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Le défi d'une génération
Publié dans Business News le 22 - 07 - 2021

*Ancien IHEC Carthage, membre de l'ATUGE APAC
*Chef d'entreprise

Entre le 14 et le 15 juillet 2021, 205 personnes sont décédées à la suite d'une infection à la Covid-19. Plus de huit personnes toutes les heures, soit une personne toutes les 7 minutes. Le temps que vous ayez terminé de lire cet article, une personne aura rendu l'âme en raison du virus. Nous en sommes là après 10 ans du déclenchement de la révolution et du changement de système de gouvernance. Sept chefs de gouvernement, six présidents de la République se sont succédé, beaucoup de temps et d'énergie passés sur des questions politiques, peu de temps consacré à résoudre les problèmes économiques et sociaux. Aucune vision ou projet clair ne se dégage dans ce paysage politique "brumeux", capable d'entraîner les Tunisiens et leur donner l'espoir d'un avenir meilleur. Pourquoi ? Que changer pour se donner une chance ? Peut-on s'y prendre différemment pour s'en sortir ?

Sous Ben Ali, nous étions régis par un système présidentiel. Les leviers de gouvernance étaient entre les mains du président, il était seul au sommet du pouvoir, commandant l'ensemble de l'appareil de l'état. Le pouvoir étant concentré en une seule personne, d'où une plus grande marge de manœuvre et plus d'efficacité pour gouverner le pays ce que la situation actuelle ne permet pas. Sauf que sous Ben Ali, nous étions en dictature. Aujourd'hui, il est hors de question de revenir à un système dictatorial. Donc, il s'agit de trouver le meilleur système de gouvernance au sein du cadre démocratique.
Car aujourd'hui, nous sommes régis par un système majoritairement parlementaire. Les leviers de gouvernance sont distribués entre plusieurs centres de pouvoir, mais le principal centre se trouve à la Kasbah. La Kasbah tire sa force de la solidité de la majorité parlementaire qui la soutient. Donc, le cœur du pouvoir se trouve au Bardo et c'est donc la configuration du parlement qui détermine le type de gouvernement qui nous aurons à la Kasbah.

Que doit-on changer pour que ce système fonctionne plus efficacement ? Quelle est la meilleure formule pour faire fonctionner ce système sans le casser ?
A mon avis, pour avoir un gouvernement fort, stable et durable, capable d'exécuter des réformes structurelles douloureuses mais nécessaires, il faut qu'il y ait une majorité forte au parlement. Et pour s'assurer d'avoir une majorité parlementaire, la structure du paysage politique devrait idéalement se transformer vers une configuration en deux grands blocs. Deux grands partis, deux grandes familles, deux grandes maisons qui abritent en leur sein les partis politiques tels que nous les connaissons aujourd'hui. Idéalement, ces 2 grands partis devraient être proches en termes de poids électoral afin qu'une alternance soit possible et que le parti qui perd une élection ait suffisamment d'espoir de gagner la suivante pour ne pas tomber dans l'extrémisme et recourir à la violence.

A quoi ressemblerait une configuration à 2 partis en Tunisie ?

Une configuration possible serait d'avoir une famille conservatrice/traditionaliste et une famille progressiste/moderniste. On pourrait trouver d'autres lignes de démarcation politiques pour qualifier les tendances politiques dans le pays. Mais prenons ces 2 familles pour l'exercice.

La société tunisienne comporte en son sein des conservateurs dans le sens religieux, mais aussi dans le sens culturel du terme. Cette frange de la société a un mode de vie relativement commun (à des degrés différents) et aspire à une Tunisie qui soit parmi les pays développés de ce monde. Elle espère comme tout un chacun à travailler, créer de la richesse et construire pour ses enfants un pays prospère. Elle souhaite que cette construction se fasse dans le respect des traditions religieuses et culturelles.
Ce groupe pourrait inclure Ennahdha mais ne se limite pas à l'islam politique. La famille conservatrice est plus large et peut abriter plusieurs courants traditionalistes, comme les destouriens conservateurs. Le défi qui s'offre à cette famille est de construire une institution démocratique, basée sur la méritocratie et l'intégrité. Parmi les rôles que cette institution devrait remplir, il s'agit de gérer les différents courants conservateurs du plus modéré au plus extrémiste et d'offrir le cadre à l'intérieur duquel le débat d'idées peut avoir lieu. Cette institution œuvrera à identifier et préparer ses meilleures compétences pour les postes d'élus, de députés et de membres de gouvernement. Car ce parti présentera des listes communes aux élections législatives, présidentielles et municipales.

