Plateau TV, toile, radios, statuts FB, pas un média qui ne se fasse l'écho de cette éruption volcanique qui secoue l'opinion publique, la révélation que le premier parti tunisien en nombre de députés au parlement, a mis en place, depuis des années, un appareil sécuritaire dit “secret”. Secret pour qui ? Plus pour grand monde. Si, finalement. Pour un seul groupe, une certaine élite politique, qui n'en a jamais parlé. Jeunes beaux, intègres, prônant la guerre contre la corruption et les plus hautes valeurs morales, défenseurs des droits de l'homme, de l'intégrité, du féminisme, de la parité, de la laïcité, on ne peut honnêtement s'expliquer leur silence sur le sujet que par leur ignorance totale de ce scandale dont ils n'ont à coup sûr jamais entendu parler. Ils sont si travailleurs, si absorbés à gouverner main dans la main avec des gens qu'on s'amuse dans un très mauvais timing à accuser des pires crimes de l'humanité, si acharnés à sauver une économie qui n'a fait que lamentablement dégringoler, si occupés à faire campagne pour garder le pouvoir malgré une adversité qui s'acharne à souligner leurs échecs au lieu de les encourager, qu'il est impossible pour nous de croire qu'aucun d'eux n'ait jamais eu le temps ni l'occasion de se pencher sur cette histoire du malencontreux appareil “secret”. Ne soyons pas injustes. Croyons à leur totale bonne foi concernant leur ignorance sur les activités criminelles de l'appareil sécuritaire plus-si-secret du parti avec qui ils sont bien obligés de gouverner, s'ils veulent pouvoir rester. Redonnons-leur même gentiment nos voix en 2019 comme nous l'avons fait en 2014. N'a-t-on pas toujours dit que même les pires cancres ont une petite chance de s'améliorer quand on les fait redoubler ?