On a l'impression que le chef du gouvernement, youssef Chahed, joue beaucoup plus au pompier, ces derniers jours, qu'à son vrai rôle de chef de gouvernement. Le pays saute de catastrophe en catastrophe, et derrière chaque catastrophe, il y a un ministre qui manque à ses devoirs ou qui les ignore, tout simplement. A commencer par la catastrophe de la flambée des prix, qui est en train de tuer à petit feu, les tunisiens, avec les producteurs, qu'ils soient industriels ou agricoles, qui dictent leur loi, avec un mépris total et affiché des souffrances du tunisien, le tout devant le regard hagard et hébété d'un pseudo-ministre du commerce, qui n'arrive pas à tenir tête à ces cartels de l'UTAP et de l'UTICA qui en font à leurs têtes, et qui, encore plus, menacent d'affamer les tunisiens avec l'approche du mois de Ramadan. Il fut un temps où le ministère du commerce était tenu par des gens patriotes dans le sang, et qui s'inquiétaient, sérieusement, du pouvoir d'achat de leurs concitoyens. Ces ministres d'antan ne rechignaient pas à ramener par bateaux entiers des marchandises dont les producteurs locaux essayaient de montrer les crocs. Ce qui les ramenait illico-presto, à de meilleures dispositions. La deuxième catastrophe qui a suivi la dernière annonce de majoration des prix des carburants. Chahed ne s'est-il pas posé la question pourquoi çà a suscité tout ce remue ménage, contrairement aux autres fois ? S'il l'avait fait, il aurait su que les gens étaient enragés par les mensonges de son ministre de l'industrie qui, quelques jours avant l'annonce, avait assuré qu'il n'y avait à prévoir aucune augmentation de prix. Et la dernière catastrophe de ce vendredi, quand il a été empêché de prendre la parole à l'ARP, par une poignée d'universitaires, à ce qu'il parait, qui avaient été introduits exprès, par certains députés, pour lui crier leur rage, faute d'avoir pu trouver la moindre attention de la part de son brillantissime ministre de l'enseignement supérieur, qui ne fait que massacrer l'élite des chercheurs tunisiens, depuis des mois, allant jusqu'à les priver de leurs salaires. C'était, donc, tout à fait normal, et à défaut d'avoir un interlocuteur valable, et vue l'urgence de leur situation, que ces gens viennent jouer aux troubles fêtes sous le dôme du Bardo. Morale de l'histoire, si on ne débarrasse pas son chez soi des problèmes, on finit par être submergé de ces problèmes et de tout ce qui peut s'en suivre !