De la même façon, la Tunisie comporte en son sein des progressistes. Ils aspirent à faire évoluer la culture, les traditions et les mentalités en même temps que faire décoller le pays technologiquement et économiquement et élever le niveau de vie de leurs concitoyens. Sauf que cette famille n'a pas su s'organiser pour opérer dans un système parlementaire. Ce qu'ils ont proposé aux électeurs est une mosaïque de mini-partis. Ils se ressemblent très souvent sur les questions des valeurs et demeurent relativement proches sur les choix économiques et sociaux. Au lieu de se livrer une bataille politique à l'intérieur d'une grande maison, de structurer le débat des idées en interne, de l'organiser de façon transparente et équitable pour aboutir à des choix internes de façon démocratique via des primaires afin de présenter aux électeurs des listes communes, nous avons droit à une bataille de la même famille politique aux élections législatives avec une dizaine de partis qui donne nécessairement lieu à un éparpillement des voix au parlement. Nous avons été témoin de l'échec douleureux de cette approche durant les 10 dernières années.

La construction d'un grand parti pour le camp progressiste devient une nécessité absolue, urgente et vitale pour le Tunisie. Un parti, une structure solide avec des règles de jeu claires et des modes de fonctionnement crédibles qui donne suffisamment confiance à la classe politique "progressiste" pour embarquer dans la bataille politique en son sein. Le contrat qui lie les participants est simple. Ce que l'opération démocratique interne donnera comme orientations et choix politiques, choix des personnes, ceux-ci seront suivis par tous quand viendra le jour du scrutin.

De la même façon que pour le camp conservateur, cette maison abritera en son sein la formation des futurs députés, les futurs élus et les futurs membres du gouvernement. Ce parti présentera des listes communes aux élections législatives, présidentielles et municipales.

6 mois avant le jour de l'élection en 2024, chacun de ces 2 grands partis organiserait des primaires en leur sein, pour déterminer les listes à présenter aux législatives et le candidat à présenter aux présidentielles. L'électeur tunisien aura dans ce cas le choix entre 2 familles, 2 institutions, 2 partis. Le parti gagnant verra son chef présider le gouvernement et commencer à gouverner dans les jours qui suivent la date du scrutin.

Pour les élections législatives, la préparation et la présentation d'un gouvernement de compétences et de politiques capables d'exécuter les projets et appliquer le programme du parti se fera avant les élections.
En tant qu'electeurs, on sera face à 2 choix d'équipes gouvernementales, 2 choix de chefs de gouvernement, 2 choix de blocs parlementaires. Moins de choix que maintenant certes, mais plus de chances d'avoir un gagnant qui gouverne réellement. Car gagner les élections quand le pays a 2 grands partis politiques résulte nécessairement en une majorité parlementaire, capable de gouverner et de légiférer. Dans cette configuration, la Tunisie aura un gouvernement prêt à prendre les rênes du pays quelques jours suivant l'élection législative. Dans cette configuration, nous ne verrons plus jamais un pays en attente durant 21 semaines pour qu'un chef de gouvernement soit choisi, un gouvernement composé et la confiance accordée.

Un gouvernement stable, durable et fortement soutenu entraînera plusieurs conséquences positives. Il insufflera un brin d'optimisme sur le pays. Il rassurera les investisseurs locaux et étrangers en diminuant l'incertitude et en offrant plus de visibilité sur l'avenir. Il nous mettra dans une position plus forte et plus crédible face aux institutions internationales. Et surtout, il nous permettra de démarrer le grand chantier qu'est la reconstruction du pays.

Cette organisation de la vie politique ouvrira la voie à un système parlementaire efficace. Une forte majorité pour gouverner et une forte opposition pour s'assurer que les droits et libertés sont préservés, la garantie d'une vie politique saine et démocratique. Pour que cet équilibre puisse être maintenu, il est vital de s'assurer que les 2 grands blocs parlementaires soit adossé chacun à un parti fort, structuré, générateur d'idées créatrices de richesse pour le pays et formateur des compétences susceptibles d'exécuter ces idées.

Ce n'est qu'à ce moment là que la démocratie pourra nous donner "l'accountability", rendre des comptes fera partie du système. Le parti qui ne réussira pas à créer de la richesse pour le tunisien, perdra l'élection suivante. Nous donnons la possibilité à la classe politique de gouverner réellement pendant 5 ans, en gardant pour nous, électeurs, la force de la sanction directe à travers notre vote à l'élection suivante.

Comment peut on y parvenir ?
Si nous présumons que d'ici 2024, il serait irréaliste d'imaginer un changement de la constitution ou du code électoral alors, l'agenda du prochain dialogue national devrait être sur comment s'organiser en 2 familles pour les prochaines élections, afin de se donner une chance de gouverner efficacement en rendant des comptes.

La dernière crise du covid nous montre le prix de l'échec. Echouer à relever le défi de construire un pays, créer de la richesse et nous mettre sur la voie du développement durable, nous coûte plus de 20,000 morts. Notre génération ne peut pas être celle qui a fait couler la Tunisie. Notre génération ne peut pas être celle qui a abdiqué la Tunisie au Club de Paris.
J'aspire à ce que cette génération soit celle qui a trouvé une solution tunisienne, a relevé les manches et a posé les premières pierres d'une nouvelle Tunisie, forte, prospère et démocratique. Saurions nous relever le défi de notre génération ?


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