allégeances inconnues et floues et qui arboraient des gilets rouges. Mais le plus grave, c'est que l'histoire ne s'est pas arrêtée au stade des paroles, puisqu'on assiste de plus en plus, à des actions réelles et aussi palpables que dommageables. Çà a commencé à Thala, avec des affrontements « gratuits » entre des jeunes, apparemment encouragés par des dealers de drogue, et les forces de l'ordre. Çà s'est perpétué avec des actions qui semblaient être isolées, mais assez fréquentes et identiques, pour être le fruit d'un pur hasard, avec des sit-ins pour un oui, ou pour un non. Et çà s'est terminé par le bouquet final, de la démonstration de force des terroristes qui ont nargué tout le monde en opérant, hier en plein jour, au cœur de la ville de Sbiba, en dévalisant une banque et en réglant son compte à un de leurs supposés ennemis, avant de repartir, laissant derrière eux un arrière goût d'amertume à cause des défaillances flagrantes et désolantes du système sécuritaire, qui semble avoir souffert plus que ce qu'on a voulu avouer des derniers changements au niveau des responsables sécuritaires. Tout ceci pour conforter la théorie de complot qui se préparerait dans des cercles bien déterminés. Or, d'un autre côté, il faut reconnaitre que si le peuple va bouger en janvier, ou descendre protester dans la rue, il aura toutes les raisons de le faire. Le peuple a faim, il n'arrive plus à subvenir à ses besoins et à ceux des siens. Il ne retrouve pas du gaz pour se réchauffer, ou pour faire la cuisine, si jamais il réussit à avoir quelque chose à cuisiner. Il n'arrive pas à acheter du lit pour ses enfants. Ses enfants qui n'ont pas passé leurs examens, et qui sont menacés plus que jamais de tomber dans les méandres de la drogue et de la délinquance. Donc, si troubles il va y avoir, le peuple aura, quelque part ses raisons pour le faire, sans qu'il y soit poussé par de sombres personnages de l'ombre, ou qu'il y soit forcé par des commanditaires payés pour çà. Donc, au total, cette théorie du complot demeure valable dans les deux sens. Dans un premier sens « redouté » par le pouvoir en place, et qui parle de complot ourdi par ses ennemis dans le but de le faire tomber. Mais cette théorie reste valable dans l'autre sens, où le citoyen qui en a marre et qui compte bien faire entendre sa voix et son ras le bol, et qui accuse le gouvernement d'avoir créé cette théorie pour expliquer les mouvements sociaux qui vont, indéniablement avoir lieu, et aux quels il voudrait donner une dimension de complot ourdi par les autres, pour cacher le fait que c'est leur politique défaillante et antisociale qui sera la première cause de ce mécontentement social… C'est à n'y plus rien comprendre… Personne ne peut dire qui sera derrière ce qui va se passer, et qui en sera la victime, mais une chose est sûre ; c'est que « çà » va, certainement, se passer, et « çà » pourrait être plus grave qu'on le pense !